Par Figaronautisme.com / RDR2022

Qui d’Erwan Le Roux (Koesio) ou de Quentin Vlamynck (Arkema) va remporter cette 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Ocean Fifty ? Impossible de répondre à cette question ce dimanche matin, à seulement 20 milles de l’arrivée.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est que jamais depuis le départ de Saint-Malo le 9 novembre dernier, le match n’a été aussi serré que maintenant dans la classe avec un avantage qui a tourné en faveur du Trinitain ces dernières heures. Pour l’un comme pour l’autre, l’enjeu est évidement de taille. S’il l’emporte, le premier entrera alors dans le cercle très fermés des doubles vainqueurs de l’épreuve. S’il s’impose, le deuxième signera quant à lui son premier grand succès en solitaire après déjà une très belle victoire en équipage cette saison dans le cadre du Pro Sailing Tour.

 

Ce qu’il faut retenir :

Important retournement de situation, aux alentours de 3 heures ce dimanche, au sein de la flotte des Ocean Fifty. Erwan Le Roux (Koesio) a pris les commandes à Quentin Vlamynck (Arkema). Plus que jamais, le tour de la Guadeloupe va être décisif pour la victoire dans cette classe aujourd’hui.

En 2018, Armel Tripon sur l’Ocean Fifty Réauté Chocolat avant mis 4h37’40 pour rallier la Tête à l’Anglais à la ligne d’arrivée. Le meilleur chrono sur la distance toutes catégories confondues.

Ce dimanche 20 novembre, quatre arrivées sont attendues à Pointe-à-Pitre. Celles d’Erwan Le Roux et de Quentin Vlamynck, mais également celles d’Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) puis de Sébastien Rogues (Primonial).

Après avoir déjà effectué des arrêts techniques à Brest puis à Lorient, David Ducosson (Trilogik – Dys de Cœur) a désormais rejoint La Corogne, ses problèmes de pilote automatiques persistants.

François Jambou, le skipper du Class40 A l’Aveugle – Trim Control qui avait démâté lundi dernier dans le nord-est des Açores, a rallié le port de Muxia, en Espagne, aux environs de 19 heures hier.

Gilles Buekenhout (Jess), le leader de la catégorie des Rhum Multi, a mis sa course en pause pendant dix minutes hier soir, en hommage aux deux victimes du tragique accident survenu mercredi dernier au large de Pointe-à-Pitre. Sa façon à lui de respecter une minute de silence.

 

L’épilogue est tout proche pour les Ocean Fifty dans cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe et jamais le suspense n’aura été si intense en tête de flotte depuis le départ. « J’aurais préféré un autre scénario, mais c’est un beau scénario, une belle régate ! », a commenté Quentin Vlamynck (Arkema) ce matin, peu après avoir cédé les commandes de la course à Erwan Le Roux (Koesio), revenu comme une balle ces dernières douze heures. « Je récolte les fruits de mon décalage plus nord réalisé hier en début de journée. Quentin a été obligé de se rapprocher de moi pour me contrôler, et il ne l’a pas fait dans des conditions optimales. Cela m’a permis de recoller au score », a détaillé de son côté le skipper de Koesio, alors lancé à plein badin en direction de la pointe nord de la Guadeloupe. « C’est un peu chaud. J’ai affalé le gennaker et je file sous J1 entre 27 et 30 nœuds de moyenne. Il y a un peu de tension. Le risque, c’est notamment de se prendre un truc dans l’eau. A cette vitesse, c’est flippant », a ajouté Erwan. « Tout va clairement se jouer sur le tour de l’île qui, je l’imagine, sera fidèle à son habitude, avec des zones de molles, des dévents et des petites risées. Le but du jeu sera de réussir à exploiter tout ça au mieux », a détaillé le Trinitain qui, contrairement à son adversaire, à d’ores et déjà l’expérience de trois Route du Rhum (2010, 2014 et 2018). « Sur cette portion du parcours, il n’existe pas de règles. Aussi, tant que la ligne ne sera pas passée, on gardera foi en nos chances de victoire », a assuré le solitaire qui, plus que jamais, peut rêver de doublé après sa première victoire il y a huit ans, avec le record de l’épreuve à la clé (11 jours, 5 heures et 13 minutes). « Le duel avec Quentin ? On ne pouvait pas espérer meilleur contexte, ni meilleur adversaire. En début d’année, on a conclu un pacte d’entraînement commun. Quand on était en stage à Port Médoc en septembre, on n’aurait pas imaginé se retrouver tous les deux en même temps à la Tête à l’Anglais, en tête de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Ça fait plaisir ! » a assuré Erwan Le Roux. « Ça rajoute du piment dans le match et il ne faut rien lâcher. Je vais faire mon maximum et on verra bien le résultat. Ça aura été une belle transat en tout cas. Ça peut même être un finish historique ! », a relaté le skipper d’Arkema qui a longtemps dominé la course avant d’être franchement mis sous pression par son adversaire il y a trois jours. « Ce n’est pas évident de naviguer dans ces endroits, avec les grains. Cela impose énormément de vigilance. Il faut être dessus en permanence. Dans l’instant, je n’ai pas la bonne voile mais avec Erwan si proche de moi, je n’ai plus le temps de manœuvrer. Je fais juste en sorte d’aller le plus vite possible en gardant le bateau dans le bon sens », a commenté Quentin qui s’est, certes, fait souffler le leadership vers 3 heures ce dimanche, mais qui sait bien que ce sont les 60 derniers milles après la Tête à l’Anglais qui feront toute la différence. Bonne nouvelle ou pas pour lui, le contournement de l’île devrait se faire dans des conditions classiques, comme pour Arthur Le Vaillant (Mieux) en Ultim 32/23 hier. En clair : les zones de dévents au sud-ouest de Basse-Terre ne devraient être pénalisantes que temporairement, à tout le moins en théorie. Le verdict ? Il est attendu en fin de matinée ou à la mi-journée (heure de Paris) !

