Transat Café L'Or : des vainqueurs en Or !
En bouclant la course avec brio ce jeudi après-midi, après douze jours d’un combat intense, Baptiste Hulin et Thomas Rouxel (Viabilis Océans) concluent une incroyable aventure et l’une des Routes du café les plus exaltantes en multicoque de ces dernières années. Car s’il y a un jeu auquel personne ne s’est prêté, en mer comme à terre, c’est bien celui des pronostics chez les Ocean Fifty.
Sur le fil de l’eau
Samedi 25 octobre, face à des conditions virulentes à venir dans la Manche et susceptibles de porter atteinte à l’intégrité des bateaux, les dix Ocean Fifty prennent le départ de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie avec 24 heure d’avance. Dès les premières heures, Baptiste Hulin et Thomas Rouxel sont contraints à une escale technique à l'Aber-Wrac'h après un souci de grand-voile. Ils repartent bons derniers mais refusent de baisser les armes. Viabilis Océans réussit à rattraper ses camarades dans la descente vers les Canaries, se glisse dans le quatuor de tête au détour de l’archipel et prend même la seconde place au classement à la sortie du Cap Vert. La complicité du duo fonctionne à merveille pour ces deux habitués de la Route du café. Lorsque Edenred perd son trône à la suite d’une avarie, le duo s’en empare avant d’être rattrapé par Wewise la veille de l’arrivée. Pas question d’échouer si près du but. Les deux navigateurs signent alors un come-back magistral au détour des côtes martiniquaises. Baptiste Hulin et Thomas Rouxel, grillent la priorité à leurs concurrents et s’offrent une victoire mémorable en baie de Fort-de-France après une course qui aura connu toutes les péripéties possibles.
L’hécatombe de la première nuit
"Sur les dix qui prennent le départ, plus de la moitié peuvent clairement gagner ou être sur le podium", expliquait Damien Seguin sur le village du Havre. Le skipper venu tenter sa chance avec son pote Nicolas Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) annonçait la couleur. Le match promettait donc entre les valeurs sûres (Koesio, Inter Invest, Solidaires en Peloton), les outsiders (Viabilis Océans, Wewise) et les nouveaux venus (Edenred 5 et Lazare X Hellio).
À la mi-journée, le samedi 25 octobre, les marins quittent le soleil et la douceur automnale du Havre avant de se retrouver dans le dur. Dans la nuit, à l’approche de Ouessant, c’est l’hécatombe. Lazare X Hellio arrache une partie du flotteur bâbord et chavire, puis c’est au tour de Koesio et d’Inter Invest de connaître la même mésaventure. À chaque fois, les skippers sont hélitreuillés et s’en sortent avec une belle frayeur.
Le lundi matin, la flotte se réveille groggy avec trois bateaux en moins. Pourtant, il y a un nouveau passage de front à traverser dans le golfe de Gascogne. Cette fois-ci, tous s’en sortent avant de profiter enfin d’un peu de répit. "C’est ambiance séchage et belles glissades", assure Basile Bourgnon (mardi 28 octobre). Désormais, l’heure n’est plus à batailler contre les éléments mais face à ses petits camarades. Pierre Quiroga et Gaston Morvan (Wewise) dominent du Golfe de Gascogne jusqu’aux Canaries. Grâce à un meilleur angle, un peu plus de pression et du sang-froid, Emmanuel Le Roch et Basile Bourgnon prennent les commandes au passage de l’archipel espagnol, avant de creuser l’écart au niveau du Cap-Vert.
Du suspense jusqu’au bout
Derrière, la poursuite s’organise. Viabilis Océans, Solidaires en Peloton, Wewise, Le Rire Médecin - Lamotte passent au cœur de l’archipel du Cap-Vert pour rester en embuscade.
L’écart ne dépassera pas les 70 milles. "Chaque contournement est une nouvelle course qui commence et on ne serait pas fâché d’avoir un peu d’avance au Cap Vert pour amorcer une course en contrôle" disait Basile Bourgnon (vendredi 31 octobre).
Sur Viabilis Océans, place à l’instinct marin pour aborder les îles. "On a passé une grande partie de la nuit à reprendre tous les cours un peu théoriques", raconte Baptiste Hulin (samedi 1er novembre) lors d’une vacation. "On a étudié les phénomènes de hauteur de nuages, de chaleur, des vents possibles pour faire le meilleur choix." Et cet instinct paie puisque le tandem attaque l’Atlantique en deuxième position.
De son côté, la fusée rouge Edenred 5 est lancée, à pleine balle, 2 à 3 nœuds au-dessus des concurrents. En tête de la flotte pendant sept jours, un nouveau retournement de situation vient pourtant tout chambouler. Le bolide rouge est stoppé dans son élan le mardi 4 novembre, sa queue de malet (une barre horizontale de carbone qui recule le point d’écoute du grand gennaker) vient d’exploser et endommage la barre de liaison qui relie deux des safrans. Emmanuel et Basile doivent s’arrêter, une immobilisation de deux heures coûte cher.
La course est totalement relancée : ils sont encore cinq à pouvoir prétendre à la victoire à deux jours de l’arrivée ! Viabilis Océans prend la tête de la fronde (mardi 4 novembre), Wewise la récupère (mercredi 5 novembre). Mais à quelques heures de l’arrivée, Baptiste Hulin et Thomas Rouxel (Viabilis Océans) affinent leur stratégie et soignent chacune de leurs manœuvres. Ils repassent devant Wewise et remportent haut la main la victoire dans la baie de Fort-de-France. Une preuve éclatante que rien n'est joué tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie.

