
La flotte est particulièrement resserrée avec moins de 10 milles entre l’ensemble des bateaux avec un très léger avantage pour l’actuel leader, Paprec Arkéa. Et il faudra prendre son mal en patience : la suite s’annonce encore très longue avant de descendre vers le sud...
Depuis le départ hier de Gênes, les skippers deviendraient presque philosophes. Chaque manœuvre et chaque petit coup stratégique sont en effet liés à deux réflexions lancinantes : peut-on faire une course de voile sans vent ? Et surtout, peut-on faire la course sans aller vite ? Avant le départ, Yoann Richomme (Paprec Arkéa) prévenait : « Ça s’annonce lent et très léger, on pourrait mettre 48 heures à parcourir les 200 premiers milles ». Ça s’est d’ailleurs vérifié dès les premiers milles avec moins de 5 nœuds de vent et des vitesses ne dépassant pas les 4 nœuds.
« C’est très beau mais c’est très technique »
« On a eu très peu de vent et pas beaucoup plus depuis le départ », raconte Paul Meilhat (Biotherm). Il évoque des premiers milles délicats : « c’était tendu, tout le monde voulait tourner à droite, on a décidé de ne pas prendre de risque ». En revanche, le skipper de Biotherm souligne que « la mer est la plus plate qu’on ait eue depuis le départ », ce qui a permis aux spectateurs de se rapprocher des bateaux. « On a de la mer plate depuis qu’on est parti, c’est hyper plaisant », abonde Yoann Richomme.
Comme l’explique Paul Meilhat, deux options étaient sur la table lors des premières 24 heures : filer vers la Corse ou « jouer avec la brise thermique en longeant la côte ». Toute la flotte a choisi la deuxième option. « C’est très beau parce que ça nous oblige à longer la terre mais c’est très technique aussi » poursuit-il. « L’enjeu, c’est de récupérer du vent de la côte et espérer ensuite récupérer un peu de thermique », poursuit Yoann Richomme. Concrètement, cela signifie que les équipages « devraient aller jusqu’à la hauteur de Nice » tout au long de la journée.
« On n’est pas près d’arriver ! »
La régate bat son plein, « on est tous très proches » souligne Paul Meilhat. Allagrande Mapei Racing avait pris les commandes dès le départ, à la grande joie de Thomas Ruyant : « on a fait un bon départ en réussissant à aller chercher le peu de vent thermique qu’il y avait à proximité de la côte. C’était erratique mais ça nous a permis de bien avancer ».
Biotherm les a récupérés puis Paprec Arkéa. « On a essayé de s’extirper en tête et c’est bien cool d’y être parvenu », savoure Yoann Richomme. Le bateau bleu et rouge a conservé la tête ce matin mais les écarts sont infimes : moins de 10 milles entre les sept IMOCA et seulement 5 milles entre les trois premiers (avec Holcim-PRB 2e, Biotherm 3e) !
Dans la nuit, Allagrande Mapei Racing a connu une petite mésaventure. « On a eu un problème de vitesse mais on a eu du mal à en comprendre la raison, raconte Thomas Ruyant ». En éclairant la quille, ils se rendent compte que « de nombreux branchages s’étaient accumulés sur le haut du voile de quille ». Ambrogio Beccaria a donc plongé pour les retirer avant que le bateau ne reprenne sa route. « Forcément, ça nous a un peu énervé mais on est reparti et on essaie de s’accrocher au wagon ».
Pour l’ensemble de la flotte, la bataille va donc se poursuivre tout au long de la journée dans des petits airs. « On ne sait pas encore très bien quand on va avoir davantage de vent donc ça devrait bien nous occuper en matière de stratégie, décrypte Yoann. C’est le vent qui décidera toujours de là où on peut aller ! » « Ça va être sympa mais ça va être très long », abonde Paul Meilhat. On n’est pas près d’arriver au premier waypoint (au niveau de la Sardaigne, ndrl). On va mettre deux jours pour y arriver ! »