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Athur Le Vaillant entouré à son arrivée à Pointe à Pitre des deux précédents skippers de son trimaran Mieux, Thomas Coville et Yves Le Blevec© Photo Arnaud Pilpré / RDR2022

La part belle à la vitesse

Du côté des IMOCA, en tête de flotte, le duel entre Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia) se poursuit également intensément. A peine dix milles séparent les deux leaders qui voient remonter à moins de 50 milles de leurs tableaux arrières Jérémie Beyou (Charal). Indiscutablement le concurrent le plus rapide du peloton actuellement, le marin de la baie de Morlaix ne ménage plus ses efforts à, désormais, moins de 500 milles de l’arrivée. « Je suis bien revenu sur ceux de devant et j’ai creusé sur ceux de derrière, c’est bien. Je suis à l’attaque. Je n’ai pas réduit la toile donc c’est un peu chaud car il y a entre 23 et 26 nœuds de vent en moyenne, avec de bons grains », a relaté le skipper de Charal qui a décidé de lâcher ses coups pour ne rien avoir à regretter. « J’ai essayé d’empanner un peu à l’intérieur de la route pour ne pas me mettre derrière les autres. A ce stade, il faut tenter des choses. L’idée, ce n’est pas seulement de garder Kevin Escoffier (Holcim – PRB) mais aussi de recoller sur les deux premiers. Si jamais une porte s’ouvre, il faudra pouvoir la saisir pour entamer le tour de l’île pas trop loin derrière eux », a indiqué Jérémie Beyou qui, comme ses concurrents directs, poursuit sa route en bâbord amure sur un bord tout schuss en direction de l’île Papillon. « Cette ligne droite, on en a pour 20 heures et ça va être 20 heures d’enfer », a promis le Finistérien qui doit, comme toujours, trouver le meilleur compromis entre vitesse et préservation du matériel. Même programme pour Yoann Richomme (Paprec – Arkea), solide leader en Class40 avec désormais plus de 110 milles d’avance sur la concurrence. « Ça commence à devenir confortable. Tant mieux, mais j’ai hâte de mettre le spi et d’en profiter un peu plus. Ce bord tout droit sur le même réglage depuis trois jours, c’est facile mais ce n’est pas très intéressant. J’en ai un peu marre, même si j’ai l’avantage de la situation en étant en tête », a concédé le tenant du titre qui reste, ce matin, plus véloce que l’ensemble de ses rivaux. « Je n’arrête pas de creuser. Je bénéficie d’un meilleur angle de vent ou de plus de vent. Peut-être même des deux ! », a raconté Yoann Richomme qui devrait très vite remplacer son gennaker par son spi dans la journée. « Le bateau sera un peu plus à plat mais ça ne sera pas plus tranquille. On va garder du vent soutenu jusqu’à l’arrivée. L’alizé est bien fort », a souligné le marin qui va continuer sa route tout droit encore un moment. « Niveau stratégie, il n’y a pas grand-chose à faire », a terminé le skipper de Paprec – Arkea. Aller le plus vite possible, tel est donc l’enjeu du moment, pour tous et dans toutes les classes en ce moment !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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