Vendée Globe : records en folie

Par Figaronautisme.com

Voilà, s’il restait encore un petit doute, on en est désormais complètement certains : il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Enfin si, justement ! Comme ils veulent tous se rattraper mutuellement, sauf le leader Charlie Dalin qui veut lui rattraper sa revanche du Vendée Globe 2020, on obtient cette nuit en tête de flotte une pluie de records façon mousson tropicale !

On serait sur l’autoroute, on s’inquiéterait de savoir si tous leurs disques de freins ont lâché simultanément ! Non mais quelle mouche les a piqués ? La page « statistiques » de notre cartographie a rarement connu une telle activité, elle en est toute épuisée de sa nuit, à deux doigts de poser une RTT... Figurez-vous seulement : le 20 novembre, Yoann Richomme (Paprec Arkea) brisait le record de distance en monocoque en solitaire sur 24 heures avec 551,4 milles parcourus (1022 kilomètres), déjà amélioré quelques jours plus tôt par Nicolas Lunven (Holcim-PRB). On applaudissait à tout rompre en se gargarisant de l’exploit, et voilà que cinq jours plus tard, ils sont six bateaux à exploser ce nouveau record ! Six ?! Imaginez tous les coureurs d’une finale de 100 mètres faire voler en éclats le meilleur chrono du monde, tout simplement...

« La survie se passe bien »
Malheureusement, et même si la tête de flotte de cette dixième édition du Vendée Globe la mérite haut la main, il n’y a pas de performances collectives homologuées dans un record de vitesse. A la fin, il n’en restera bien qu’un. Alors qui est le plus pressé de ces empressés ? A l’heure où nous écrivons ces lignes (un peu trop) matinales, c’est bien Yoann Richomme qui conserve sa timbale, avec 579,86 milles parcourus en 24 heures. Soit 1073,9 kilomètres, ou plutôt un Dunkerque-Marseille pour faire plaisir au Nordiste Thomas Ruyant (VULNERABLE), qui s’amusait cette nuit de ces affolements de compteur, signant lui-même la deuxième meilleure performance avec 568.35 milles (1052,58 km) : "Le match est hyper serré, tout le monde va vite, la flotte est vraiment impressionnante ! On est tous là en une centaine de milles, en IMOCA c’est que dalle ! Je viens de faire une petite pointe à 32 noeuds là, j’ai l’impression d’être un petit animal dans cette coque qui va à Mach 12 ! Mais la survie se passe bien !"

Car oui, il faut bien réaliser que cette inédite accélération ne va pas sans conséquences pour les marins-astronautes propulsés dans leur fusée. A quoi ressemble le quotidien à bord dans ces conditions ? « On vit un peu accroupi, à se tenir, assis, allongé, à faire extrêmement attention parce que le bateau a parfois des mouvements et des réactions un peu inattendues à cause de l’état de mer, expliquait Thomas Ruyant. On se fait bien secouer, mais en même temps on s’habitue à tout ! Je prends le pli et le rythme des conditions du moment, qui sont quand même sympa ! Moralement ça va bien, physiquement j’arrive à bien dormir malgré les conditions donc je suis content, ce n’était pas forcément le cas au début de ce bord mais on s’habitue, le corps est bien fait ! »

Pourtant promis, les dix-sept solitaires - de Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) à Damien Seguin (groupe Apicil) qui se sont échappés dans cette queue-leu-leu infernale ne font pas exprès de battre ces records, nous racontait le skipper de VULNERABLE, bien calé en deuxième position : " On ne va pas vite pour faire le record mais surtout pour essayer de garder la position idéale avec cette dépression, on ne sait pas ce que donnera la suite mais en tous cas si on peut la garder le plus longtemps possible, c’est bien, on se rapproche de l’objectif et des Mers du Sud. "

« Nous, on va avoir les miettes »
Cet objectif, ils l’ont aussi bien en tête, les marins du deuxième paquet relégués désormais quelque 800 milles derrière... Mais avec plus de 10 noeuds de moyenne en moins, forcément, il se rapproche moins vite ! Un constat qu’aborde avec philosophie le skipper Louis Duc (Fives Groupe - Lantana Environnement) : " On a une belle dépression qui va emmener nos camarades à foils bien propulsés vers les Mers du Sud, et nous on va avoir les miettes de leur dépression, on va devoir longer le front le long des côtes brésiliennes ! "

Alors, gardant en tête, comme dirait Philippe Labro, qu’« il ne faut pas Il ne faut jamais aller plus vite que sa vitesse », le bizuth du Vendée Globe, qui semble avoir un peu de répit sur le « quota emmerdes » profite de l’instant, des « conditions paradisiaques hormis la chaleur qui est un peu dure à vivre pour un Normand » : " J’ai toujours un petit moment de plaisir le soir à regarder le coucher de soleil dans le cockpit, les couleurs sont magiques, c’est extraordinaire, donc je prends mon petit thé devant la mer, c’est génial. J’essaie de garder toujours une belle vitesse, je suis assez attentif à ça. Mais je fais ma route, je ne me préoccupe pas trop des autres pour l’instant, mon objectif c’est de garder du vent au maximum, je vais essayer de travailler pas mal avec les images satellite et faire au mieux pour limiter la casse ! "

Difficile pourtant de ne pas déjà commencer à songer la suite, comme si cet Atlantique Sud n’était pour tous qu’un passage obligé avant d’entrer dans le coeur du sujet... A l'unisson avec ses petits camarades à dérives droites, menés par Jean Le Cam (Tout Commence en FInistère - Armor-Lux, 19e), tous commencent déjà à anticiper : " Les Mers du Sud, c'est un peu ça maintenant mon obsession, maintenant qu'on commence à dépasser les latitudes qu'on connaît déjà. Peut-être qu’une fois là-bas je ne dirai plus ça, mais en tous cas là j’ai hâte d’aller découvrir ces paysages, ces mers, ces longues houles ! "

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...