
« Le départ était chaud mais complètement fou ! Je n’en avais jamais fait de comme ça, à quelques mètres de l’Euribia, sous les geysers de ses remorqueurs. C’était incroyable ! », témoigne Erwan Le Roux. Il fallait un peu d’audace pour tirer des bords de près au pied d’un mastodonte de plus de 60 mètres de haut sur lequel avaient pris place 1500 passagers, dirigeants, chercheurs, porteurs de solutions pour une Europe décarbonée. De l’audace aussi pour venir taquiner son étrave, comme ont pu le faire Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires En Peloton - ARSEP) ou Eric Péron (French Touch Ocean Club) dès le top départ. C’était cela ou subir le “brumisateur XXL” des geysers des remorqueurs venus saluer ce départ hors norme.
A 35 noeuds, sur une coque, sous la pleine lune
Peu après ce départ inédit, Luke Berry (Le Rire Médecin - Lamotte) tire remarquablement son épingle du chenal de sortie de la Loire, à la faveur de quelques belles risées. Il voit rapidement revenir la meute, morte de faim à l’annonce d’un vent d’Est forcissant, promesse d’un long bord de « sanglier » qu’ils espéraient tant, sous la pleine lune, avec mer plate. Ils l’ont eu. « On a mis 1h50 entre Belle-Île et Penmarch, sur un bord, avec des pointes à 35 noeuds !! », raconte Luke Berry. « On sait pourquoi on monte des projets comme ceux-là. Pour naviguer comme la nuit dernière, sur une coque sous la pleine lune », renchérit Thibaut Vauchel.
L’entrée en Mer d’Iroise sonne la fin de la récré, cap sur la Manche et son lot de manœuvres, de changements de voiles et de stratégie pour tenter de passer Bréhat avant la renverse. « On a choisi de rester à la côte, on pensait aller assez vite pour passer Bréhat avant la renverse du courant. Mais non… » analyse Thibaut, compagnon d’infortune de Pierre Quiroga (Viabilis Oceans) qui avait la même stratégie.
Avec une position bien plus nord, Erwan Le Roux n’avait plus qu’à ouvrir un peu ses voiles et fondre sur la ligne pour l’emporter 5 minutes seulement devant Eric Péron (French Touch Ocean Club), puis Luke Berry (Le Rire Médecin - Lamotte) 22 minutes plus tard. « On voulait arriver par le nord de la zone d’éoliennes, de façon à échapper au courant en allant très vite. On avait beaucoup de vitesse. On n’a pas vu d’intérêt à aller au sud », analyse celui à qui tout réussi depuis le début de la saison. « C’était top ! On connait bien le bateau, on est très satisfait de notre rentrée, on n’a rien cassé, c’était musclé et on s’est fait plaisir », conclut Eric Péron qui disputait sa première course de la saison sur son Ocean Fifty French Touch Ocean Club.
Chacun rentre désormais à son port d’attache avant la prochaine épreuve qui les attend du 12 au 16 juillet à Saint-Quay Portrieux pour le Trophée des Multicoques Baie de Saint-Brieuc.