
Le vent a soufflé fort sur les pontons de La Grande Motte et sur les bougies de la quatorzième édition de ce salon unique au monde. Si les parkas étaient de sortie pour réchauffer visiteurs et exposants, l’ambiance était au beau fixe devant le nombre toujours aussi impressionnant et la qualité des multicoques exposés. Parmi eux, trois unités faisaient leurs grands débuts. En local de l’étape, le tout nouvel Outremer 52 trônait au pied de la tente VIP. Le chantier Grand-Mottois ayant réuni le même trio de concepteurs avec VPLP à l’architecture navale, Patrick Le Quément au style extérieur et Darnet Design pour les aménagements, le nouvel entrant fait plus que s‘intégrer dans la famille Outremer il s’y fond littéralement. N’y voyez là aucune critique tant son aîné de 55 pieds a été salué par la critique, unanime. Le nouveau-né a d’ailleurs beaucoup plus de points communs avec ce dernier qu’avec l’Outremer 51, lui-même issu du 49 dessiné, il est vrai, il y a 14 ans déjà. On le remarque à la taille du roof au niveau du pied de mât qui a pris de nombreux centimètres bénéfiques à la hauteur sous barrot et à la visibilité depuis le carré. Les aménagements sont traités avec le même soin que le 55, évoluant avec succès sur l’étroite ligne de crête où se rejoignent style, praticité et légèreté. Car l’Outremer 52 se veut le digne héritier du programme de grand voyage initié originellement par Gérard Danson, où pour aller loin et vite en multicoque, rien de mieux que la légèreté. Mais comme tout bateau est affaire de compromis, l’Outremer 52 ose celui de l’asymétrie sur l’accès à bord, avec un accès bâbord ouvert sur la jupe, et un tribord fermé, pour se sentir en sécurité. Finalement il n’y a que sur le tarif que l’on pourrait être refroidit, mais compte tenu des délais de livraison annoncés cela ne semble pas avoir brisé le rêve de tout le monde.

Bali Catsmart, le petit malin bienvenu
Avec un tarif à partir de 325 450 Euros HT, le benjamin de la, toujours plus grande, famille Bali, fait lui de son prix d’appel un réel argument de séduction. Avec ses espaces incroyables pour un 11 mètres et un plan de voilure le plus généreux possible, car sans flybridge la bôme est à une hauteur raisonnable ce qui bénéficie à la surface de Grand-Voile, le Catsmart est l’une des très bonnes surprises de ce salon. Plus petit modèle du Groupe Catana, le Bali Catsmart utilise au mieux ses 6.46 mètres de large et reprend les grandes innovations de la marque. Le pont rigide est ainsi prolongé jusqu’aux étraves pour proposer un cockpit avant avec bains de soleil, rarement vu dans cette taille. Comme ses grands frères le Catsmart joue également la polyvalence entre les espaces intérieurs et extérieurs grâce à l’incontournable porte basculante. Grâce à elle, non seulement l'habitabilité se trouve incroyablement augmentée, on pourrait presque dire doublée, mais la luminosité à l’intérieur et la vision sur l’extérieur, facteur de plaisir et de sécurité primordial sont remarquables. Une caractéristique que l’on retrouve jusque dans les cabines dont le les hublots de bordé filent sur la plus grande longueur possible. Alors qu’on pourrait le croire destiné à un usage exclusivement charter, le Catsmart fait également de l’œil aux propriétaires privé avec une version d’aménagement originale à deux cabines seulement, une par coque, avec deux salles de bain indépendantes. Les autres versions, 4 cabines et 4 salles de bain d’un côté et 3 cabines et 2 salles de bain de l’autre, feront le bonheur des loueurs et des jeunes familles. Dans tous les cas, sur un marché où, depuis de nombreuses années, il ne semble y avoir de salut que dans les grandes unités, l’arrivée de ce catamaran de moins de 12 mètres à un tarif attractif est plus qu’à saluer.

Rapido 40 – Attention au... Dragon !
Il a fait un demi-tour du monde pour rejoindre La Grande Motte. D’abord en cargo jusqu’en Grèce, puis jusqu’en Occitanie à la voile, avec le fondateur du chantier Paul Koch à la barre pour cette dernière étape. Par une météo post-hivernale peu favorable, ces quinze jours de voyage n’ont pas été une sinécure, mais elles sont là pour prouver toutes les qualités marines de ce plan signé Morelli-Melvin construit intégralement en carbone au Vietnam. Si la localisation du chantier peut paraître exotique, le savoir-faire est bien présent avec notamment de nombreuses pièces en carbone pré-preg cuit en autoclave, à commencer par les deux grands foils. S’ils ne permettent pas au Rapido 40 de voler littéralement, ils soulagent le volumineux flotteur sous le vent en le maintenant au ras de l’eau, limitant la traînée, et offrant très vite des vitesses à deux chiffres. Ce bateau tout neuf, le cinquième de la série et le premier en Europe, a ainsi déjà atteint 25 nœuds. Au près, la trace sur la cartographie témoigne de virements de bords à 90 degrés à faire pâlir de jalousie les monocoques les plus pointus. Avec ses bras repliables qui font passer sa largeur de 10.24 à 5.80m, son vaste carré lumineux avec vision panoramique et sa très belle cabine double avant, le Rapido 40 ne manque pas d’arguments. L’offre de trimarans de croisière de série, qui plus est performants, étant réduite, pas étonnant que tout le salon, professionnels comme visiteurs soient venus voir le multicoque venu du pays dit du… dragon.