
L’histoire des paquebots à voile semble cyclique. Dans les années 1920-1930 le charbon puis le fuel avaient fait disparaître les grands voiliers de tout usage commercial, pensions-nous définitivement. Or dans les années 80, deux armateurs trouvèrent séduisante l’idée proposée par le chantier naval ACH (Ateliers et Chantiers du Havre, aujourd’hui disparus) de donner une nouvelle jeunesse à ce mode de propulsion ancestral. Les Américains de Windstar sont les premiers à se lancer en commandant un paquebot qui sera livré en 1986, le Wind Star. Ce quatre mâts de 130 mètres de long pouvant accueillir jusqu’à 160 passagers, est équipé d’une grand-voile enroulée dans son mât le plus reculé, et de cinq voiles d’avant sur autant d'enrouleurs, facilitant les manœuvres, toutes entièrement automatisées. Deux sistership suivront, le Wind Song (1987) et le Wind Spirit (1988). Bien que les 2000 m² de voile soient assistés d’une propulsion diesel-électrique, la vitesse de croisière moyenne n’est que de 8 nœuds. Séduit par la série des Wind, Club Med, le célèbre spécialiste français des villages de vacances, commande lui aussi deux paquebots à voile. Mais il voit plus grand et Club Med 1, lancé en 1990 mesure 187 mètres de long pour 20 de large, et porte cinq mâts. Là-encore deux moteurs électriques assurent une vitesse de croisière constante, mais restent alimentés par quatre groupes électrogènes fonctionnant au gasoil. Les 440 passagers pouvant être accueillis à bord n’ont donc à subir aucune gîte, la voile restant un mode de propulsion auxiliaire permettant de gagner 2 à 3 nœuds de vitesse. Même avec seulement 10 nœuds de vitesse de croisière, Club Med 1 séduit et Club Med 2 est lancé en 1992.

Orient Express sur océans
Trente ans plus tard, si le groupe Accor devient le partenaire titre du K-Challenge de Stéphan Kandler pour la prochaine Coupe de l’America, c’est parce qu’il s’apprête à lancer à son tour sur le marché un paquebot à voiles. En effet, les trains et hôtels de luxe déjà baptisés Orient Express, seront rejoints en 2026 par un navire de 220 mètres de long pour seulement 120 passagers logés dans des suite ultra-luxe, et qui arborera trois mâts de plus de 90 mètres de haut. Il sera alors le plus grand voilier au monde. Pour sa première incursion dans le monde de la croisière, le groupe hôtelier français a fait appel à son compatriote spécialiste lui du secteur, les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire. Le « Silenseas », puisque tel sera son nom, sera ainsi entièrement conçu et réalisé en France. Il est vrai que l’hexagone réuni toutes les compétences pour un projet au croisement des univers du luxe, de la croisière et de la voile. Mais en ce début de troisième millénaire, et alors que les paquebots classiques sont de plus en plus critiqués pour leur impact écologique, un tel projet, au-delà d’arborer sa magnifique voilure, ne pouvait pas faire l’impasse sur la question environnementale. L'Orient Express Silenseas utilisera un système de propulsion hybride avec le vent comme principale source d'énergie, croisant dans le plus grand silence grâce à ses 1500 mètres carrés de voilure. Dans un premier temps, le moteur auxiliaire fonctionnera au gaz naturel liquéfié (GNL), ce qui réduit les émissions de dioxyde de carbone de 20 % par rapport à l'utilisation du diesel. Mais dès que la législation et la technologie le permettront, il pourra utiliser de l'hydrogène vert.

Luxe, calme et volupté
A l’intérieur, l’aménagement a été confié à l’architecte Français Maxime d'Angeac, déjà aux commandes des projets du train Orient Express et de l'hôtel Orient Express. C'est donc la garantie d’évoluer dans un cadre au luxe contemporain exceptionnel mais pas ostentatoire. « Inspiré par l’âge d’or de la French Riviera, Orient Express Silenseas rappellera l’époque où écrivains, artistes, peintres, souverains et stars de cinéma découvrent entre Monte-Carlo, Saint-Tropez, le Cap d’Antibes, Cannes et sa croisette, un raffinement teinté d’insouciance et de joie de vivre, appelant à l’évasion » précise l'agence sur son site internet en l'absence de tout visuel encore dévoilé. En dehors des suites proposant toutes autour de 70 m² de surface, les lieux de distraction ne manqueront pas avec, entre autres, deux piscines, autant de restaurants, plusieurs bars, une salle de spectacle… Alors que la première saison ne devrait débuter en Méditerranée qu’en 2026, un deuxième voilier est d'ores et déjà annoncé pour le premier semestre 2027.