François Gabart ne lâche pas le morceau !

Course au large
Par Figaro Nautisme

La bataille fait toujours rage à l’approche de l’océan Indien. François Gabart (Macif) s’accroche à sa couronne provisoire devant Jean-Pierre Dick (Virbac-Parec) et Armel le Cléac’h (Banque Populaire).


La bataille fait toujours rage à l’approche de l’océan Indien. François Gabart (Macif) s’accroche à sa couronne provisoire devant Jean-Pierre Dick (Virbac-Parec) et Armel le Cléac’h (Banque Populaire).


Qui de François Gabart (Macif), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et Armel le Cléac’h (Banque Populaire) franchira le premier, dimanche vers 21 heures, la porte des Aiguilles, passage obligé au sud de la pointe de l’Afrique ? A 16 heures, en tout cas, c’est Gabart qui tenait la corde en possédant seulement 4,5 milles d'avance sur Dick et 16 sur Le Cléac’h. Légèrement moins rapide que samedi, le trio de tête maintient toutefois des vitesses élevées comprises entre 20 et 18,5 nœuds, poussé par un vent soutenu de secteur Sud. Positionnés plus au nord, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (hugo Boss) peinaient à suivre la cadence avec des conditions météo moins favorables.

 

Record en vue
Le record de la descente de l’Atlantique devrait tomber. 24 jours, 2 heures, 18 minutes, c’est le temps de référence établi par Vincent Riou en 2004 entre les Sables d’Olonne et le cap de Bonne-Espérance. Il ne reste plus qu’à connaître l’identité de l’heureux élu.



 

Le Cam plonge sous le bateau



Derrière, Mike Golding (Gamesa) s’est emparé de la sixième place au détriment de Jean Le Cam (SynerCiel). Il y a une bonne raison à cela. Ralenti depuis samedi soir, Le Cam s’est posé beaucoup de questions sur les réglages de son bateau. Au lever du jour, il a regardé sous l’eau et a vu un filet de pêche coincé dans le bas de la quille. Après trois tentatives sans succès de marche arrière pour dégager le filin, le skipper de SynerCiel s’est résolu à plonger vers 11heures ce matin pendant 30 minutes. Il a arrêté le bateau. Il s’est équipé d’une combinaison, de palmes, d’une bouteille de plongée et d’un couteau pour couper le filet, maille par maille. L’opération s’est bien déroulée et il a pu reprendre sa route devant Dominque Wavre (Mirabaud).

 



Ça se complique



A l’arrière du peloton, la situation météorologique est toujours aussi tordue pour Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets). Ce dernier pourrait recueillir les dividendes de son option de contourner la cellule anticyclonique qui barrait la route par l’ouest. Il disposerait, ainsi, de bonnes chances de doubler ses camarades d’infortune d’ici quelques jours. Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) et Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) n’ont pas ce genre de soucis. Le premier semble avoir échappé aux charmes vénéneux de Sainte-Hélène quand le navigateur italien, lui, continue d’exalter son simple bonheur d’être en mer.



 

LES VOIX DU LARGE



François Gabart ( Macif) : « Dans quelques minutes je vais passer à côté d'un point un peu particulier... Il s'appelle « démâtage Barcelona World Race 2010 ». Pas besoin de vous expliquer, vous avez compris. Comme par destin, ma trajectoire vient à passer juste à côté, à quelques milles nautiques de l’endroit où la course s’était arrêtée pour Michel Desjoyeaux et moi. Peut-être pour se recueillir, peut-être  pour conjurer le sort et dire “cette fois je passe là et cette fois je ne m'arrête pas là”. L'histoire se ressemble pourtant tellement. Pleine balle devant le front, tribord amures, bord à bord avec “les schtroumpfs” (il y a deux ans, Virbac-Paprec battait le record des 24 heures en double). Tout est presque pareil. Sauf que non. J'ai décidé que ce serait différent. Je me suis préparé pour que ce soit différent. J'ai navigué pour que ce soit différent. Toute l'équipe a travaillé dur depuis deux ans pour que ce soit différent. Et ce sera différent. On n'efface pas le passé et l'énorme déception qui nous avait touchés. Tous : Mich, l'équipe, Mer Agitée, Foncia, moi-même... On ne refait pas l'histoire. Mais toutes les personnes qui ont pleuré il y a deux ans peuvent avoir un sourire ce matin en voyant MACIF en tête et se dire qu'on ne refait pas l'histoire mais qu’elle continue. Cette BWR achevée trop tôt se prolonge aujourd'hui sur le Vendée Globe. Je vais tout faire pour que l'histoire continue, le plus longtemps possible et qu'elle soit belle, très belle, jusqu'au bout. Je sais que le plus dur est devant. Je sais qu'il va falloir du courage et de l'énergie pour continuer à écrire cette belle histoire. J'en ai. Je suis prêt. Donc je vais passer à côté de ce point, je vais y penser, et on va continuer... Ça va, on est derrière le front, au reaching. Il y a un peu plus de mer donc on va un peu moins vite que ces derniers jours mais on continue de bombarder. Je suis très content du classement de ce matin. Bien que ce soit anecdotique, ça fait toujours plaisir d’être devant. C’est une chouette compèt’ avec Banque Populaire et Virbac-Paprec ! Il y a un peu d’excitation avant d’entrer dans les mers du Sud, on devrait passer la porte des Aiguilles 20H00 TU ce soir. Les températures ont vraiment chuté, mais ça reste raisonnable, on n’est pas encore dans le grand froid. Je crois avoir vu mes premiers albatros, ça me fait très plaisir. C’est la première fois que j’entre dans ces mers, c’est la découverte à partir de maintenant ».



