Route du Rhum 2022 Destination Guadeloupe – Les écarts se font et se défont

Par Figaronautisme.com / RDR2022

Ce vendredi, alors que Francis Joyon (IDEC Sport) et Yves Le Blévec (ACTUAL Ultim 3) ont à leur tour franchi la ligne d’arrivée de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, terminant ainsi 4e et 5e dans la classe Ultim 32/23, la bagarre continue de s’intensifier à l’approche de l’arc Antillais dans les autres catégories.

Chez les Ocean Fifty, le sprint final est désormais lancé et un duel semble se dessiner entre les deux leader Quentin Vlamynck (Arkema) et Erwan Le Roux (Koesio), désormais passés sous la barre symbolique des 1 000 milles restant à parcourir. Chez les IMOCA, dans le petit groupe de tête composé de sept solitaires et toujours emmené par Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyan (LinkedOut), les écarts continuent de se faire puis de se défaire au gré des grains et des incessantes bascules du vent. Idem chez les Class40 où Yoann Richomme (Paprec Arkea) continue de consolider son avance mais derrière lequel la hiérarchie est régulièrement chamboulée.

Nautisme Article
© Photo PILPRE ARNAUD

« Ce matin, on est à 880 milles de la Tête à l’Anglais. On opère les derniers recalages avant d’entamer un long bord tout droit vers la Guadeloupe. Il faudra être rapide mais aussi savoir faire preuve de vigilance avec les nuages », a commenté Quentin Vlamynck, ce matin, lors de la vacation officielle. De fait, si sur le papier les prochaines heures de course jusqu’à la pointe nord l’île Papillon vont s’apparenter à un grand schuss, dans la réalité, la donne sera forcément un peu moins lisse, ainsi que l’a rappelé Yann Eliès, membre de la cellule de routage et de performance d’Erwan Le Roux : « Il va y avoir des grains et diverses petites choses susceptibles de jouer avec les nerfs des marins. Il ne va pas falloir qu’ils s’endorment ! ». Pour l’heure, en tous les cas, les skippers d’Arkema et de Koesio poursuivent leur route pied au plancher, à moins de vingt milles d’écart désormais. « Le bateau est en bon état donc ça permet d’attaquer un peu. J’essaie de distancer Erwan mais, c’est dur, il s’accroche. Ça fait une belle bataille et c’est stimulant, mais j’aimerais bien avoir un peu plus d’avance et pas avoir à regarder dans le rétro en permanence ! », a relaté Quentin dont le leadership n’a que très rarement été aussi menacé depuis le départ. « Sébastien Rogues a concédé des milles cette nuit. Il semble avoir un souci compte-tenu de ses vitesses. Le match est en train de se transformer en duel et je vais tout faire pour rester devant », a ajouté le jeune navigateur, nettement mis sous pression par son poursuivant depuis hier. « Je me rapproche petit à petit. Ces dernières 24 heures m’ont permis de bien réduire mon écart. J’arrive dans cette partie de l’alizé avec une machine à 100%. Le bateau à une vraie capacité à accélérer et à aller vite que je vais tâcher d’exploiter au mieux. La victoire va probablement se jouer sur le tour de Guadeloupe. On sait que sur cette portion du parcours tout est possible », a commenté le skipper de Koesio qui sait de quoi il parle puisqu’il signe cette année sa quatrième participation à l’épreuve.

