Jean-Pierre Dick (Notre Méditerranée – Ville de Nice), premier Rhum Mono avant jury

Il en rêvait depuis longtemps et il l’a fait : Jean-Pierre Dick vient de remporter (avant jury) La Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Rhum Mono ! Un succès qui manquait à son long palmarès de coureur au large. Quadruple vainqueur de la Transat Jacques Vabre (2003, 2005, 2011, 2017), double vainqueur de la Barcelona World Race (2008, 2011) : le skipper niçois s’est illustré à de nombreuses reprises en double, mais il lui manquait une grande victoire en solitaire. C’est désormais chose faite !
Après une pause de quatre ans, Jean-Pierre Dick avait décidé de revenir sur La Route du Rhum – Destination Guadeloupe avec son plan Verdier de 2010. Un retour loin d’être anodin pour le compétiteur qu’il a toujours été. Et qu’il est toujours. « Je sentais que mon histoire avec la course n’était pas terminée », confiait celui qui « avait le bateau pour gagner en 2010 » et qui « revient 12 ans après dans l’optique de passer un peu cette désillusion ». En parallèle, Jean-Pierre souhaitait aussi rendre hommage à son père disparu il y a 30 ans, sensibiliser à la cause méditerranéenne et insister sur la biodiversité qui est encore exceptionnelle. « En tant que Niçois, j’avais à cœur de mettre en avant notre Méditerranée dont j’ai l’honneur d’être l’un des représentants, aux côtés de coureurs comme Kito de Pavant et Xavier Macaire. Cette mer est un joyau de notre environnement et il est à défendre aujourd’hui », déclarait-il quelques jours avant le départ à Saint-Malo.
En tête depuis le 11 novembre dernier, Jean-Pierre Dick rend une copie presque parfaite sur cette 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Une course sur laquelle revient Yann Eliès, qui connaît bien Jean-Pierre pour avoir notamment disputé et gagné avec lui la Transat Jacques Vabre 2017. « Il a fait une super course à la Jean-Pierre, c’est-à-dire qu’il n’a pas refusé le combat au début tout en étant quand même relativement prudent. Au début, tous les routages faisaient partir plein nord comme l’a fait Wilfrid Clerton. Malheureusement, c’était une voie de garage. Tous les routages annonçaient la route la plus courte par là-bas sauf qu’elle n’était pas réalisable. C’était une route « jeu vidéo ». Jean-Pierre, intelligemment, a réussi à doser la façon dont il fallait négocier les fronts », analyse Yann Eliès, pour qui Jean-Pierre Dick est « comme un albatros, il n’est heureux qu’en mer. C’est un dur au mal, quelqu’un qui sait se donner, affronter les éléments. Parfois, il en oublie même un peu de prendre soin de lui. Il est heureux en mer, il n’y a plus les contraintes qu’il y a à terre. Et là, il peut vraiment vivre comme il l’entend ».
Le 13 novembre, alors qu’il menait toujours la danse en Rhum Mono, le skipper de Notre Méditerranée – Ville de Nice a été dérouté par la Direction de Course de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour aller chercher Brieuc Maisonneuve suite au chavirage de son catamaran CMA Île-de-France – 60.000 Rebonds, avant de le déposer à San Miguel (Açores) le 17 novembre. Pour lui, le départ de Brieuc Maisonneuve avait été un moment déstabilisant et il lui avait fallu un peu de temps pour reprendre ses marques en solitaire. Suite à sa demande de redressement, le jury lui a accordé 8 heures de bonification. « Ça a dû lui faire vraiment du bien de repartir tout seul en mer. Une fois qu’il a déposé son " passager clandestin ", il a fait une course intelligente. Beaucoup de concurrents se sont fait avoir par la chimère d’aller chercher les alizés très à l’est. Les routages faisaient aller là-bas, mais à chaque fois, c’était des mini portes qui ne passaient qu’à condition que tout s’enchaîne bien. Jean-Pierre est resté plutôt proche de la route directe, qui ne faisait pas de grands détours parce que malheureusement, cette année, les alizés étaient très durs à attraper. Il fallait être patient ». Si en 2010, Jean-Pierre Dick avait débuté le contournement de la Guadeloupe en troisième position, il avait laissé le podium lui échapper au profit de Marc Guillemot. Cette année, l’histoire ne s’est pas répétée et le skipper niçois, qui bénéficiait encore d’une confortable avance de près de 500 milles sur Catherine Chabaud au classement de 16h00 heure française ce vendredi, s’est enfin imposé sur la plus mythique des transatlantiques !