Météo du Vendée Globe : à la recherche d'un peu d'air dans l'anticyclone

Par Figaronautisme.com

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Ce mercredi matin, Charlie Dalin confirme son avance sur Thomas Ruyant. Ces deux skippers continuent de se livrer un duel en tête de la course au cœur de l'Atlantique sud, alors qu'ils tentent toujours de se frayer un passage dans l'incontournable anticyclone de Sainte Hélène, situé nettement plus au sud que d'habitude. Ils naviguent dans un étroit couloir, où subsiste un petit air, et conservent une avance sur leurs poursuivants qui cependant se réduit. Ils peinent en effet à avancer dans des vents plus faibles et parfois erratiques qui obligent à de nombreux empannages. Désormais tout le monde va se retrouver progressivement englué dans la molle, avec pour objectif de s’en sortir au plus vite afin de rejoindre l’autoroute du sud.

Bulletin actualisé chaque jour à 12h

SITUATION METEO DU MERCREDI 25 NOVEMBRE : Sous la chappe de Sainte-Hélène

La chappe anticyclonique de Sainte Hélène se referme sur la route des navigateurs de tête puisque les hautes pressions s’étalent désormais sur l'Atlantique Sud si bien que les navigateurs finissent par se retrouver piégés sous le vaste anticyclone qui se referme sur eux. Pas moyen d’y échapper. Il va leur falloir s’armer de patience avant de retrouver l’autoroute des dépressions passant très au sud de leur position. La faute à l'anticyclone de Sainte-Hélène, tant il est vrai que celui-ci est situé nettement plus au sud que d’habitude. Cette position anomale explique la difficulté actuelle des skippers pour s’en extirper avant de retrouver les grands vents d’ouest qui circulent plus au sud. Les conséquences pour ceux qui avaient pour objectif de battre le record de la dernière édition en 2016 sont importantes. A pareille date, la tête de flotte en 2016 passait déjà au sud du cap de Bonne Espérance.

En attendant, il n’y a pas 36 solutions, si ce n’est toujours de se faufiler dans le trou de souris qui se réduit jusqu'à vendredi matin. Cette situation met un stop à la première partie de la flotte, qui va se regrouper et se retrouver à peu près dans la même zone.  On note cependant que Charlie Dalin confirme son avance et navigue à près de 13 noeuds vers le sud-est, tandis qu'à l'arrière, on ralentit un peu.

Cette séquence de 48 heures, jusqu’à vendredi matin, sera passionnante  car elle constituera de fait une sorte de nouveau départ. Par chance, la molle n'est pas totale car une nouvelle petite dépression relative à 1021 hPa va se former au milieu des hautes pressions à partir de ce mercredi, régénérant un nouveau petit couloir de vent qu’il faudra attraper en vue de les mener vers le flux perturbé d’ouest, situé au niveau du 40ème « rugissant ».

Plus en arrière la partie centrale de la flotte, de Damien Seguin à Stéphane Le Diraison, se rapproche à la faveur du flux d’est qu’ils conservent jusqu’au trou de souris, tandis que dans l’Atlantique nord la situation n’est pas très enviable non plus avec une forte instabilité dans un pot au Noir très étalé et orageux.

A l'arrière, enfin,  l'écart entre la tête de la flotte et J. Beyou se stabilise, on observe que ce dernier se rapproche des bateaux de devant. L'écart se resserre. Il a ainsi récupéré 90 milles, en progressant sur les dernières 24 heures à une vitesse de près de 2 fois supérieure. Il bénéficie d'un léger alizé mais ne va pas tarder à rentrer dans le vaste pot au noir.

Le piège de l’anticyclone se referme !

