

C’est à l’image d’un essaim d’abeille que la flotte a donc piqué sur sa proie. La victime, les deux leaders, Hugo Cardon (Sarth’Atlantique) et Charlotte Yven (Skipper Macif 2023), qui, juste après la porte obligatoire, n’ont pas pu résister à ce retour. Sur un plan d’eau décidément bien calme et bien noir, par une nuit quasiment sans lune, difficile de trouver la bonne veine de vent, de jauger la concurrence et de trouver un léger sommeil. La dernière bataille est lancée, les cartes redistribuées et avec une cinquantaine de milles encore à parcourir, autant dire que cette dernière journée de la deuxième étape de La Solitaire du Figaro Paprec réserve encore de nombreux rebondissements.
Hugo Cardon premier au point de passage
Au point de passage obligatoire au large du cap Finisterre, Hugo Cardon souffle la première place pour onze petites secondes à Charlotte Yven et Tom Goron, 33 minutes plus tard. Alexis Loison (Groupe REEL), vainqueur de la première étape est à 1 h et 10 secondes derrière.
Ça passe à l’est pour Décrochons la lune
Au pointage de 07h, Romain Bouillard (Décrochons la lune), sous un dernier croissant de lune, mène donc la flotte à 2,6 nœuds le long de la côte. Oliver Hill (Connected by Water), deuxième est dans les talons de Romain. Le skipper anglais réalise une excellente fin de parcours. Il est suivi dans sa course par Paul Morvan (French Touch - Foricher). Avec légèrement plus de pression le long de la côte, les partisans de cette route bénéficient d’une meilleure vitesse par rapport au groupe de l’ouest et font route un nœud plus vite. Les prochaines heures et le placement seront déterminants pour l’atterrissage vers Vigo.
A la vacation radio de ce matin, les voix des marins sont hésitantes, fatiguées et les discours deviennent moins limpides. La lucidité va être déterminante pour cette fin de course.
Ils ont dit :
Tom Goron (Groupe Dubreuil) :
« J’ai essayé de faire un en entre deux mais j’ai l’impression que ça passe mieux au large. Après deux nuits sans sommeil à faire des manœuvres dans la pétole ça commence à bien tirer. On va voir si les premiers auront le temps de passer la ligne intermédiaire on verra bien si c’est retour maison ou si on continue de naviguer jusqu’à Vigo ».
Thomas de Dinechin (Almond for Pure Ocean) :
« Cette dernière nuit sur l'eau a été compliquée avec beaucoup de manœuvres, beaucoup de tension, c'est très aléatoire, on ne sait pas trop comment ça va finir. Je me dis que la partie qu’on maitrise je l’ai bien bien faite mais là il faut s’accrocher jusqu’à la fin pour ne pas être déçu de sa course. Je fais avec ce que j’ai, je me sens confiant. Il faut essayer de transformer l’essai ».
Arno Biston (Article.1) :
« La Solitaire, il ne faut jamais rien lâcher. Ça revient toujours ça finit toujours par revenir ou en tout cas il y a toujours des choses à jouer. Et maintenant nous sommes dans le concret parce tous les bateaux sont regroupés en trois milles. Clairement, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés. J’essaye de tirer mon épingle du jeu mais je ne sais pas où me placer. Tout le monde à des trajectoires étonnantes. C’est une étape où le mental joue un grand rôle. J’ai quand même l’impression de passer à côté de la météo et de rater des trucs ».