

Le groupe du sud a volé en éclat à la faveur de la nuit et si la majorité a décidé de faire route commune, deux groupes se sont formés. Le premier avec les deux actuels leaders, Hugo Cardon (Sarth’Atlantique) et Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) qui, en piquant plus à l’ouest, ont pu accélérer. Les deux marins sont au coude à coude. Sur une position plus centrale, Quentin Vlamynck (Les Étoiles Filantes), Alexis Loison (Groupe REEL) et Paul Morvan (French Touch - Foricher) et Jules Ducelier (Région Normandie) complètent le classement et bénéficient d’un angle de vent plus favorable pour descendre vers le cap Finisterre. Dans l’est, Victor Mathieu (Elitys) réalise une belle course et dispose également d’un bel angle pour viser la pointe espagnole. Il est actuellement huitième.
« Ça fait du bien d'avoir une journée de calme et puis je pense que j'ai pas trop mal tiré mon épingle du jeu, je pense. Je ne sais pas trop où est le groupe de tête mais du coup je suis assez content de ma journée et de ma nuit. La nuit a été plutôt calme mais avec beaucoup de manœuvres, beaucoup d’empannages pour essayer de m'extirper de la molle. Je vais essayer de me reposer un petit peu avant d'arriver au cap Finisterre. Je devrais garder un peu de vent mais ce n’est pas si claire que ça. Pour une première participation c’est fidèle à mes attentes ».
Garder de l'énergie pour la suite
Sur le papier, la nuit semblait idyllique. Un petit croissant de lune qui éclaire légèrement le plan d’eau, une belle nuit étoilée et un vent qui permet de hisser le spi. Mais la carte postale s’arrête là. À la vacation radio de 6h, Victor Le Pape (Région Bretagne - CMB Espoir) avait bien du mal à comprendre le sens du vent.
« On a enfin traversé la dorsale anticyclonique qui nous barrait la route depuis quelques temps. J’ai quand même fait pas mal d’empannages cette nuit pour essayer de sortir de la zone. La nuit a été un peu fatigante avec peu de vent. C’était très erratique. La suite est d’aller vers le cap Finisterre, je vise un peu avant vers La Corogne en route directe même si la dorsale risque de nous embêter à nouveau et mettre le nez dans nos affaires. Je ne sais pas trop ce qu’il va se passer. Le programme de la journée, il faut que j’arrive à me reposer un peu sinon je vais être trop cramé. Il faut que je garde ce bon paquet mais je crois qu’il y a un petit groupe qui est passé en dessous. Lidée est de revenir sur eux. Je me disais sur l’eau que c’était une véritable étape de la solitaire avec de la longueur sur les bords et le temps de faire les choses. Je suis ravi d’être sur l’eau ».
De son côté, Maël Garnier (Selencia-Cerfance), navigue au milieu de ces deux groupes et dispose d’une position intermédiaire intéressante pour la suite de la course.
« Heureusement que nous n’avons pas eu de grosses conditions, la fatigue commence à se faire ressentir même si j’ai bien dormi depuis le départ. Je suis en train de revenir tranquillement vers la tête de la flotte. Je suis vraiment au taquet. Je me suis fait un petit coin bien confortable dans la bannette, je me suis forcé et à boire non-stop pour être au top. La traversée de la dorsale s’est bien passée, j’étais constamment sur les réglages. C’était plutôt conforme aux prévisions.
Je n’ai pas trop envie de me coller à la côte. Je vais essayer de jouer avec Hugo et Laure et quelques autres. Je ne veux pas me mettre à la côte et me faire piéger par les dévents ».
Le plus à l’est de la flotte, Eliaz Morineau (Demain sans HPV), se régale pour sa première participation. Il est actuellement 19e.
« Après la pointe bretonne je suis parti un peu tout seul dans le sud-est par rapport à la flotte, j’ai eu un peu peur de me faire coincer par la dorsale mais en voyant les fichiers météo, j’ai vu que la haute pression était vraiment haute et que je pouvais me permettre de me rapprocher du sud-est. Je ne regrette pas ma trajectoire. Je pense avoir gagné quelques places depuis hier mais ce n’est pas facile. Cette nuit on a envoyé le spi et le vent tourne dans tous les sens, ce n’est pas évident.
J’ai mis de la musique je fais des vidéos et des photos je me régale ça fait du bien et ça va vite enchainer avec la troisième étape. J’attends que le vent se cale pour mettre le spi et le pilote et pour aller me reposer. C’est un peu frustrant de ne pas savoir où se trouve mes concurrents. J’ai hâte de les avoir à l’AIS. Nous ne sommes pas encore arrivés mais cette étape est géniale ».
Les prochaines heures vont être cruciales pour l’ensemble des solitaires. Le but est de faire le maximum de route avant de venir buter, de nouveau, sur une bulle anticyclonique, bien mal placée sur la route et qui va fortement ralentir la flotte. Au jeu des placements les dés sont désormais lancés.