The Ocean Race : en Méditerranée, le suspense ne fait que commencer

Course au large
Par Le Figaro Nautisme

À l’issue de l’étape la plus longue de The Ocean Race Europe, Biotherm l’a emporté et confirmé sa domination (25 pts). Pourtant, ses poursuivants dont le premier d’entre eux Paprec Arkéa (18 pts), sont loin d’avoir baissé les bras.

À l’issue de l’étape la plus longue de The Ocean Race Europe, Biotherm l’a emporté et confirmé sa domination (25 pts). Pourtant, ses poursuivants dont le premier d’entre eux Paprec Arkéa (18 pts), sont loin d’avoir baissé les bras.

Il reste encore trois semaines de compétition et trois étapes au cœur d’une mer Méditerranée toujours aussi capricieuse et imprévisible. Le suspense entrevu ces derniers jours devrait donc être toujours aussi prégnant dès le retour de la compétition mardi prochain. Avant, retour sur un début de course décidément très haletant.

Biotherm, une domination sans partage

Avant le départ à Kiel, Paul Meilhat n’avait jamais remporté d’étapes estampillées The Ocean Race. Certes, Biotherm avait frôlé la victoire lors du tour du monde en 2023 (2e au Cap, 2e à Gènes) mais l’équipage ne s’était jamais imposé.

Désormais, tout ceci est de l’histoire ancienne puisqu’il vient de remporter les deux premières étapes de The Ocean Race Europe. Surtout, l’équipage a accumulé le maximum de points possibles (25 points) en étant également en tête aux deux Scoring Gate et au Fly By à Matosinhos-Porto. « J’ai du mal à réaliser qu’on a terminé premiers à chaque fois, confiait Amélie Grassi cette nuit. C’est très fluide à bord entre nous, il y a une bonne énergie de travail, on sent qu’une amitié est en train de se créer ».

Biotherm est donc parvenu à capitaliser dans des allures (petit temps, medium, près) où ses adversaires semblent moins performants. Ils ont aussi progressé au portant dans le vent soutenu. Néanmoins, cela n’explique pas tout, comme l’assure Pascal Bidégorry (Paprec Akéa) particulièrement élogieux à leurs égards : « depuis le départ, Biotherm est un cran au-dessus. Ils naviguent bien, proprement, il n’y a rien à redire ! » « Ils n’ont pas de point faible », ajoute Franck Cammas (Holcim-PRB). Une question est désormais sur toutes les lèvres : vont-ils conserver les commandes de la course jusqu’à Boka Bay ? Affaire à suivre.

Le match des poursuivants

À Matosinhos-Porto comme à Carthagène, le suspense aura été à son comble jusqu’au bout. Au Portugal, un problème de configuration de voile chez Holcim-PRB, la nuit précédent l’arrêt, avait permis à Paprec Arkéa de prendre la deuxième place.

En Espagne, c’est l’inverse : Holcim-PRB a pris les devants en profitant d’une « petite erreur liée à un décalage » de son adversaire direct (d’après les mots de Yoann Richomme). « On est forcément déçu du résultat mais pas de notre étape », a confié le skipper à l’arrivée. En revanche, Holcim-PRB accumule des points après les premiers inscrits au Portugal. « Nous sommes dans le match, avec les meilleurs bateaux et équipages de la flotte », se réjouit Franck Cammas. Avec 11 points, l’équipe de Rosalin Kuiper talonne désormais Team Malizia (13 pts).

Dans cette seconde étape, l’équipage allemand - un temps retardé après s’être pris un filet de pêche - a été légèrement en retrait, ce qui ne présage bien entendu rien pour la suite de la compétition.

Holcim-PRB et Allagrande Mapei Racing, fortunes diverses

Ils ont réalisé deux exploits qui resteront dans les annales de la course au large. Une semaine après leur collision spectaculaire à Kiel, Holcim-PRB et Allagrande Mapei Racing avaient réussi à réparer et à être d’attaque pour la 2e étape à Portsmouth.

