

Sitôt la pointe de la Bretagne contournée, une autre morphologie de la course se mettra en place. Il faudra être lucide dans l’analyse de sa trajectoire, dans un golfe de Gascogne qui ne se laissera pas franchir si facilement. La fin du parcours sera inversement proportionnelle à ce que les marins subissent actuellement. Une étape qui devrait une nouvelle fois marquer les esprits et les corps.
Tous étaient bien impatients en cette fin d'après-midi, le long des pontons de la Baie de Morlaix. Au fil des minutes, les marins ont pu s’extirper du port afin de gagner la zone de départ, située dans l’est de la baie. À 19 heures, le comité de course a enfin pu libérer les 34 solitaires qui ont pu reprendre le fil de leur course. Alexis Loison (Groupe REEL) a écopé d'un rappel individuel. Le chronomètre est lancé et ne s’arrêtera qu’à Vigo après 486 milles d’une course qui promet de nombreux rebondissements et, selon les marins, qui devrait générer pas mal d’écarts à l’arrivée.
Un parcours côtier réduit au minimum pour raisons de sécurité
Initialement, les départs des étapes de La Solitaire du Figaro Paprec permettent aux skippers de faire le spectacle sur un parcours côtier. En raison des conditions météorologiques, ils ont tout de suite piqué vers le Nord et la sortie de la Baie de Morlaix. Premier à franchir la longitude du phare de l’île de Batz, Arno Biston sur Article.1 remporte le Trophée Paprec. Cap désormais à l’ouest vers l'entrée du chenal du Four.

Quelques heures dans le dur avant de piquer au sud
« Les 12 premières heures, les marins auront surtout de la mer de face, une mer très forte. C'est vraiment une houle d'ouest qui se situe aux alentours des 4 mètres de haut en mer d'Iroise et puis sur le nord Finistère. Avec le vent et la mer d’ouest, les marins vont être obligés d’évoluer au près. Les premiers milles vont être vraiment musclés, après ça ira mieux », confie Cyrille Duchesne de Météo Consult.
Cette première partie entre l’île de Batz et la pointe de la Bretagne ne sera pas des plus propices à la vitesse et à la tactique. Cette fin de journée et la nuit seront donc très délicates pour les marins qui vont devoir trouver le bon curseur entre performance et sécurité. Faire le dos rond était le maître mot sur les pontons.
Au fil des heures le vent faiblira légèrement et l’arrivée de la renverse de courant devrait légèrement aplatir la mer. En mer d’Iroise - que les marins traverseront dans la nuit - la mer restera forte. Ce n’est qu’en arrivant dans le golfe de Gascogne qu'elle se calmera au fil des heures.
Ils ont dit :
Laure Galley (DMG MORI Academy) : « Les conditions seront fortes, mais avec le deuxième report du départ, ça ne durera pas longtemps. C’est surtout l’état de la mer qui sera costaud. Par rapport à la première étape, ça ne devrait pas beaucoup nous changer. Il faudra rester lucide jusqu’au bout, avec du jeu et une possible redistribution des cartes jusqu’à la fin. »
Adrien Simon (FAUN) : « Il faudra faire attention aux autres bateaux et protéger le matériel. L’objectif sera de ne pas se faire trop distancer sur cette première partie et de rester dans le bon paquet. Le golfe de Gascogne sera assez compliqué, avec beaucoup de près, et il faudra suivre la météo pour être bien placé. Cette étape peut créer pas mal d’écarts à l’arrivée et s’annonce à la fois compliquée et décisive. »
Titouan Marilley (Action Enfance - No Limit) : « Ça va être une étape engagée, qui risque de faire du tri dès le départ. Selon l’intensité que chacun mettra pour soi et pour le bateau, il ne faudra pas tirer trop fort pour rester devant. Il faudra aussi se préserver physiquement et protéger le bateau pour passer indemne ces premières heures. La suite, avec l’arrivée en Espagne, sera également compliquée, avec une dorsale à traverser au milieu du golfe de Gascogne. Il faudra trouver le bon moment pour la franchir. »
Anaëlle Pattusch (Humains en Action) : « Je me réjouis enfin de partir. Ça va être sportif, mais nous sommes bien reposés. L’étape s’annonce très intéressante. »

Arthur Meurisse (Kiloutou) : « Se bagarrer dans des conditions un peu musclées au départ me plaît. Je suis content d’y aller, même si la route reste incertaine à la sortie de Sein. Il faudra réfléchir à l’option à prendre. Je me sens en forme et surtout, j’ai vraiment envie d’y aller. »
Tiphaine Ragueneau (ORCOM) : « Ce sont des conditions qu’on n’a pas rencontrées cette saison. Il faudra naviguer simplement et intelligemment au début, puis trouver le bon compromis pour relancer la toile. Il s’agira de faire le dos rond tout en avançant. Après la Bretagne, les conditions seront plutôt idéales. »
Léo Bothorel (Centre Excellence Voile - Secours Populaire) : « La météo est assez claire : ce sera fort au début, mais le décalage du départ est une bonne chose. Ça ne devrait pas durer. Le maître mot sera la prudence, pour ne rien casser, avant que la course ne devienne surtout tactique sur la fin. Les conditions très légères pourraient alors créer de gros écarts. »
Hervé Aubry (Douze) : « Je suis reposé, j’ai bien mangé. Les huit premières heures seront un peu dures, mais une fois passées, nous retrouverons de bonnes conditions pour naviguer. »
Édouard Golbery (Seastemik) : « J’ai en tête l’image de l’œil d’un cyclone : je suis au milieu, très calme, alors qu’autour c’est la guerre. J’aime bien ces conditions. Mon objectif, c’est d’être précis, de bien faire les choses, de rester en mode parfait et surtout de prendre du plaisir. »
Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) : « Il faut rester concentré et prudent au départ, mais il faut y aller. On a un peu tourné en rond, la météo ne se choisit pas, on fait avec et on se prépare en conséquence. »
Tom Dolan (Kingspan) : « Ma main va très bien ! L’essentiel est de partir sain et sauf, ensuite ça ira. La route jusqu’à Vigo est longue et il y aura pas mal de coups à jouer. »