ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest : La cavalcade avant le coup de frein

Par Figaronautisme.com
carte de la course Arkea Ultim en direct

Les skippers de l'ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest se sont élancés depuis dimanche (13h30) et ils n’ont pas vraiment l’intention de se ménager. Engagés dans une sacrée course de vitesse, les concurrents ont traversé le golfe de Gascogne en une nuit et progressent à 200 milles des côtes portugaises. Des pointes de vitesse à 45 nœuds ont déjà été enregistrées. Désormais, les yeux sont rivés sur l’évolution d’une dépression qu’ils rencontreront à partir de mercredi.

Certes, nous étions tous prévenus. À terre, à l’heure de s’emmitoufler et de retrouver le train-train du quotidien, au moment où la belle journée d’hier est déjà rangée dans la case des souvenirs, on a tous regardé la « carto » (la cartographie). Et puis il y a une forme de surprise, qui, rassurez-vous partira au bout de quelques jours : le vertige qui saisit à voir les vitesses et l’avancée des skippers. En cet fin d’après-midi, alors qu’ils continuent à progresser dans le Sud à la latitude du Portugal, il faut intégrer que les concurrents ont déjà avalé plus de 650 milles (1046 km) en un peu plus de 24 heures.

« On sent qu’il y a de l’envie et de la compétition »

La perception de tous ceux qui ont l’habitude de suivre des tours du monde est ainsi bousculée. On pense à plusieurs réflexions des marins avant leur départ. Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) notamment : « On peut être en 12 jours au Cap de Bonne Espérance et en 30 jours au Cap Horn. En IMOCA, ça prenait plus du double de temps. Ça change totalement la vision d’un tour du monde ». Anthony Marchand (Actual Ultim 3) abonde : « Ce qui est dingue, c’est cette sensation de voyager très vite, d’être aux Canaries en 3 jours, au Cap Vert 23 heures après… »

Ce grand voyage a donc commencé dimanche, à 13h30 et un peu plus d’une journée plus tard, ils progressent à plus de 250 milles à l’Ouest des côtes portugaises. L’émotion du départ a laissé la place à la course. « C’était chouette, un vrai supplice aussi, assure Éric Péron (ULTIM ADAGIO). Vous avez tout fait pour que les larmes me montent aux yeux et forcément c’est émouvant ». « C’était un très beau départ, confie Thomas Coville (Sodebo Ultim 3). On sent qu’il y a de l’envie, de la compétition, c’est vraiment très plaisant ».

« C’est top de dégolfer en une nuit »

Et le skipper de Sodebo Ultim 3 d’ajouter : « Je ne sais pas si on pourra tenir la cadence mais c’est parti fort, très fort ». Au moment de se confier, il « s’enfonçait dans le noir » au cours de la première nuit de ce tour du monde. Le marin aux 8 tours du monde a eu des pointes « entre 38 et 43 nœuds ». À la direction de course, on a « enregistré des pointes à 45 nœuds », ajoutait Guillaume Rottee, le directeur de course.

Un sprint donc mais avec une vigilance de tous les instants, surtout cette nuit. Déjà parce que « le vent était hyper irrégulier, un coup à 40 nœuds, un coup à 15 nœuds », confie Tom Laperche (SVR-Lazartigue). Mais aussi parce qu’il faut « slalomer entre les cargos » dixit le benjamin de la course. « Ils ont dû doubler un certain nombre de cargos », reconnaît Guillaume Rottee. « C’est top de dégolfer en une nuit », apprécie Éric Péron qui a dû faire face à de « petits soucis électroniques ».

En attendant, déjà, la première dépression

Éric, dont le bateau est archimédien, a été logiquement distancé (95 milles) alors que les cinq autres bateaux se tiennent en seulement 20 milles. « On reste hyper groupé, c’est chouette », sourit Tom Laperche. La veille au soir, Armel Le Cléac’h avait empanné légèrement plus Ouest que les autres avant de les rejoindre. « Nous voulions faire qu’un seul changement de voile au lieu de deux, on ne voulait pas rater la bascule de vent en étant trop à l’Est et on tenait à éviter l’axe le rail des cargos dans le golfe de Gascogne », décrypte Nicolas Lunven de la cellule routage de Banque Populaire.

Depuis la fin de la matinée, le vent s’est renforcé, autour de 25 nœuds et des rafales à 30/35 nœuds étaient attendues cet après-midi. Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) conserve la tête sur l’orthodromie. « Après leur beau tout droit dans le golfe de Gascogne, nous avons le droit à une course de vitesse », décrypte Thierry Chabagny de la cellule routage de l'Actual Ultim 3. Parmi les enjeux de la journée, la traversée d’un thalweg (une zone de creux dépressionnaires bordés par les hautes pressions). En une poignée d’heure, le vent est passé de Sud-Est à Nord-Ouest, une bascule à 180° à négocier. « Ce n’était pas forcément évident avec des passages de grains et parfois des vents un peu faibles, ajoute Nicolas Lunven. C’est pour cela que la flotte a été légèrement éparpillée ».

La suite devrait être relativement stable avec ce flux de Nord-Ouest tout au long de la journée, ce qui devrait maintenir les écarts. Ce que les skippers et les routeurs examinent avec attention, c’est la dépression conséquente qui se forme vers l’Ouest et qu’ils négocieront à la latitude des Açores. « C’est une dépression qui circule très vite, qui se creuse et dont la trajectoire est encore incertaine », abonde Nicolas. « Ça commence mercredi matin et jusqu’à jeudi soir, ça va être costaud », assure Thierry Chabagny qui y voit « un premier passage à niveau ». « L’enjeu, c’est de savoir où mettre le curseur pour bien se positionner. Plusieurs options sont sur la table et les équipes n’ont pas encore tranché. On a encore 24 heures pour se décider ». Une certitude : tous savent que plus les skippers iront vite en ce moment, « moins tu te feras taper dessus mercredi » conclut Thierry. La course ne fait que commencer et on a la garantie que la pression va très vite s’intensifier.

Meteoconsult marine
Partenaire météo officiel des plus grandes courses au large
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…