Des deux côtés, on assure, à l’instar d’Ambrogio Beccaria tout à l’heure qu’ils « ont mis l’incident complément de côté, on n’y a même pas pensé ». Le jury statuera ce dimanche pour livrer ses conclusions suite à ce terrible fait de course. Quoi qu’il en soit, les deux équipages ont densifié la flotte et renforcé le suspense par la même occasion. Et d’entrée de jeu, les deux étaient aux avant-postes, jusqu’au regroupement à Ouessant.

Si Holcim-PRB est parvenu à tenir la cadence des leaders, le bateau italien a ensuite été légèrement décroché le long du Portugal avant de faire l’élastique avec Team Malizia. L’équipage d’Ambrogio a pourtant gardé la foi jusqu’au bout au point de prendre la 4e place. « Au début, ce n’était pas facile, on était trop loin du match mais on a trouvé la motivation pour revenir sur Team Malizia », sourit Ambrogio Beccaria. L’Italien rappelle qu’il « débute en IMOCA » et qu’il « apprend tous les jours » aux côtés de deux grands experts de la Classe, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière.

De son côté, Canada Ocean Racing - Be Water Positive, avec Pip Hare comme 'person in charge' sur l'étape, a été à la fête au début de course, prenant d’ailleurs furtivement les commandes à Ouessant. Ils devraient néanmoins terminer 6es de l’étape, eux qui pointent à la 5e place au classement. Enfin, Team Amaala a longtemps été retardé dans des zones sans vent dès la descente du Portugal. L’équipage d’Alan Roura était attendu dans la journée à Carthagène.

Des règles du jeu qui favorisent le suspense

Après avoir disputé l’étape la plus longue de cette édition, tous louent le parcours, son cran de difficulté et la beauté des paysages traversés. C’est Pascal Bidégorry qui en parle le mieux : « passer le cap de Saint-Vincent, Gibraltar, Cabo de Gata... Ce sont des moments magiques que l’on a pas l’habitude de vivre dans les autres courses ». Et le skipper expérimenté d’ajouter : « le format de la The Ocean Race Europe est génial avec ces étapes de quelques jours et les IMOCA s’y prêtent très bien finalement ! »

Un décor de rêve donc qui n’empêche pas un combat de chaque instant sur l’eau. « Il y a un très bon niveau et c’est toujours très intense », abonde Yoann Richomme. Le skipper de Paprec Arkéa rappelle qu’il « reste encore plus de la moitié des points à jouer, on en a distribué 25 et il en reste 35 ». Un aspect que tous les équipages ont bien en tête puisqu’ils déterminent tout. La bataille pour chaque Scoring Gate après les départs est ainsi saisissante. Il y en aura d’autres à Cabo de Palos dès mardi, à Monaco après le départ de Nice, à Santo Stefano après celui de Gênes. Ainsi, tout est remis en jeu à chaque étape et cela contribue à renforcer le suspense. Avec une interrogation : les autres équipages parviendront-ils à arrêter la moisson de points de Biotherm ?

La Méditerranée, décidément si imprévisible

Pour viser la victoire, les skippers vont continuer à apprivoiser les conditions en Méditerranée. Si la plupart y ont déjà navigué, tous pourraient faire sienne la maxime de Socrate : « ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». En cause ? Des conditions très changeantes et pas toujours visibles sur les fichiers météos. Ainsi, tous ont connu un sacré coup de frein, après le passage de Gibraltar, en passant de près de 30 nœuds à une absence quasi-totale de vent en une poignée de secondes.

Yoann Richomme a trouvé une expression pour ça : « le ventilateur s’est complètement éteint ». Pascal Bidégorry raconte : « on a passé 24 heures dans la pétole à être totalement arrêté, c’était impossible de faire quoi que ce soit ! » Franck Cammas l’a dit à sa manière hier : « c’est le jeu de la Méditerranée. Un jour on est attaquant, l’autre on est attaqué... C’est très ouvert et ça n’est jamais fini ! » Et ça tombe bien : la Méditerranée sera le terrain de jeu jusqu’à l’arrivée, de quoi garantir un sacré suspense !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...