L’esprit d’André Mauric plane à Marseille ce week-end
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La 11e édition du Trophée André Mauric, qui se dispute ce week-end à Marseille, rendra une nouvelle fois hommage à André Mauric et à ses pairs, qui ont révolutionné l’architecture navale.
Il y a des moments qui marquent une vie. La rencontre entre Jean-Paul Vernet, vice-président de la Société Nautique de Marseille, et André Mauric en fait partie. Pendant plus d’un demi-siècle, l’architecte naval marseillais, devenu célèbre grâce à la victoire du half-tonner Impensable sur la Half-ton Cup (IOR) en 1972, dessine de véritables prototypes de course. Parmi eux, Pen Duick VI, Kriter V et Kriter VIII. C’est à ce travail d’orfèvre mais également à celui des pairs d’André Mauric que Jean-Paul Vernet et Maurice Dessemond, alors Président de la Société Nautique de Marseille, décident de rendre hommage en créant le Trophée André Mauric en 2000. « Nous avons créé ce trophée avec l’ancien président de la Nautique pour rendre hommage au travail d’André Mauric et à celui de ses pairs. C’était un grand architecte naval qui a également travaillé pour l’industrie pétrolière et pour l’armée. À l’époque, ses concurrents s’appelaient Bruce Farr, Dick Carter, ou encore Olin Stephens, mais les bateaux d’André Mauric gagnaient beaucoup de régates, nous explique Jean-Paul Vernet. La première édition a eu lieu de son vivant ».
Depuis sa création, le Trophée André Mauric fait à chaque édition un bond dans le passé pour revisiter la jauge IOR, devenue IRC par la suite, et rend hommage à cette élite brillantissime de la voile des années 70. « La jauge IOR a radicalement modernisé l’architecture navale. On est passé du bateau en bois classique au bateau ultra moderne. Ces années-là ont été un laboratoire fabuleux. La Nautique en fut l’un des grands acteurs, puisqu’elle a accueilli le fleuron de l’architecture navale et des accastilleurs », poursuit-il. En effet, dans les années soixante-dix, Marseille faisait partie des hauts lieux de navigation de Méditerranée.
Une course de passionnés
Une vingtaine de bateaux « équilibrés, majestueux, solides et agressifs » ont rendez-vous ce week-end à Marseille sur la 11e édition du Trophée André Mauric. « Ce sont des bateaux affûtés, pointus, de vraies machines de guerre. Nous avons choisi d’ouvrir la manifestation principalement aux bateaux des années soixante-dix. Le circuit classique est très important en Méditerranée mais il y a souvent un fossé de générations entre les bateaux, précise Jean-Paul Vernet. Nous avons une dizaine de bateaux construits entre 1971 et 1975. Ce sont des bateaux résolument modernes, dotés d’une forte personnalité. Nous avons également ouvert les inscriptions à une petite catégorie de bateaux construits entre 1930 et 1960 ».
L’esprit d’André Mauric plane donc ce week-end sur le plan d’eau marseillais, où la flotte s’affrontera sur des parcours en triangle olympique, qui sont l’une des spécificités de la manifestation. « Cela permet de manœuvrer un peu plus, de mieux se voir et de mieux de jauger. Si on ne se voit pas, ça manque d’intérêt. Il devrait y avoir plus de bagarre entre les bateaux », avance Jean-Paul Vernet. Si le temps le permet, un parcours côtier de 15 milles nautiques sera également disputé. Parmi les bateaux engagés, on retrouve cinq Mauric, dont Aigue Blu. Ce plan Mauric aura fort à faire pour contenir les assauts de l’autre grand favori du Trophée, Sagittarius, un plan Olin Stephens de 1971 qui a fait un début de saison remarquable, enchaînant les victoires en Méditerranée. Un rendez-vous que l’équipage de Sagittarius ne manquerait pour rien au monde. « Le Mauric, c’est une famille. L’esprit du Mauric, il faut à tout prix le conserver. La régate, c’est du sérieux, mais les équipages, c’est des bandes de copains. Il n’y a pas de tension comme il peut y en avoir ailleurs, confie Laurent Laffite, copropriétaire du sloop bermudien de 12 mètres. À la fin, on est content de gagner et repartir avec un livre de Gilles Martin-Raget, ou de perdre et repartir avec un livre de la Nautique ». Un bel état d’esprit donc qui rend hommage comme il se doit à la passion et au travail d’André Mauric, qui ont inspiré ce Trophée. Et comme le veut la tradition, la soirée des équipages aura lieu au mouillage, dans le somptueux cadre des îles du Frioul, au large de Marseille.