
Alors que François Gabart vient d’inscrire son nom au palmarès du Vendée Globe, Gérard Andreck, Président du Groupe MACIF, a accepté de revenir sur la course de son jeune prodige avec Figaro Nautisme, et d’évoquer l’avenir.
Quel regard portez-vous sur la course de François?
Je suis un amateur de voile mais pas un grand spécialiste. Mon jugement se forge avec les échanges que j’ai avec les vrais spécialistes. François a fait un parcours quasiment parfait. Il n’a pas fait d’erreur majeure. Armel (Le Cléac’h) non plus d’ailleurs. On ne peut être que très admiratif, car il s’est comporté en très bon stratège, et a su tirer le meilleur parti de son bateau. Il avait certes un bon bateau, mais ce n’est pas le seul. Ce qui m’a surpris encore plus, c’est sa disponibilité. On l’a mis à rude épreuve, mais il a toujours accepté les sollicitations de l’entreprise ou de ses partenaires. François est d’un professionnalisme extraordinaire, toujours empreint d’une certaine jovialité.
Envisagiez-vous la victoire au moment du départ?
On y pense toujours, mais je ne le l’envisageais pas personnellement. Quand on regarde la liste des concurrents, cinq ou six binômes « skipper-bateau » pouvaient se détacher. Nous avions demandé à François d’être au moins dans les six premiers, et parfois, sur le ton de la plaisanterie, dans les trois. Je pensais au podium bien sûr, mais pensait qu’une victoire serait vraiment plus dure à obtenir. Et puis c’était une première pour lui comme pour nous. En général, le premier Vendée Globe est une épreuve très difficile, car on rencontre des conditions en mer difficiles à gérer, qu’on ne retrouve pas sur une transatlantique par exemple.
Pensez-vous que Michel Desjoyeaux ait joué un rôle important dans la victoire de François ?
Je pense qu’il a joué une part importante car c’est un excellent pédagogue, mais également un constructeur de bateau. Il a apporté sa patte au projet. Tous les échanges qu’il a pu avoir avec François, ses conseils et sa contribution ont été primordiaux.
Vous avez investi 7,5 M€ sur quatre ans dans ce projet. Etes-vous satisfait des retombées ?
Je suis plus que satisfait. Les retombées sont bien supérieures à ce que l’on pouvait imaginer. C’est inespéré, même si on s’attendait à ce qu’on parle beaucoup de François, car il a le profil du jeune premier intelligent et par ailleurs ingénieur. Depuis quelques temps, nous avons 250 retombées journalières, tous médias confondus. Il y aussi beaucoup de suivi sur le site du Vendée Globe. Ce qui est bien avec ce sport, c’est qu’on voit aussi le sponsor.
Quel impact a eu le Vendée Globe sur la notoriété et l’image de la MACIF ?
Il n’y a pas longtemps, j’ai assisté à une réunion avec des informaticiens. Lorsque l’on m’a demandé de présenter la MACIF, j’ai parlé du Vendée Globe et on m’a fait des retours positifs. Où que j’aille, on m’en parle tout le temps. Ce partenariat a joué de manière positive sur la notoriété et l’image du Groupe. Tous les gens avec qui j’en parle me disent que l’association de la MACIF et du Vendée Globe est très positive. Les valeurs de la mer ont un intérêt pour beaucoup de gens. C’est la première fois que nous faisons du sponsoring à ce niveau là, et on se rend compte que c’est vraiment un plus pour nous !
Quels sont selon vous les avantages du sponsoring sur une telle course par rapport à une campagne publicitaire ?
Ce n’est pas la même chose. Nous sommes obligés de faire des campagnes publicitaires TV axées sur nos produits et sur la marque pour garder une identité sur le marché. Mais le sponsoring n’a rien à voir en matière d’intensité. On a beaucoup de retours partout, qui sont nettement supérieurs à ceux d’une campagne publicitaire. Nous n’avons aucun regret quant à ce partenariat !
Certains sont partis avec des projets moins performants sur le papier. Auriez-vous pu envisager ce cas de figure ?
Nous l’avions fait auparavant, au sein d’un pool de partenaires, dans un autre contexte. On aurait pu le refaire, mais cette fois, nous avons raisonné de façon à nous donner le maximum de chances sur une période de quatre ans. Je pense que je n’aurais pas soutenu le projet si je n’avais pas été sûr d’avoir un bateau de dernière génération. Nous avons donc décidé de faire construire un bateau. Michel Desjoyeaux a joué un rôle important dans nos choix.
Comment la course a-t-elle été suivie en interne ?
On a assisté à un phénomène classique. Il y avait ceux qui aimaient la voile, ceux qui n’aiment pas le sport, et ceux qui pouvaient discuter ce choix. Mais au fil de la course, le soutien à François s’est amplifié, et les salariés venaient de plus en nombreux aux manifestations organisées autour du Vendée Globe. On a convaincu une grande partie des dubitatifs du début. François est parfaitement intégré au sein du Groupe et des salariés. Je pense qu’il y aura du monde aux Sables d’Olonne pour son arrivée !
Quel est l'avenir de MACIF dans la voile? Et avec François?
Nous continuons notre programme « Skipper MACIF » en Figaro Bénéteau. On a prévu d’inscrire ce programme dans la durée et de continuer à aider de jeunes talents prometteurs, car ce sont des budgets qui n’ont rien à voir avec le Vendée Globe. On sera sur le circuit cette année, en espérant que François donne des ailes à Fabien Delahaye et à Paul Meilhat, nos deux figaristes. En ce qui concerne François, nous en sommes à la deuxième année de notre cycle de quatre ans. Nous avons encore deux grosses échéances, la Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum. J’aimerais bien que l’on continue encore un peu. On rediscutera avec lui en 2013. Pour le moment, on savoure notre bonheur !
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