
Pilote H-5000 B&G

Le pilote H-5000 est une référence sur les bateaux de course et de régate. Il propose des algorithmes dédiés pour répondre aux besoins des voiliers de course. Parmi les principales fonctionnalités, nous pouvons citer différents modes de pilotage : suivant le cap, le vent (réel ou apparent), un point de route ou encore en prenant en compte les polaires. A ces modes, on peut rajouter la réponse au vent fort et la fonction de permutation automatique entre les modes de réponse et de récupération.
La raison de cette association
Ce pilote convient parfaitement dans sa version actuelle aux besoins de la majorité des bateaux de course et de grande croisière, mais qu’en est-il sur les nouvelles générations de bateaux comme les multicoques rapides à foils ? Aux dires des skippers cherchant à optimiser au maximum le pilote en toute sécurité, il faut intégrer de nouveaux paramètres. Pour cela, B&G s’est rapproché de Pixel sur Mer, spécialiste depuis des années des systèmes de pilotage automatique des bateaux de course.

Pixel sur Mer
Cette société, basée à Lorient, a été créé en 2008 par Jean-François Cuzon. Cet ingénieur INSA, sportif de haut niveau, champion du monde 470 en 1999 à Melbourne, a rejoint en 2001 l’équipe Mer Agitée de Michel Desjoyeaux et, en 2005, le défi français Areva Challenge à Valence pour la 32e coupe de l’America. Il est responsable ingénieur système et navigateur attitré dès les premières régates de la Coupe Louis Vuitton. En 2008, il fonde Pixel sur Mer avec comme objectif de répondre aux besoins technologiques de la voile de compétition. Pour en savoir plus, nous avons interviewé Jean-François Cuzon (J.F.C.) sur ses motivations et ses implications avec B&G.
Figaro Nautisme : Vous avez créé Pixel sur Mer en 2008, quelles étaient vos motivations ?
Jean-François Cuzon : "Mes navigations sur des bateaux de course m’ont montré que nous n’avions pas toutes les informations non seulement pour tirer, en sécurité, le maximum du bateau mais aussi pour concevoir d’une façon optimale le bateau."

F.N. : Comment faites-vous pour récupérer ces informations ?
J.F.C. : "Après différentes recherches, pour récupérer les informations, nous avons retenu des capteurs reliés par fibre optique à notre centrale Exocet qui analyse et dispache les données vers les afficheurs embarqués et vers la base technique à terre."
F.N. : Ces capteurs récupèrent quelles données ?
J.F.C. : "Elles sont multiples, par exemple sur un Ultim, ce n’est pas moins de 600 capteurs qui sont placés sur des points parfaitement définis. Nous pouvons citer le mât pour connaître la pression exercée, l’haubanage, les voiles, les foils, la coque pour analyser la déformation des structures, etc."
F.N. : Que fait le skipper de ces informations ?
J.F.C. : "Ces informations lui permettent de régler au mieux son bateau pour naviguer en sécurité. Pour l’équipe à terre, en particulier pour les concepteurs du bateau, de voir en temps réel le comportement des différents composants, par exemple, la pression exercée sur le mât ou la déformation de la coque."
F.N. : Vous venez d’évoquer la sécurité, qu’en est-il de la navigation ?
J.F.C.: "La sécurité dont je viens de parler est celle du bateau pour éviter de naviguer dans des conditions extrêmes qui pourraient le mettre en danger. Mais notre système prend également en compte les instruments de bord et peut donner des informations au pilote sur lequel il est couplé. Nous avons d’ailleurs accompagné B&G dans l’optimisation son pilote H-5000 avec mise à jour gratuite depuis fin 2023. L’étape suivante est le renforcement de notre collaboration pour le développement d’un tout nouveau pilote pour 2025."
F.N. : Quels instruments prenez-vous en compte ?
J.F.C. : "Nous récupérons l’ensemble des capteurs de navigation usuels et dernièrement nous sommes allés plus loin pour répondre à des enjeux de sécurité en travaillant sur un système de détection d’obstacles et d’anti-collisions pour lequel nous récupérons les informations du radar, de l’A.I.S. et des caméras, par exemple, celles transmises par SEA A.I.
F.N. : N'est-il pas dangereux de donner des informations de changement de cap au pilote ?
J.F.C. : "Il est évident que l’on ne peut pas donner à un bateau lancé à grande vitesse, souvent à plus de 30 nœuds sous spi, un changement de cap important pouvant amener à des situations délicates. Le skipper peut choisir pour le pilote, entre corrections automatiques ou simplement informations sur le risque de collisions. En automatique, la correction de cap sera effectuée en prenant en compte l’allure du bateau."

F.N. : Votre système est-il universel ?
J.F.C. : "Il s’agit d’un système dont la base est universelle mais que l’utilisateur peut personnaliser en fonctions de ses besoins."
F.N. : A ce jour, vous proposez trois systèmes Exocet : le BLUE, le Silver et l’Essential
J.F.C. : "L’Exocet BLUE est un système complet d’acquisition et de gestion de données. Il est multi-protocoles et multi-interfaces, il est compatible avec la plupart des équipements et logiciels que l’on trouve sur les bateaux. A l’origine, il est conçu pour la voile extrême de compétition. Il s’adresse aux skippers de voiliers, aux loueurs de bateaux, aux chantiers. En résumé, a tout ceux qui ont besoin d’accéder à l’information, de la visualiser, de la traiter et de la transmettre. L’Exocet Silver est une centrale de navigation développée sur les grands voiliers de course pour répondre aux nouveaux enjeux de la voile moderne."
F.N. : Vous êtes présents sur les ULTIM, les IMOCA, les Maxis (yachts, catamarans). Et les bateaux de plaisance ?
J.F.C. : "Pour la plaisance, nous avons développé l’Exocet Essential lancé en 2021. Il s’adresse à tous types de bateaux : IMOCA, Class40, Mini 6.50, voiliers de plaisance et bateaux à moteur de 40 à 60 pieds. C’est un produit qui regroupe une centrale de navigation, une gestion de donnée et de pilotage. La visualisation des données peut se faire sur la majorité des afficheurs, sur un PC ou une montre connectée. Il réajuste automatiquement le cap du bateau sous pilote automatique en prenant en compte les infos des différents capteurs."
Les avis de Navico Group et de Pixel sur Mer
Matt Eeles directeur des produits systèmes numériques de Navico Group auquel appartient B&G a déclaré « Combiner nos produits pour proposer la solution de pilotage automatique sur le marché de la voile de compétition, s’inscrit dans la continuité de l’étroite collaboration que nous entretenons depuis presque 20 ans avec Pixel sur Mer. Nos deux sociétés sont pleinement engagées aux côtés des navigateurs de course au large ». Pour Jean-François Cuzon PDG et fondateur de Pixel sur Mer « Ce partenariat concrétise notre collaboration aux côtés de B&G. A travers lui, notre ambition est non seulement de passer un nouveau palier technologique mais aussi de rendre ces progrès accessibles à l’ensemble du marché de la voile de compétition ».