
Un moyen de transport maritime durable
En 2020, le premier voilier cargo (Grain de Sail I) d’une longueur de 24 mètres avait beaucoup impressionné non seulement par sa ligne mais aussi par l’aventure humaine et maritime qu’il proposait. Fort de cette expérience, tout a été mis en œuvre pour la construction de Grain Sail II. Ce nouveau navire d’une longueur de 52 mètres est spécialement conçu pour réduire au maximum les émissions de CO² de plus de 90% grâce à sa propulsion vélique (1500 m² de surface de voile au portant). Pour ce premier voyage, il transportera une gamme variée de marchandises allant de produits finis à des pièces de rechanges. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer des cosmétiques, des vins, des équipements de santé (pharmacie et paramédical), des textiles, des parfums, de l’alimentaire, des instruments de musique, etc. … Ces produits, transportés sur des palettes, sont répartis dans quatre cales séparées sur deux niveaux. Pour éviter tout risque de déplacements, les palettes sont sanglées et sécurisées par des coussins gonflables. Pour répondre aux normes, entre autres pour le transport de produits pharmaceutiques, la température dans les cales est régulée entre 15°C et 25°C ainsi que l’hygrométrie.

Les caractéristiques de Grain de Sail II
Longueur 52 m
Largeur 10,7 m
Surface de voiles au portant 1500 m²
Jauge 600 tonnes
Capacité d’emport 350 tonnes
Panneaux solaires pouvant fournir 6 kW
Deux hydro-générateurs pouvant fournir 5 kW chacun
Moteur thermique auxiliaire 450 kW
Capacité de carburant 18 000 litres

L’équipage
Pour ce premier voyage, l’équipage est composé de 8 personnes (Yann Jourdan, Corentin Gachet, Goulwen Josse, Ewen Andrieu, Gilles Lamiré, Alix Meunier, Marc Bergeal, Stéphane Michel) avec Yann Jourdan comme capitaine.

La société Grain de Sail
Cette société familiale (détenue à 95% par les frères Barreau) a été fondée en 2012. Elle réunit sous une même marque une activité terrestre agroalimentaire produisant du chocolat (340 tonnes en 2022) et des cafés bio et une autre de services de transport maritime décarboné. A ce jour, elle compte 56 salariés dont 4 marins professionnels et 14 ouvriers en situation de handicap avec un partenariat avec un ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail).

Question à Olivier Barreau (PDG de Grain de Sail)
Ce bateau a été construit au Vietnam, pour quelle raison ?
Olivier Barreau : "Après un appel d’offre, la société Piriou, basée à Concarneau, a été retenue. Une partie du travail a été effectuée en Bretagne, mais pour la partie en aluminium, Piriou a fait appel à son chantier spécialisé basé à Ho-Chi Minh. La société Lorima, basée à Lorient, a été sélectionnée pour la fabrication et la mise en place des mâts ; quant à la conception, on a fait appel au cabinet d’architecture breton L20-Naval."
Pour cette traversée vous êtes un équipage de 8 personnes. Quel est le rôle de chacun ?
Olivier Barreau : "Ce sont tous des marins avec des spécialités comme la mécanique, l’électricité, l’électronique, les manœuvres sous voiles, etc.".
La sélection de l’équipage a été faite selon quels critères ?
Olivier Barreau : "Avant tout l’expérience de la navigation au large et la connaissance des spécificités du bateau. C’est pourquoi le capitaine est diplômé, le chef mécanicien aguerri et la navigation à la voile au large confiée au navigateur Gilles Lamiré. Pour l’électronique, beaucoup de mesures sont faites par exemple sur le gréement, sur les voiles, l’équipage doit être à même de les interpréter. En navigation, les quarts seront effectués par 3 équipiers."
La propulsion principale est la voile, mais il y a également un moteur thermique. Quelles sont sa puissance et son utilisation ?
Olivier Barreau : "Le moteur thermique a une puissance de 450 kW. Il est imposé par la législation. En cas de problèmes, par exemple sur le gréement empêchant la navigation à la voile, on doit pouvoir rallier un port. GS 2 est avant tout un voilier dont l’objectif est de réduire au maximum les émissions de CO². Pendant cette traversée, en navigation, nous n’utiliserons que les voiles. Les sociétés qui nous ont confiées du fret, nous font confiance et sont sensibles à cette réduction."
Ce moteur a été utilisé pour la traversée Vietnam/St-Malo. Quelle a été la vitesse moyenne du bateau ?
Olivier Barreau : "10 nœuds."
Quelle est la contenance des réservoirs de carburant, partez-vous avec le plein ?
Olivier Barreau : "Oui, 18 000 litres (imposé par la réglementation)"
Pour cette première traversée, avez-vous rempli la capacité de 350 tonnes ?
Olivier Barreau : "Non, nous partons avec 200 tonnes (240 palettes)."

Quelle est la part réservée aux produits Grain de Sail ?
Olivier Barreau : "Pour ce premier voyage de Grain de Sail II, nous embarquons du chocolat. Le principal de la cargaison est réservé à nos clients avec des produits français destinés au marché américain (Champagne, vins, produits de beauté, produits pharmaceutiques, pièces mécaniques, etc…)."

Une fois la cargaison livrée à New-York, rechargez-vous des produits à destination de la France ?
Olivier Barreau : "Oui, des produits américains destinés au marché français et nous ferons escale en Guadeloupe pour embarquer du café et des cabosses de chocolat (environ 200 tonnes)."
Vous parlez beaucoup de production d’énergie douce (solaire et hydro-générateur). Comment cette énergie est-elle stockée à bord et quelle est sa principale utilisation ?
Olivier Barreau : "Nous avons un parc de batteries au Lithium de 100 kW. Cette énergie sera utilisée pour l’instrumentation et les équipements de bord."
Vous n’avez pas envisagé de moteur électrique ?
Olivier Barreau : "Non. Un moteur électrique demande, pour l’alimenter, un groupe électrogène diesel, ce qui est contraire à notre objectif de limiter les émissions de CO²."
Sur cette traversée, avez-vous estimé quelle sera la vitesse moyenne ?
Olivier Barreau : "Nous nous sommes basé, compte tenu de notre expérience avec GS 1 et des essais de GS 2, sur une vitesse de 11 nœuds."
