Transat Café L’Or : des co-skippers de légende à bord
Quand on tutoie le haut niveau et que tout peut se jouer sur des détails, ils peuvent être le facteur X qui peut tout changer. Eux, ce sont les équipiers, ces co-skippers qui donnent tout pour la réussite du team qu’ils ont rejoint. Tous savent que pour être performant, un binôme se doit de connaître les points forts de chacun, de bien se répartir les tâches, donc d’être le plus complémentaires possibles. Et en la matière, certains sont devenus des spécialistes au point qu’on pourrait leur affubler du titre officieux « d’équipiers de luxe ». C’est le cas de trois skippers particulièrement reconnus sur les pontons : Morgan Lagravière, Yann Eliès et Franck Cammas.
« C’est bien plus qu’un coéquipier »
Morgan Lagravière, qui est associé à Jérémie Beyou (Charal) cette année, pourrait entrer dans l’histoire : en cas de victoire, il deviendra le premier skipper à remporter trois fois consécutivement la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie en IMOCA. Lui qui s’était imposé lors des deux dernières éditions aux côtés de Thomas Ruyant (2021, 2023) a donc décidé de remettre ça sous les couleurs de Charal. « Je suis très attaché à la dynamique d’une équipe et d’un skipper, confie Morgan. Ce qui compte pour moi, c’est de m’inscrire dans une démarche constructive et de donner mon maximum pour permettre au projet de progresser encore un peu plus ».
Yann Eliès a rejoint le projet Association Petits Princes - Quéguiner cette année. À 51 ans, il a notamment navigué ces dernières années avec Charlie Dalin, Sébastien Simon, Boris Hermann ou encore Yoann Richomme. « Les saisons en double offrent justement l’opportunité de faire venir quelqu’un qui est extérieur au projet afin qu’il puisse apporter quelque chose de nouveau », décrypte Yann. Pour lui, « c’est bien plus qu’un coéquipier » : « il doit permettre de faire grandir le marin et le projet. Il ne faut donc pas un clone du skipper mais quelqu’un qui peut l’aider ». Dans ce cadre-là, un marin qui a l’expérience de la victoire est un vrai plus. Yann s’est imposé en Ocean Fifty (2013) et en IMOCA (2017, 2019).
« Ouvrir l’esprit et apporter un regard neuf »
Franck Cammas connaît également le goût de la victoire. Il s’est imposé à quatre reprises à la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie (2001, 2003, 2007, 2021). En 2021, à bord de Gitana, il était coskipper de Charles Caudrelier. Lui qui a également été un temps membre du Team Banque Populaire est désormais coskipper de Tom Laperche. « Ce sont des challenges comme ça que j’aime, confie-t-il. SVR-Lazartigue est une équipe qui a envie de gagner, qui s’en donne les moyens humains et techniques ». Concernant son rôle, il explique : « j’amène des idées qui ne sont pas forcément celles auxquelles ont pensé les membres de l’équipe. Ça permet d’ouvrir l’esprit, d’apporter une autre vision, un regard neuf et, in fine, de trouver toujours les meilleures solutions pour performer ».
Ceux qui parlent le mieux des « équipiers de luxe », ce sont les skippers qui naviguent à leurs côtés. Tom Laperche estime qu’il est « hyper pertinent de se confronter à des idées nouvelles, d’apporter du renouveau ». Franck aide ainsi « sur la partie technique comme lors des navigations » et s’emploie pour « essayer de franchir une nouvelle marche ». C’est ce qu’on comprend aussi dans les mots d’Élodie Bonafous à propos de Yann Eliès : « il nous permet d’aller à l’essentiel, de nous aider à savoir où mettre la barre entre performance et fiabilité ». Jérémie Beyou, lui, parle de Morgan Lagravière comme « quelqu’un de tout de suite opérationnel, très impliqué, qui cherche en permanence à optimiser le moindre détail ». Ces skippers, déjà habitués à être aux avant-postes des courses, espèrent que leur partenaire de jeu les aidera donc d’être encore un peu plus fort.
Équipiers de luxe juste pour une course ?
La notion « d’équipiers de luxe » est par ailleurs difficile à définir. Quid, chez les IMOCA, de Thomas Ruyant, Maxime Sorel ou encore Benjamin Dutreux, respectivement associés à Ambrogio Beccaria (Allagrande Mapei Racing), Romain Attanasio (Fortinet - Best Western) et Arnaud Boissières (4 Cad - La Mie Câline) ? Ces skippers expérimentés, qui ont tous plusieurs participations au Vendée Globe et TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie à leurs actifs, sont donc co-skippers sur cette édition.
Sauf que cette position est due essentiellement à leur difficulté à trouver des financements pour mener leur propre projet. Thomas Ruyant a vendu son bateau à Ambrogio Beccaria, Benjamin Dutreux à Arnaud Boissières et leurs sponsors principaux ont arrêté l’aventure. C’est également le cas pour Maxime Sorel. Il n’empêche, rien de mieux que de continuer à naviguer et se fixer de nouveaux challenges pour continuer à avancer dans cette période délicate pour attirer de nouveaux sponsors. À eux aussi de revêtir le temps d’une course la tunique « d’équipiers de luxe », en espérant retrouver rapidement leurs habits de skippers n°1.