La flotte de la Golden Globe Race plonge dans le Pot au Noir

Course au large
Par Figaronautisme.com

Une semaine après que la flotte ait franchi la porte de Lanzarote, Simon Curwen (UK) mène la flotte dans le Pot au Noir en passant le 10e parallèle, où la flotte élastique s’agrandit et se comprime en fonction des conditions.

Le participant américain Elliott Smith ©GGR22/Nora Havel
Une semaine après que la flotte ait franchi la porte de Lanzarote, Simon Curwen (UK) mène la flotte dans le Pot au Noir en passant le 10e parallèle, où la flotte élastique s’agrandit et se comprime en fonction des conditions.

Cette semaine, c’est surtout la compression qui a primé puisque les leaders Simon Curwen (UK) et Tapio Lehtinen (FIN) qui ont passé le plus clair de leur temps à l’ouest de la dépression orageuse se heurtent maintenant au mur sans vent du Pot au Noir. Avec le retour du vent par le nord, l’arrière de la flotte a bien progressé sur les leaders, mais aussi sur le milieu de flotte. Cela a bien sûr profité à Damien Guillou (FRA) dans sa remontada, réduisant l’écart sur les leaders de 700 miles à Lanzarote à 500 aujourd’hui.

Il y a eu quelques changements de positions pour Kirsten Nauchafer (RSA), 5ème à Fuerteventura et son compatriote Jeremy Bagshaw, 6ème au même endroit. Kirsten, passant de longues heures à la barre, a régulièrement affiché la meilleure moyenne journalière avec plusieurs jours autour de 170 milles, ce qui lui a permis de se rapprocher, et de finalement ravir la 4e place à Abhilash Tomy (IND), avant de poursuivre Pat Lawless (IRL), lui-même rattrapant Tapio Lehtinen (FIN), 200 milles à son Est…

Jeremy Bagshaw (SA), qui fait toujours preuve d’audace dans ses options, s’est détaché de Kirsten samedi dernier pour emprunter une route ouest vers les îles du Cap-Vert à la recherche de vents frais. Le vent est bien arrivé, mais il a pour l’instant perdu trois places dans l’histoire, passant de la 6ème à la 9ème place. Il navigue actuellement dans des vents frais à 350 miles à l’ouest d’Elliott Smith (USA). Finalement, Damien Guillou (FR) et Ian Herbert-Jones (UK) ont décidé de suivre son sillage dans les îles.

Le Pot au Noir est une ceinture sans vent autour de l’équateur où les alizés du nord-ouest de l’hémisphère nord entrent en collision avec les alizés du sud-est de l’hémisphère sud. La chaleur pousse l’air chaud et humide dans l’atmosphère où il se transforme en pluie après s’être refroidi.

Cette zone de vents faibles et erratiques, de temps chauds, de grains et d’averses était redoutée autrefois quand les navires pouvaient y séjourner plusieurs semaines. Aujourd’hui, le Pot au Noir n’est plus un danger, mais pour les concurrents de la GGR qui ont peu de communications extérieures, ils peuvent encore jouer avec les nerfs…

La traversée de l’équateur sera une première pour beaucoup et la réalité de l’isolement commence à se faire sentir. Plusieurs participants ont confié que leur famille et leurs amis leur manquaient, et certains ont vécu des expériences surréalistes, comme Elliott Smith (USA) qui a reçu des offres spéciales des vents sahariens.

C’était une nuit d’orage et d’éclairs. Le lendemain matin, je me suis réveillé et il y avait de la poussière partout, de la terre orange, quatre oiseaux morts sur le pont, certains décapités, des poissons volants partout, des sauterelles et des grillons, et d’énormes sauterelles noires patibulaires, aussi grosses que mon pouce. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’avais laissé le capot avant ouvert…“, a déclaré Elliott lors de son appel hebdomadaire mercredi, partageant l’ampleur et ses sentiments contradictoires vis à vis de  l’aventure qu’il avait entreprise.