Nautisme Article
© Photo Thomas Ruyant - LinkedOut

Des alizés joueurs

Du côté des IMOCA, la tension monte aussi petit à petit au sein de la flotte, et en particulier aux avant-postes où le jeu des chaises musicales se poursuit derrière le tandem Charlie Dalin (Apivia) - Thomas Ruyant (LinkedOut). Ce vendredi, c’est Kévin Escoffier (Holcim – PRB) qui effectue un joli retour en force après avoir perdu du terrain dans la dorsale, hier. « Après avoir un temps perdu le contact avec les autres, je suis content aujourd’hui de les revoir à l’AIS. Dans les alizés, les écarts se créent ou se réduisent en très peu de temps, en fonction d’un grain ou d’une bascule. Rien n’est jamais fait, dans un sens comme dans l’autre. C’est d’ailleurs pour ça que ça va être intéressant jusqu’au bout ! », a commenté le navigateur qui pointe en 3e position ce matin, mais garde donc la tête froide quant à la suite. « Je n’aime pas ces vents-là. Il y une part de roulette russe. Si tu es au mauvais endroit au mauvais moment et que tu prends un grain, tu peux prendre 30-40 milles en une nuit. Il faut être opportuniste et chanceux », a résumé le Malouin, pas mécontent, cependant, de profiter de conditions de navigation plutôt agréables malgré l’instabilité de l’air. « La mer est plate, il fait beau et il y a plus ou moins 15 nœuds de vent. On ne peut pas se plaindre. Après ce qu’on a pu avoir avant l’anticyclone des Açores dans les fronts, ça rassemble à des vacances. Ce sont toutefois des vacances physiquement seulement car psychologiquement ça reste compliqué face à des alizés si joueurs », a concédé Kévin Escoffier.

Yoann Richomme « en ballotage très favorable »

Même son de cloche ou presque chez les Class40 qui doivent faire preuve d’encore un peu de patience avant de toucher ces fameux vents de nord-est, mais qui savourent également un retour au calme sur un terrain de jeu enfin aplanit. « Glisser sous gennaker tout droit, c’est assez reposant mais en mode « course », ça l’est surtout pour ceux qui vont plus vite. Pour les autres, c’est agaçant ! », a expliqué Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo) à la vacation, visiblement contrarié par sa nuit. « Je suis dans un trou d’air tandis que Yoann (Richomme) a commencé à redémarrer. Normalement, ça va pousser par devant donc l’écart avec lui va encore s’accroître. Connaissant le garçon et vu la configuration, ça va devenir compliqué de le revoir avant les bistrots de Guadeloupe. Il reste évidemment un paquet de milles et tout peut arriver mais disons qu’à ce stade de la course, il est en ballotage très favorable », a déploré le Nantais qui voit aujourd’hui le leader porter son avance à plus de 50 milles, mais aussi les copains de derrière revenir fort. Au dernier pointage, Ambrogio Beccaria (Allagrande Pirelli) est même parvenu à lui chiper la deuxième place tandis que Simon Koster (Banque du Léman) commence à lui faire sentir son souffle. Ces trois-là se tiennent en moins de quatre milles et se rendent coup pour coup dans des conditions qui restent bien mollassonnes en attendant les alizés qui commencent à se faire plus que désirer après bientôt dix jours de course !

Nautisme Article
© Photo Claire Sellier

Ce qu’il faut retenir :

- Ce vendredi à 3h56, heure de Paris, Francis Joyon (IDEC Sport) a franchi la ligne d’arrivée de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Le Trinitain, tenant du titre, s’est ainsi octroyé la quatrième place chez les Ultim 32/23. Yves Le Blévec (ACTUAL Ultim 3) a, pour sa part, bouclé les 3 542 milles du parcours en 5e position à 6h04.

-Hier vers 21 heures, Xavier Macaire (Groupe SNEF) a constaté deux fissures importantes à l’avant de son bateau, au niveau du bouchain et du fond de coque. Le Sablais, qui évolue toujours dans le Top 5 en Class40, a lancé des travaux de stratification.

-David Ducosson, le skipper du Rhum Multi Trilogik – Dys de Cœur, qui était en escale à Lorient pour réparer son pilote automatique, a repris sa course hier à 18h45.

-De son côté, Hervé Thomas a quitté les Açores vers 19h30, après un arrêt technique de neuf heures à Ponta Delgada. Le skipper du Class40 Bleu Blanc fait de nouveau route en direction de Pointe-à-Pitre.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…