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C’est un bateau mythique : celui de la première équipe française pour la Coupe de l’America (1970). Tout juste rénové, le monocoque en acajou fait un détour par le Salon Nautique de Paris avant de rejoindre le large.
Du temps de sa splendeur, le France 1 a participé à trois défis de la Coupe de l’America : 1970, 1974 et 1977. C’est le seul bateau de la Coupe de l’America à avoir connu une telle longévité. « Ce bateau, c’est ma jeunesse, c’est très émouvant » se souvient Bruno Troublé qui rêvait alors de battre les Américains. « C’est un voilier merveilleux qui remonte au vent mieux qu’un multicoque. Il a permis de former toute une génération de régatiers. » A l’âge de sa retraite sportive, le voilier a été confié à l’école navale de Lanvéoc-Poulmic (Finistère) pour un franc symbolique. Mais son entretien était devenu trop onéreux, le France navigua une dernière fois en 1992, aux fêtes maritimes de Brest, et fut finalement laissé à l’abandon sous une bâche trouée. « Quand on a récupéré le France, le pont était tellement pourri qu’on passait à travers, commente Bruno Troublé. Mais à part cela, il était encore en parfait état pour naviguer. Il a été remarquablement construit. » L’œuvre de l’architecte André Mauric (architecte du célèbre PenDuick 6), constituée d’acajous trentenaires montés en trois plis, est classée monument historique depuis 1992.
Une vie mouvementée
Le voilier doit bénéficier d’une bonne étoile car il a survécu à un naufrage et un incendie. « Le France 1 a fini sous l’eau en 1971 alors qu’il était entre les mains de l’équipe danoise, détaille Bruno Troublé. Les skippers ont tenté de remorquer le voilier en mer Baltique par mauvais temps mais ils ne se sont pas tout de suite rendu compte que le bateau était sous l’eau. » Une quinzaine d’années plus tard, alors que le France 1 était prêté aux Suisses de l’équipe Helvetia, le chantier sur lequel il était installé a pris feu. « Ils ont miraculeusement sorti le voilier des flammes », note Bruno Troublé. L’organisateur de la Coupe Louis Vuitton (qualifications de la Coupe de l’America) a supervisé toute la restauration du mythique voilier. « Nous avons remplacé le gouvernail qui était trop petit, explique Bruno Troublé. Je me souviens très bien qu’on n’allait pas exactement où on voulait avec ce voilier ! » Le safran est également plus grand qu’initialement mais les modifications se sont arrêtées là pour respecter les règles des monuments historiques. Une fois remis à l’eau, le France pourra participer aux grands rassemblements de voiles classiques et au circuit des 12 mètres jauge internationale. Il permettra également de former de nouvelles générations de régatiers. « Nous souhaitons donner de l’expérience à des jeunes à bord d’un voilier mythique, explique Bruno Troublé. Nous allons constituer un équipage de course en choisissant des jeunes adhérents d’associations maritimes. On ne veut pas avoir que des cheveux gris à bord ! » Le France et ses 20 mètres de long seront exposés au Salon nautique de Paris dès ce week-end, Pavillon 1- stand H99.
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