Beaucoup bricolent encore avant d’entamer le passage dans l’hémisphère sud : Ertan Beskardes (UK) qui a eu des problèmes électriques dès les premiers jours de course avec un court-circuit et de la fumée, a appelé le PC Course cette semaine en mentionnant que ses batteries ne tenaient pas la charge et qu’il avait du mal à gérer son énergie. Il avait initialement prévu de s’arrêter au Cap Vert pour réparer et continuer en Classe Chichester. Il a finalement décidé de persévérer et essayer de régler ses problèmes en route et sans s’arrêter au Cap Vert. Il fait tourner son bord avec une puissance minimale et il est évident que les batteries ont été sérieusement endommagées. Il est prêt à finir la course sans énergie, en utilisant ses panneaux solaires de secours pour recharger les systèmes de communications et de sécurité essentiels.

Guy Waites (UK) a réparé son chariot de trinquette avec une colle spéciale, Arnaud Gaist (FRA) a travaillé sur l’accastillage, préservant ses voiles et ses cordages pour l’hémisphère sud, Elliot Smith a repositionné et recousu le point d’écoute de sa grand-voile, et a trouvé des coulisseaux cassés au niveau des lattes de grand-voile. Ian Herbert-Jones

(UK) est frustré d’être si loin derrière, mais réalise que pour lui, tout est question de voyage et de plaisir. Kirsten Neuschäfer (SA) semble plus heureuse que jamais depuis le début et se sent de retour dans la course.

Tous profitent du calme relatif pour entretenir et préparer leur voilier aux alizés du sud. Ils trouvent du réconfort dans leurs sessions régulières de conversation par radio HF, où ils comparent leurs positions et partagent des informations météorologiques.

Pendant ce temps, cette semaine, Capitaine Coconut Mark Sinclair, le populaire marin australien a décidé de s’arrêter à Lanzarote et abandonner la GGR 2022. "Je voulais commencer cette édition mais c’était un gros effort pour me préparer et je pense que je suis juste fatiguée.J’avais prévu de toucher terre à Cap Town et aller au mariage de mon fils, en continuant le voyage en classe Chichester, mais le début de course a été plus lent que prévu et j’ai maintenant deux semaines de retard. Je ne serai pas à temps en Afrique du Sud, et probablement pas à la porte de Hobart avant le 31 janvier."

Mark, ancien commandant de la marine australienne et cartographe, a également mentionné un suivi médical et une opération chirurgicale, ainsi que d’autres questions en suspens depuis qu’il est parti de chez lui il y a dix mois. Il a quitté Adélaïde en décembre 2021, traversant jusqu’aux Sables d’Olonne en 174 jours, puis passant 100 jours à temps plein en Vendée pour préparer Coconut au départ, avec peu de temps pour qui que ce soit d’autre.

Pendant ce temps à Fuerteventura, Guy deBoer (USA) a retrouvé son Tashiba 36 Spirit, qui a été soulevé des rochers où il s’était échoué le 18 septembre. Le sauvetage de Spirit a nécessité la construction d’une route de sable pour permettre à la grue mobile et au camion surbaissé d’accéder au bateau, de démâter, de gruter le voilier et de le déposer sur la remorque sans dommage supplémentaire le 24 septembre. Malheureusement, le bateau a été visité entre-temps, et une quantité importante de matériel dont l’Hydrovane, le générateur Watt & See, les winches et d’autres matériels ont été volés pour une valeur supérieure à 50 000 USD.

À Fuerteventura, une chaîne de solidarité s’est formée autour de Guy et de son yacht blessé, des amis locaux ayant trouvé un terrain pour les réparations de Spirit. "On dirait que mes problèmes se règlent, le propriétaire du terrain est ami avec le grutier qui est prêt à y amener Spirit et à le caler. Nous sommes en train de chercher le bastaing pour construire le ber qui accueillera Spirit." a déclaré Guy deBoer. C’est un soulagement pour le marin américain jusque-là frustré de ne pas trouver de solution pour son bateau.  

Cette semaine, au jeu de l’élastique, la flotte se comprime avec un retour par l’arrière, les premiers se heurtant au Pot au Noir, mais la semaine prochaine devrait être consacrée aux offrandes à Neptune et aux alizés du Sud vers la prochaine marque de parcours : l’île de Trindade !

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© YB Races

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