
Il aura fallu un peu plus d’un jour et demi aux 21 Figaro Beneteau 3 pour couvrir la première partie de la seconde étape de la Sardinha Cup entre Saint Gilles Croix de Vie et les îles Scilly, avec une intéressante bataille d’options qui a livré son verdict au petit matin mardi lorsque les groupes se sont alignés : partis dans une trajectoire plus directe et plus proche des côtes bretonnes, les duos Tanguy Le Turquais/Corentin Douguet et Pep Costa/Will Harris ont été récompensés de leur audace, puisqu’ils ont été les premiers à pointer leur étrave, vers 8h30, devant le phare de Bishop Rock, au sud-ouest des Scilly.
Un peu plus de deux heures plus tard, l’archipel était prestement avalé par la flotte, avec, derrière le duo de tête, les vainqueurs de la première étape, Xavier Macaire/Morgan Lagravière (Team SNEF), suivis des tandems Martin Le Pape/Yann Eliès (Gardons la Vue-Fondation Stargardt), Alexis Thomas/Robin Follin (Charente Maritime) et Bretagne CMB Océane (Elodie Bonafous/Corentin Horeau.
« L’option des nordistes a quand même bien payé, puisqu’ils avaient environ 4 milles d’avance sur le peloton à la sortie des Scilly, analyse le directeur de course Guillaume Rottée. Ils sont maintenant partis sur un long bord d’un peu plus de 300 milles vers la bouée BXA (devant l’embouchure de la Gironde), sans doute en prenant l’intérieur du DST d’Ouessant, dans un vent qui va progressivement se renforcer, jusqu’à 30 nœuds au passage de BXA. Comme ce ne sera ni vraiment du près, ni vraiment du reaching (vent de travers), ça va se terminer en bord de sanglier, en mode combat, la tête sous l’eau ! ».
Le vent devrait ensuite rester soutenu jusqu’à la fin de l’étape, avec une arrivée estimée jeudi en fin d’après-midi, soit plus tôt que prévu. Le directeur de course explique : « Il n’y a finalement pas eu de vrai ralentissement lundi dans l’anticyclone et on se rend compte que par rapport à l’année dernière, les skippers ont beaucoup progressé dans l’utilisation du bateau, notamment sous gennaker (voile d’avant utilisée dans les angles assez ouverts). C’est ce qui explique notamment ce décalage. »
La story du jour : Souvenirs, souvenirs aux îles Scilly
Il aura fallu moins de trois heures à la flotte de la Sardinha Cup pour contourner l’archipel des Scilly et nul doute que certains auront été sensibles au charme de l’endroit. Constitué de cinq îles et d’une multitude d’îlots et de cailloux, ce territoire appartenant à la Cornouaille, au sud-ouest de l’Angleterre, est une destination très prisée des plaisanciers, notamment de ceux qui habitent de l’autre côté de la Manche. « Pour les gens de la baie de Morlaix, c’est LA destination de vacances, c’est le paradis sur terre », confirme Damien Cloarec, co-skipper du Londonien David Paul sur G-Alok.
Et le Carantécois de se muer en guide touristique : « Le programme aux Scilly ? Tu te lèves le matin à 7 heures, tu vas pêcher le lieu, parce que c’est la pêche pour les nuls, ensuite tu fais ta session de kite et tu termines le soir au pub. David vient d’ailleurs de m’annoncer que les pubs ouvraient lundi aux Scilly, on ne pourra malheureusement pas s’arrêter… Et une fois par semaine, il faut absolument assister à la course de « gigs » entre les différentes îles, ce sont les yoles locales. L’ambiance est géniale. »
Passé en tête mardi matin aux Scilly avec Tanguy Le Turquais sur Quéguiner-Innoveo, Corentin Douguet est aussi un fan : « J’adore cet endroit où je suis allé plusieurs fois en croisière, tout est extraordinaire : l’ambiance, les paysages, le jardin tropical sur l’île de Tresco, c’est un truc à faire dans une vie de marin. Mon conseil : aller boire une bière au Mermaid. »
Le Nantais y a peut-être croisé Yann Eliès (co-skipper de Martin Le Pape sur Gardons la Vue-Fondation Stargardt), qui garde des étoiles plein les yeux de ses deux passages aux Scilly : « La dernière fois, c’était il y a trois ans avec toute ma smala pendant la Coupe du monde de foot, il faisait beau, c’était magnifique, la faune, la flore, l’ambiance des pubs. Je suis content d’y aller sur la Sardinha Cup, mais franchement, ça va être un crève-cœur de contourner les îles sans s’arrêter. »
Sentiment partagé par un autre habitué des lieux lors des croisières familiales, Alexis Loison : « Ça va donner envie de s’arrêter, d’autant qu’on va arriver en pleine journée sous un ciel dégagé, mais on a emmené les Go Pro pour filmer ça, on va en prendre plein la vue », raconte le skipper de Région Normandie (avec Guillaume Pirouelle), qui garde en mémoire « une eau très froide, énormément de courant, un paysage paradisiaque, des couleurs incroyables et des gens très sympas. »
Sans doute de quoi donner envie à tous les autres figaristes de cette deuxième Sardinha Cup de revenir dans le coin, une fois la saison terminée…