
Ces voiliers réclament entre 10 et 12 millions d’euros pour les construire, sans compter des budgets de fonctionnement à l’année qui oscillent entre 2 et 3 millions d’euros. Le mât d’un Ultime revient à 700 000 euros contre 500-700 000 euros pour une seule paire de foils. Les partenaires-titres en attendent beaucoup. Et pourtant, ces F1 des mers sont capables du meilleur comme du pire. Les dernières grandes aventures comme la Route du Rhum ou la Brest Atlantiques en témoignent. Dominer une épreuve et rester de bout en bout sous le feu des projecteurs, ou casser, quelques heures après le départ, pour rapidement tomber dans l’oubli ?
L’annonce serait passée presque inaperçue. Fin janvier, l’écurie Gitana a annoncé officiellement son retrait de la Classe Ultim 32/23. Un collectif qui rassemble quelques-uns des plus rapides multicoques de la planète comme Sodebo, Macif ou Actual Leader. Une petite surprise dans le landerneau de la course au large puisque le multicoque Maxi Edmond de Rothschild de Franck Cammas et Charles Caudrelier avait remporté, avec panache, la Brest Atlantiques en décembre dernier. Pour expliquer ce divorce, plusieurs camps s’affrontent. On parle d’une divergence technique à propos de cette fameuse « aile de raie » (ndlr : un plan horizontal en bas de la dérive) présente sur le Maxi du team Gitana et que la Class Ultime souhaite diminuer en taille. Certains évoquent aussi le manque de retombées médiatiques et l’absence des Ultimes sur des courses aussi populaires que la Transat Jacques Vabre ou le prochain Vendée Globe.
De son côté, le multicoque IDEC Sport de Francis Joyon poursuit en toute indépendance sa tournée des records avec la Route du Thé en Asie. Francis Joyon et son équipage ont choisi de naviguer en solo, face aux caprices des océans et à un chronomètre, donnant à ses sponsors les retombées qu’ils méritent. A quelques encablures, le Maxi Edmond de Rothschild va lui aussi s’attaquer à ces exploits sur la saison 2020/2021 avec le Trophée Jules Verne en ligne de mire. Entre temps, Franck Cammas et Charles Caudrelier s’aligneront au départ de The Transat, le 10 mai. On évoque aussi un retour en force de Spindrift, probablement le plus impressionnant des trimarans de course. Pour des raisons de jauge, ce dernier ne pouvait pas intégrer la Classe Ultime. Et même si certains font cavalier seul, on attend avec impatience l’arrivée d’Ultimes nouvelle version comme les multicoques Macif et Banque Populaire actuellement en construction dans le Morbihan. Plusieurs acheteurs se montrent aussi intéressés par le rachat des anciens trimarans de course donnant un nouveau souffle à cette Class Ultime qu’on disait un peu en perte de vitesse. Une bonne nouvelle pour de futures confrontations de géants à coup de records ou de compétitions sportives. Peu importe.