62e jour de course

Course au large
Par Figaro Nautisme

 François Gabart (MACIF) continue d’accentuer son avance sur son dauphin Armel Le Cléac’h (Banque Populaire). Alex Thomson (Hugo Boss) monte sur le podium provisoire.

 François Gabart (MACIF) continue d’accentuer son avance sur son dauphin Armel Le Cléac’h (Banque Populaire). Alex Thomson (Hugo Boss) monte sur le podium provisoire.

 L’état de la flotte


Alors que les leaders continuent leur remontée de l’Atlantique Sud, le jeu est à nouveau ouvert. « On avait l’impression qu’il n’y avait pas beaucoup de stratégie dans le Sud, que c’était moins passionnant. Là, la stratégie reprend le dessus, commente Jeanne Grégoire. En tant que spectateur, on a tendance à se focaliser sur le passage du cap Horn, mais en général, c’est plus dur après. C’est hallucinant de voir comme les cartes sont redistribuées. On avait déjà vu ça en 2000, quand Michel Desjoyeaux avait perdu du terrain sur Ellen MacArthur, où lors de la dernière édition, quand Marc Guillemot était revenu sur Sam Davies. Mais c’est bien, car il va y avoir encore du jeu ». François Gabart devance toujours Armel Le Cléac’h, qui pointait à la mi-journée à 158,6 milles du leader. « S’il n’y a pas de problème technique à bord de Banque Populaire, je pense que les écarts vont se retasser dans le Pot-au-Noir. Il y aura ensuite suffisamment de jeu dans l’Atlantique Nord pour permettre à Armel de revenir », souligne Jeanne Grégoire.

 


Grâce à son option Ouest, Alex Thomson est toujours 3e, et comptait à midi 107 milles d’avance sur Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3). « Mon choix d’une trajectoire bien plus à l’Ouest que les trois bateaux devant moi a payé, et je suis désormais en 3e position. C’est une formidable nouvelle, particulièrement à ce moment-ci de la course. Mais je n’oublie pas qu’il me reste encore 5.000 milles de course, commentait ce matin le skipper d’Hugo Boss. Je dois rester concentré sur ma course, et il ne faut pas que cette possibilité de finir sur le podium me déconcentre. Mon but actuel, et mon but depuis le début Vendée Globe, c’est de terminer la course. Après ça, tout le reste sera du bonus ». Un choix qui présente des avantages et des inconvénients. « Dans les 36 heures qui suivront mon passage dans le front, les prévisions montrent que le vent va tourner, ce qui devrait me permettre de virer au Nord. En gros, je ferai moins de chemin que les leaders. L’inconvénient, en revanche, c’est que les modèles météo ne sont jamais très précis en ce qui concerne les vents proches des fronts. Il n’est pas impossible qu’il y ait un peu de pétole quand je traverserai le front ». Pour Jeanne Grégoire, « la situation risque de se compliquer un peu pour Alex Thomson, car il commence à toucher du vent de face. Ensuite, ça va refuser ». D’autant plus que Jean-Pierre Dick a viré vers le Nord, et devrait accélérer au fur et à mesure de sa remontée. « J’ai viré au petit matin. C’est parti pour un long bord où le vent devrait adonner progressivement. Virbac-Paprec 3 va accélérer en navigant à des allures rapides. Je vais m’appliquer sur la vitesse du bateau, indiquait ce midi Jean-Pierre Dick. Si au niveau des options, les dés sont jetés, Jean-Pierre Dick devrait bénéficier d’un avantage de vitesse ces prochains jours. « L’écart avec Thomson est sensé être à son maximum ce matin. Cela devrait diminuer dès les prochains classements en ma faveur, enfin, je l’espère ». Derrière, il faudra surveiller la route choisie par Dominique Wavre, entre le continent et les îles Malouines. Une situation qui place le Suisse sous la menace de Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) et d’Arnaud Boissières (Akéna Vérandas).

