
Lors de la Mini 2017, devant les performances du Pogo 3 qui talonne les prototypes dans de nombreuses conditions, naît l’idée de proposer un « proto de série », soit les performances des meilleurs mais dans un budget encore raisonnable et surtout bien cadré. Pour cela il faut faire le plus simple possible, notamment en se passant de ballasts. La carène signée Guillaume Verdier adopte le volume avant des fameux scows, et une carène à la surface mouillée optimisée. Puissante, moins exposée qu’une étrave classique, elle ne présente que des avantages pour un coureur au large en solitaire, sur un bateau de 6.50m.

Simplexité
La simplicité a cependant ses limites sur un bateau de course se voulant ultra-performant Ainsi, la quille n’est pas seulement basculante, elle est aussi télescopique. Un vérin la pousse vers le bas lorsqu’elle est basculée, maintenant le lest au maximum de la jauge, 3 mètres, améliorant grandement le couple de redressement du voilier. Plus complexe encore, la volonté de faire voler ce mini impose la présence de foils. Architecte et ingénieurs ont ici fait le choix de foils en ‘T’ proches de ceux des monocoques volants AC75 de la Coupe de l’America. Plus compacts que les formes en C ou en S, ils sont bien adaptés au gabarit Mini, apportant plus de surface au près et s’étendant moins loin au portant. Ils sont réglables dans leurs trois dimensions :
- Ils peuvent entrer et sortir pour rentrer dans la largeur maximum de la jauge Mini lors des départs, et limiter la trainée du foil au vent en navigation.
- basculer d’avant en arrière - « rake ».
- mais aussi de haut en bas - « cant ».

Tous ces réglages reviennent croisés dans le cockpit pour pouvoir les effectuer sans quitter son poste de barre au vent. Chaque degré en plus ou en moins a une incidence forte sur la performance de l’ensemble. Le voilier All Purpose a dû dessiner des voiles spécifiques, tolérant de fortes accélérations du bateau et donc d’importantes variations en force et en direction du vent apparent. Depuis la Min 2019, les foils de safrans ont reçu eux-aussi un mécanisme de réglage du rake, indispensable pour maintenir l’assiette et le niveau de vol du bateau. Car l’objectif n’est pas de voler haut mais longtemps, régulièrement, sans atterrissages brutaux. Dans la mer formée ce réglage permet de cabrer le bateau, de l’asseoir sur sa proue, comme avec un ballast arrière mais sans le poids.

Tout cumulé c’est une bonne cinquantaine de bouts qui reviennent entre les mains du skipper. Un long apprentissage est donc nécessaire avant d’acquérir tous les automatismes de réglages. Voler plus vite que le vent Mais une fois le mode d’emploi assimilé, les objectifs de performance sont clairement atteints : 23 nœuds de vitesse par 20 nœuds de vent réel, ou 5 nœuds par 5 nœuds de vent, le Pogo Foiler va aussi vite que le vent dans de nombreuses conditions. Il est vrai que les foils font fort : au près à 7 nœuds, ils produisent 300 kg de poussée soit 30% du déplacement. A 10 nœuds c’est même 50%. A 13 nœuds, le Pogo foiler vole littéralement. Qui plus est, avec 49m² de voilure au près, et 114m² sous gennaker pour 830kg de déplacement, il a la puissance d’un bateau beaucoup plus gros ! Le pari est déjà gagné pour l’entreprise fondée et toujours dirigée par Christian Bouroullec. Le Pogo Foiler est la parfaite illustration des savoir-faire d’un chantier qui n’en avait pas forcément besoin au regard de son carnet de commande bien rempli, y compris pour son nouveau 44 pieds présenté lors du tout dernier Grand Pavois de La Rochelle. Mais les développements réalisés pour le Pogo Foiler pourront intégrer dans les années à venir les modèles de série de la gamme. La performance et la fiabilité recherchées sont bien présentes avec le plus petit budget proto jamais vu, alors si en plus, à l’arrivée en Guadeloupe, la victoire est au bout…