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Installé depuis de nombreuses années à Londres, le Rochelais d’origine pourra regarder depuis le pont de ce yacht baptisé Kaze, l’impressionnant sillage qu’il a déjà tracé lors d’une vie consacrée à la création de voiliers essentiellement. Selon un décompte empirique, plus de 12 000 unités ont été construites selon ses dessins, des bateaux de grande série à la Coupe de l’America, en passant bien sûr par ces superyachts dans lesquels peut s’exprimer tout son sens artistique. Mais chez Philippe Briand, l’élégance, le style et l’innovation n’excluent jamais l’excellence technique. Le voilier Kaze devrait donc être la version la plus actuelle de ce qu’il ambitionne être la perfection.
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60 mètres ou 197 pieds ?
Par quelle curieuse tradition les voiliers, au-delà d’une certaine taille, expriment leur longueur en mètres, quand celle de monsieur tout le monde n’a de sens qu’en pieds ? Kaze ne fera donc pas 197 pieds mais 60 mètres. Une taille tellement hors normes qu’il est besoin de préciser que ses mâts lui permettent de passer sous le pont des Amériques qui enjambe le canal de Panama. Cette contrainte n’est d’ailleurs sans doute pas étrangère au choix d’un gréement de ketch qui, outre un tirant d’air réduit, permet également de diviser les surfaces de voile. Le bateau n’en sera que plus maniable et également moins imposant. La conception de la coque s’est concentrée sur la performance, élément clé du cahier des charges. Même par vent faible, ses formes élancées, même par vent faible, doivent lui permettre d’avancer à la voile plus vite qu’au moteur. Absence de bruits, d’odeurs, de vibrations, quand la performance se met au service de l’écologie et du confort, le cercle est enthousiasmant de vertu. Mieux, sous voiles, Kaze sera également capable de produire sa propre électricité verte par hydrogénération. Un alternateur installé dans l'axe de l'arbre de transmission, sera en capacité de produire des dizaines de kilowatts jour et nuit tant que le bateau avance silencieusement sous la seule force du vent. L’objectif est clair, c’est l’autosuffisance énergétique, sans recours aux énergies fossiles. De grands parcs de batteries devraient ainsi stocker l'énergie produite pendant la journée pour permettre le fonctionnement silencieux des systèmes au mouillage, pour un confort optimum.
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Le confort d’un motoryacht
Car le confort est le deuxième axe majeur de ce projet. Si la très grande largeur de la coque, qui se prolonge loin vers l’arrière, est bien en tendu facteur de stabilité, elle profite également aux aménagements, à commencer par la taille exceptionnelle du véritable Beach Club proposé à la poupe. Elle n’a rien à envier aux superyachts à moteur, et l’expérience de vie à bord promet donc d’être particulièrement luxueuse. « Les bordés arrière s'abaissent pour former de larges terrasses, tandis qu'une immense plate-forme cachée dans le tableau arrière s'étend jusqu'à la ligne de flottaison. Des marches intégrées au mécanisme hydraulique de la plateforme permettent de transformer ces espaces supplémentaires en un véritable terrain de jeu au bord de l'eau" précise Philippe Briand. Sous le pont, le volume créé pour les espaces de vie a des proportions réellement majestueuses.
Si Kaze semble parfois paradoxal, entre technologie innovante et gréement classique ou entre lignes épurées minimalistes et confort luxueux, la combinaison de l’ensemble lui donne un charme certain, que d’aucuns qualifieront d’intemporel. Mais ce voilier d’exception pourrait se concrétiser dans un futur très proche, puisque Southern Spars a déjà défini trois options de gréement, qui vont du plus classique au plus performant et Francesca Muzio, de FM architettura, a conçu les aménagements intérieurs. Ne manque plus qu’un grand chantier naval pour voir ce rêve prendre forme.