 


Notre analyse météo

 


Si les conditions météorologiques entre François Gabart et Armel Le Cléac’h et leurs deux poursuivants, Alex Thomson et Jean-Pierre Dick sont actuellement différentes, elles tendront à s’harmoniser dans leur remontée vers l’Equateur grâce à l’établissement des alizés au Nord-Est du Brésil. Pour le peloton suivant, de Jean Le Cam à Arnaud Boissières, l’arrivée d’une dépression dans leur Sud favorisera de meilleures conditions dès cette nuit. Le vent adonnera et leur permettra de retrouver du portant ce week-end au large de l’Argentine. Il conviendra de bien en profiter, car ensuite, l’évolution s’annonce très complexe dans leur remontée de l’Atlantique Sud. En effet, la présence d’un anticyclone puis de dépressions près des côtes argentines cassera l’alimentation de ce flux, et engendrera des conditions de vents très changeants. Pour les trois dernier, de Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à Alessandro di Benedetto (Team Plastique), actuellement dans le Sud-Est du Pacifique en direction du cap Horn, le rail des dépressions entre le 50e et le 60e Sud leur permettra toujours de progresser à de bonnes vitesses, mais dans des conditions très perturbées et une mer forte.


Vendredi 11 : la journée s’annonce délicate pour Alex Thomson, qui, après avoir réduit sensiblement son écart avec les deux premiers pour s’emparer de la 3e marche du podium, voit sa progression très nettement ralentie depuis cette nuit par la présence d’une dépression orageuse active. Il négocie actuellement le passage du front froid, associé à cette dépression, dans des vents très variables en direction et force. Cette situation l’oblige à faire un cap au Nord-Est pour s’extirper le plus rapidement possible de cette dépression qui s’éloigne lentement vers le Sud. Il sera pénalisé encore 18 heures, avant de retrouver un flux de secteur Nord de 15 à 20 nœuds plus régulier. Les conditions sont très différentes pour le duo de tête, avec un vent de Nord-Est de 15 nœuds qui va persister grâce à la proximité de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Dick, positionné plus au Sud et engagé vers une trajectoire similaire, est légèrement pénalisé par l’orientation du vent davantage au Nord-Nord-Est. En résumé, une journée à l’inverse d’hier, avec une accentuation des écarts entre les deux premiers et Thomson, et un resserrement entre Dick et ce dernier.


Samedi 12 : les deux premiers s’éloigneront un peu de l’anticyclone de Sainte-Hélène, et retrouveront un alizé d’Est de 15 nœuds, comme ils l’avaient rencontré fin novembre. Leur vitesse de progression sera régulière, autour de 15 nœuds voire plus. Ce sera plus délicat pour Thomson. Naviguant au près, il devra ouvrir l’angle pour garder de la vitesse mais s’éloignera de la route directe. Dick naviguera quant à lui dans un flux de Nord-Est de 15 nœuds de moyenne, sur une route similaire globalement à celle des leaders.


Dimanche 13 : la journée sera encore délicate pour Thomson, avec la formation d’une petite cellule anticyclonique par l’Ouest, qui rendra les vents assez changeants, avec un risque de baisse marquée. La situation sera beaucoup plus favorable pour les autres grâce à l’alizé modéré de Sud-Est pour les leaders, et Est pour Dick. Leurs vitesses continueront d’osciller entre 15 et 20 nœuds.


Lundi 14 et mardi 15 : à l’approche de l’Equateur, le régime des alizés s’étendra désormais aux quatre premiers. Il sera néanmoins plus soutenu au large du Brésil que près de la côté, ce qui désavantagera encore un peu Thomson.

 


Nos pronostics


Les conditions sont favorables au statu quo en tête de course pour François Gabart et Armel Le Cléac’h, alors qu’elles jouent en la défaveur d’Alex Thomson. Jean-Pierre Dick pourrait bien remonter sur la 3e marche du podium. A suivre de près.

Diaporama
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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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