Peut-on se fier à l’accastillage inox ?

Pour beaucoup l’inox est le matériau idéal sur un bateau. Il ne rouille pas, est résistant et vieillit bien dans le temps. Ces affirmations peuvent être vraies mais sous certaines conditions.

Tous les inox ne se valent pas

Dans un milieu agressif comme la mer, les plus répandus sont le 18-10 (norme US 304 L), 18-12 MO (316 L), 18-10 CU (305 CU) et le 17-4 PH (630). Contrairement aux idées reçues, un inox n’est pas nécessairement amagnétique et insensible à la corrosion (inoxydable). En effet, ces deux qualités sont liées à sa composition et, en particulier, à la teneur en carbone. Pour augmenter la résistance, la solution retenue est l’ajout de carbone. Ce dopage confère à l’acier une résistance de l’ordre de 75% supérieure à un acier inox 18-12 MO. En contrepartie, la présence de carbone rend le matériau plus corrosif et légèrement magnétique. Pour minimiser ces deux effets, les métallurgistes introduisent dans sa composition du cuivre, du cobalt, du nobium et du tantale. Ces pièces ainsi réalisées sont estampillées HR (haute résistance).

La fabrication


Deux techniques sont employées pour la fabrication surtout pour les manilles et mousquetons : le moulage (microfusion) et le forgeage.
Pour le moulage, le métal est chauffé pour le mettre en fusion puis il est coulé dans un moule ayant la forme de la pièce à réaliser. L’ébauche ainsi obtenue sera ensuite usinée pour avoir son aspect final.
Le forgeage, technique plus ancienne, comporte deux phases : le corroyage et l’estampage. Le corroyage consiste à compresser un lingot de métal pour en diminuer la section. Une fois cette première opération accomplie, le métal est chauffé et mis en pression entre deux matrices portant en creux la forme de la pièce à obtenir (opération d’estampage). Les matrices possèdent des gravures qui permettent d’orienter les fibres du métal en fonction des contraintes que la pièce finale devra subir.

Les deux techniques ont leurs avantages et leurs inconvénients. Une pièce moulée est plus économique à réaliser qu’une pièce forgée. A l’utilisation, son pouvoir élastique est pratiquement nul. Au-delà d’une certaine force (rupture), elle casse sans prévenir. La qualité de la pièce fabriquée est liée à la pureté du métal et à son homogénéité en fusion. S’il n’est pas parfaitement homogène des micros criques internes peuvent se former et affaiblir la résistance de la pièce.

Sur une pièce forgée, il y a peu de risque d’irrégularité dans la structure. A l’usage, avant rupture, il y a allongement et déformation. Mais, attention, une pièce forgée qui a été déformée sous un effort important (au-delà de la rupture annoncée par le constructeur), peut retrouver sa forme d’origine, fonctionner correctement mais présenter des lésions internes qui peuvent la rendre plus fragile.

Jouez la sécurité


Il existe sur le marché d’excellents produits moulés et forgés mais, attention, on en trouve de plus en plus de mauvaise qualité spécialement en acier moulé.
Pour preuve, la photo que nous vous donnons est celle d’un émerillon de 18 mm conçu pour un mouillage. Si une telle pièce est fabriquée dans les règles, elle a une charge de rupture de 18.000 kg et une de travail voisine de 7500 kg. Celle que nous présentons, a cassé simplement en dévissant son axe ! Et, comme on peut le voir la structure interne était poreuse.
La qualité a un prix, pour les équipements liés à la sécurité (mousqueton de harnais, mouillage, haubanage, etc.), n’hésitez pas, prenez des produits de qualité. Pour les reconnaître ce n’est pas évident s’ils ne possèdent pas de signes extérieurs ni de référence à un catalogue. Là, vous pouvez tomber sur des produits de mauvaise qualité qui ne devraient pas être proposés par les accastilleurs.
La solution, fiez-vous à la marque gravée sur la pièce (Wichard, Harken, Lewmar, Gibb, Tylaska, etc.), c’est un signe de sérieux qui engage le fabricant. Ce dernier donne en plus dans les catalogues la charge de rupture et de travail.


Diaporama
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…