 

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire)  : « On est tous les trois un peu groupés avec François (Gabart) et JP (Dick). Bernard (Stamm) est un peu plus au nord. On approche de la porte des Aiguilles. En ce moment ça va vite, j’aime bien, ça mouille bien dehors. On bouge pas mal ! Il fait encore un peu frais. Là, c’est polaire, bottes et ciré. Mais c’est surtout humide, il doit faire 12°. Passage du front, changements de voile, changement de bord... Il y a eu pas mal de manœuvres à faire. J’ai essayé de me reposer cette nuit ».



 

Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) : « Je vais très bien, le bateau aussi. Les vents sont soutenus, entre 15 et 20 nœuds. Je maintiens une vitesse entre 12 et 13 nœuds et j’ai franchi le Tropique du Capricorne cette nuit. Dans le bateau il fait 25°, je bronze encore un peu, je profite au moins du soleil. Il me reste l’étape de l’anticyclone de Sainte-Hélène à passer, je vais faire mon possible pour sortir le plus rapidement de là. L’hydrogénérateur est à moitié de sa puissance, je dois faire attention à ma consommation mais je n’ai pas encore mis l’éolienne. J’attends de voir si je peux gérer ça avec les panneaux photovoltaïques. Mais le bateau va bien, il n’y a pas de casse, rien à déclarer. Je le surveille et je contrôle avant d’entrer dans les mers du Sud ».



 

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « Le bateau va bien, s’il y a un problème c’est avec l’hydrogénérateur. Ce n’est pas irrémédiable mais il faut que je m’en occupe rapidement. Les voiles sont établies, le bateau est sensé être à 100% de son potentiel. Après, ça dépend de comment je fais mes manœuvres et des risques que je prends. On a fait de belles glissades hier, c’était génial ».

 



Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets)  : « Sainte-Hélène nous fait des petites misères mais aujourd’hui c’est le grand bleu, on est à 8 nœuds environ sur la route. J’ai pu faire mon bricoleur du dimanche. J’avais une belle liste de petits problèmes techniques que j’ai attaquée aujourd’hui avant d’arriver dans une météo plus coriace. J’avais un petit problème avec un hydrogénérateur, j’ai dû changer un bout coincé dans la palme. Ça faisait deux jours que ça traînait donc j’en ai profité. J’ai passé quasiment deux heures à tout réparer. Moi ça va, la forme est plutôt excellente. C’est toujours un peu frustrant de rester sur le carreau comme ça. Avec Arnaud (Boissières), on s’est pris un Pot au Noir pas très correct et on creuse des écarts, mais on s’envoie des petits mails en se disant qu’on va faire une course à deux bientôt ! ».

 



Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur)  : « J’ai profité d’une super journée vendredi pour faire une petite gym tonique. Mais pas seulement, c’était une journée idéale pour faire le tour du bateau. J’ai pu faire des échauffements avant de monter dans le mât. Je suis monté à 30 mètres pour changer un aérien qui donne la force et la direction du vent. J’en avais deux mais j’en avais perdu un il y a quelques jours, c’était le moment idéal de le remplacer avant d’entrer dans les mers du Sud. J’ai aussi pu vérifier le gréement, le mât est dans un état parfait. Le vent est assez instable, j’essaye de ne pas aller trop à l’est trop vite. Là je suis au près, je vais prendre le vent de gauche pour piquer vers le Sud ».



 

Dominique Wavre (Mirabaud) : « Nuit calme avec pas mal de réglages mais sans manœuvre pour une fois ! On passe à 320 milles au nord de l'iceberg le plus proche repéré par satellite, avec 600 km de marge : peu de risque de voir la flotte naviguer au milieu des growlers. On se débat dans l'anticyclone qui se rapproche par derrière, un point positif, il ne fait pas vraiment froid. Trois petits albatros bruns jouent au loin dans le sillage. Il y a des vagues dans tous les sens, Mirabaud est balloté, le vent est mou et indécis, ça ne va pas bien vite. L'anticyclone nous rattrape bel et bien, je vais aller rajouter de la toile ».

 



Mike Golding (Gamesa) : « J’ai passé une nuit agitée avec de purs moments de glisse mais aussi des ralentissements dûs au vent faiblissant. La mer était assez étrange, ce n’était pas évident de pousser le bateau. Dès que ça se calme un peu, on veut changer de voile mais ça repart aussi sec juste après… Ce ne sont pas des périodes faciles à gérer. On se maintient juste à l’avant du front mais pas moyen de le distancer. Ce qu’on sait, c’est que le vent va arriver du sud. J’aurais dû tout faire pour aller le chercher là-bas mais quand on avance à 17 nœuds en direction de la porte, ce n’est pas simple. Ce n’est jamais agréable de perdre des milles et de ne pas les regagner ensuite. C’est même frustrant, surtout quand on voit les vitesses atteintes par certains marins - plus de 20 nœuds - et que nous, nous n’avons jamais pu atteindre. Mais en même temps, je sais qu’ils ont eu des conditions météo différentes. Mais ça reste un peu démoralisant. Je pense qu’on arrivera à la prochaine porte en même temps qu’une zone de haute pression. C’est d’ailleurs un des problèmes posés par les portes des glaces, on ne peut pas descendre suffisamment au sud pour s’éloigner de ces zones-là ».

 

CLASSEMENT



Positions du 02/12 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) à 18 177 milles de la ligne d’arrivée; 2.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 4,5 milles du leader; 3.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 15,9 m; 4.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 83,5 m: 5.Alex Thomson (Hugo Boss) à 152,8 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 399 m; 7.Jean Le Cam (SynerCiel) à 422,4 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 456,1 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 791,5 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 1 276,8 m; 11.Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) à 1 530,1 m; 12.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 1 679,7 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 1 982,6 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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