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Ce mercredi s’annonce délicat. La tête de flotte va s’engluer dans la molle mais la situation va probablement évoluer favorablement avec une issue qui semble se dessiner grâce à la formation d’une dépression relative vers 5°W et 35°S, au milieu de la ceinture anticyclonique que l’on voit bien sur la carte synoptique ci-dessus. Cette dépression entraînera une rotation radicale du vent au secteur sud pour la tête de flotte, qui passera alors en bordure ouest de la dépression, les obligeant à faire un cap nettement plus sud que la route directe. Deux options peuvent s’envisager dans ce secteur où la fiabilité des modèles baisse en raison de ces petits minimums dépressionnaires très mobiles. Un cap au sud-est semble privilégié, mais une descente plein sud peut aussi s’envisager afin de toucher plus rapidement le flux d’ouest à partir de vendredi matin. C’est l’option que semble prendre Louis Burton depuis ce mardi matin. C’est à priori les seules options qui permettront de retrouver un peu d’air. Mais ce petit vent de face, de secteur sud-est entre 10 et 12 nœuds, les obligera à une navigation au près serré avec pour conséquence des vitesses moins favorables que dans le couloir de vent de nord-ouest portant.

Pour les poursuivants, qui se rapprocheront de la tête de flotte, les conditions seront assez identiques avec le passage obligé dans la molle, tandis que plus au nord l’arrière de la troupe devrait s’extirper progressivement du Pot au noir après avoir été bien ralenti.

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SITUATION METEO DU JEUDI 26 NOVEMBRE : se sortir de la pétole au plus vite !

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L’anticyclone, à 1030 hPa, sera situé globalement par 20°W et 37°S, tandis que le petit minimum relatif, à 1022 hPa, sera par 5°E et 35°S. Il est probable que la tête de flotte, dont Charlie Dolin et Thomas Ruyant, aura fait une route vers le sud-sud-est pour se faufiler entre ces deux centres d’action, juste dans l’étroit couloir afin de ne pas se retrouver empétolé. L’option plus à l’ouest pourrait elle s’avérera payante, grâce à un flux de nord-ouest se levant en bordure ouest de l’anticyclone, mais elle restera nettement plus éloignée de l’orthodromie (la route directe). Il est probable que cette journée voit la réduction des écarts entre les concurrents de la première moitié du classement, dans une situation de vents faibles défavorables propices à de nombreuses manoeuvres et choix tactiques.

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SITUATION METEO DU VENDREDI 27 NOVEMBRE : vers l’autoroute du sud !

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Le peloton de tête sera sans doute assez regroupé après ces 48 heures de petites conditions. Ils auront en ligne de mire, le grand flux d’ouest des 40èmes rugissants qu’ils commenceront à toucher dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce sera la fin de la galère pour les concurrents de tête, aussi bien pour ceux qui auront choisi l’option vers le sud-est que ceux qui auront préféré descendre plein sud. Vendredi matin, les vents de nord-ouest se lèvent et se renforcent rapidement pour permettre aux skippers de s’élancer vers les 40 ème rugissants sur un seul bord dans une mer grossissante et des conditions plus musclées. Le changement sera radical et il conviendra de la préparer. Vendredi soir, il sera possible de faire un cap plein est pour profiter de l’autoroute du sud au niveau du 43° de latitude tout en restant en marge de la zone d’exclusion plus au sud où se trouvent les growlers et icebergs qui se détachent des glaciers. A l’arrière, il est fort probable que les poursuivants immédiats soient régroupés mais commençent eux aussi à bénéficier de la levée progressive du flux de nord-ouest.

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TENDANCE ULTÉRIEURE : les 40 èmes rugissants !

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Grâce au rail de l’Atlantique sud, présent au sud du Cap de Bonne Espérance, une bonne partie des bateaux de la première moitié de la flotte progressera à vive allure dans une mer assez forte mais majoritairement portante. L’autoroute du sud sera bien établie, avec en moyenne 30 nœuds de vent et des rafales à 40  nœuds. Dans ce contexte les premiers passeront au large du Cap de Bonne Espérance, le bien nommé, vraisemblablement dans la nuit de dimanche à lundi. Pour ceux qui auront réussi à s’extirper des 48 heures de molle, ce sera l’occasion de creuser l’écart et de le conserver. Pour les autres à l’arrière, le risque d’être englué dans l’anticyclone restera encore bien réel à moins de le contourner largement par l’ouest au risque de prendre du retard. Nul doute que ces prochains jours pourraient marquer un tournant dans cette course.

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Régis CREPET, météo marine Météoconsult

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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