
Une première participation... et une victoire
Fondé en 1953 par le Prince Rainier III, le YCM n’avait encore jamais pris le départ de l’Admiral’s Cup. En 2025, c’est son petit-fils, Pierre Casiraghi, qui a mené l’équipe monégasque à la conquête du trophée. Aux côtés de Peter Harrison, membre actif du YCM et skipper de Jolt 3 (TP52), Casiraghi a embarqué dans une campagne de deux ans, pensée dans les moindres détails : Channel Race, inshore dans le Solent, puis l’ultime juge de paix - la Rolex Fastnet Race.
L’enjeu était de taille : 15 clubs de quatre continents s’affrontaient, des ténors du circuit comme Karl Kwok (Beau Geste, RHKYC), James Murray (Callisto, RNZYS), Eric de Turckheim (Teasing Machine, YCF) ou encore Vasco Vascotto (Django WR51, YCCS). Tous rêvaient d’accrocher leur nom à la Coupe mythique.

Une tension insoutenable jusqu’à l’arrivée à Cherbourg
En AC1, trois bateaux se tenaient en un point : Django WR51, Jolt 3, Beau Geste. En AC2, Callisto et Beau Ideal étaient à égalité, suivis de près par Jolt 6. Autant dire que la Rolex Fastnet Race s’annonçait irrespirable.
Pendant près de 700 milles, les positions ont évolué sans cesse, chaque mètre arraché avec acharnement. Gavin Brady, barreur de Beau Geste, décrivait une régate "bord à bord sur 700 milles, un match-race sans fin". Jusqu’au bout, le Royal Hong Kong Yacht Club semblait tenir sa revanche, avant que le YCM ne coiffe tout le monde dans les derniers milles, au terme d’un final d’anthologie. Le podium fut complété par le Yacht Club Costa Smeralda, après un incroyable photo-finish face au Royal New Zealand Yacht Squadron.
Une équipe monégasque exemplaire
Ce triomphe, Pierre Casiraghi le résumait avec humilité : « C’est la course la plus épuisante que j’ai jamais faite. Callisto nous est passé devant, et on a dû se battre jusqu’au bout. Cette victoire, c’est celle d’un collectif soudé, où chacun a donné le meilleur. » Il saluait aussi la performance du navigateur Will Harris, "impeccable de bout en bout".
Peter Harrison, de son côté, qualifiait ce succès de "plus grand résultat de sa carrière" : « On a cru à ce projet dès le départ. Avec Matt Adams à la gestion et des équipages soudés sur les deux bateaux, on a créé une dynamique unique. Cette victoire montre que le YCM a sa place au plus haut niveau en offshore. »
L’équipe monégasque rassemblait des talents internationaux : de Carlo Huisman à Stacey Jackson, en passant par Andrew McLean ou Cole Brauer. Une armada équilibrée, combinant expérience et fraîcheur, qui a su exploiter chaque opportunité.

Les rivaux saluent l'esprit de la Coupe
Même les vaincus étaient admiratifs. Karl Kwok, légende de la voile asiatique, célébrait la renaissance de l’épreuve : « On a attendu 30 ans pour revenir, et cette édition a surpassé toutes nos attentes. » Vasco Vascotto soulignait la rareté de ces instants : « On a tous fait des milliers de régates, mais l’Admiral’s Cup, c’est unique. Ce sont des émotions qu’on ne vit que deux ou trois fois dans une carrière. »
Quant à Eric de Turckheim, artisan de ce renouveau, il se réjouissait d’avoir recréé "la magie d’un format accessible, mais qui demande une polyvalence totale". Sa vision - une compétition club-based, avec un format deux-bateaux - a su séduire les clubs du monde entier.
Un succès d'organisation salué par tous
Au-delà de la performance sportive, l’édition 2025 a été un sans-faute organisationnel. Le RORC, sous la houlette de Steve Cole et Deb Fish, a su conjuguer tradition et modernité. Cole insistait : « Ce que nous voulions, c’était un évènement inclusif, où la compétition serait rude mais l’esprit de respect mutuel préservé. La standing ovation pour l’équipe Van Uden, jeune et amateur, a résumé cet état d’esprit. »
La remise des prix, dans le village de la Rolex Fastnet à Cherbourg-en-Cotentin, fut un moment fort. Janet Grosvenor, amiral du RORC, remettant le trophée à Casiraghi et Harrison, scellait cette édition comme un jalon marquant du centenaire du Club.

Rendez-vous en 2027
L’histoire, pourtant, ne fait que recommencer. Les dates de la prochaine édition ont déjà été annoncées : du 17 au 24 juillet 2027, la flotte reviendra à Cowes, prête à écrire un nouveau chapitre. Mais une chose est sûre : la résurrection de l’Admiral’s Cup a frappé fort, réunissant légendes, jeunes talents, passionnés et vétérans autour d’un même rêve. Monaco, petit pays mais grande équipe, en a été le symbole éclatant.