Vendée Globe : les leaders en tête, les poursuivants coincés par des vents capricieux

Par Figaronautisme.com

Alors que depuis trois jours ils engloutissent les milles aussi vite que certains le font avec des paquets de chips, les leaders de la flotte du Vendée Globe continuent de se maintenir en avant de la dépression tandis que dans le même temps leurs poursuivants se font petit à petit lâcher par ce système et composent avec des vents plus faibles et plus instables. Aussi, si une cassure s’est déjà amorcée après les neuf premiers, il y a fort à parier que celle-ci s’accentue d’ici au passage du cap de Bonne Espérance. La raison ? Elle est simple : pendant que certains vont se voir contraints d’attendre le prochain train, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et ses concurrents directs vont, eux, continuer de naviguer dans des vents soutenus avant de piquer rapidement vers le Sud pour se caler en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique. Une zone que la Direction de course a finalement fait le choix d’abaisser de près de 100 milles - au moins jusqu’à l’archipel Crozet -, ce qui va leur permettre, d’une part, de raccourcir la route et, d’autre part, de pouvoir exploiter les dépressions Australes qui circulent actuellement très au sud.

Voilà plus de trois jours qu’ils avalent plus de 500 milles par tranches de 24 heures. Trois jours qu’ils naviguent poignée dans le coin et se font ballotter à l’intérieur de leurs bateaux comme dans un boulier de loto. « C’est dur mentalement et en même temps ça pousse à garder le rythme », a commenté Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) qui n’aime rien de plus que d’être challengé et régater au contact. Pour l’heure, il suit parfaitement la cadence infernale imprimée par Charlie Dalin et fait partie du petit groupe des neuf bateaux qui s’échappe doucement mais sûrement depuis le débordement des îles Fernando de Noronha. Un groupe qui risque, en l’état, de faire un vrai « break » dans les prochaines heures sur le reste de la concurrence. « La dépression qui nous accompagne semble se concentrer. Certains ne vont pas réussir à rester sur son dos alors que de notre côté, on va se retrouver en plein dedans ! », a détaillé le Sablais qui devrait, de ce fait, connaître une nouvelle nuit assez tonique.

Une ZEA revue à la baisse
« Le vent va être fort mais aussi très rafaleux. Il va falloir aller vite dans une mer qui va se creuser. Ça va être assez intense », a annoncé le navigateur qui espère profiter le plus longtemps possible des vents générés par la zone fermée de basses pressions atmosphériques avant de se faire dépasser par elle puis d’empanner vers le Sud pour ne pas se faire grignoter par l’anticyclone de Sainte-Hélène mais, au contraire, profiter du flux des dépressions Australes. Des dépressions qui circulent actuellement très sud et que les marins vont pouvoir exploiter au mieux puisque la nouvelle vient de tomber : la Direction de course a choisi de réduire la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA), cette fameuse couronne imaginaire dessinée autour du continent Antarctique (tracée par 72 points GPS séparés de 5° chacun) interdite aux skippers pour leur sécurité.

Un double avantage
Ce qui a motivé cette décision ? « Au moment du départ et lors des premiers jours de course, l’entreprise CLS qui met au service du Vendée Globe son expertise en traitement de données satellitaires radar, altimétriques et en modélisation de courants océaniques pour détecter la présence et prévoir la dérive des icebergs, avait fait état d’échos proche de la zone. Depuis, de nouvelles images satellites ont permis d’identifier ces échos comme étant ceux de bateaux de pêche et d’établir que les icebergs et les growlers se situent assez loin. Nous avons donc entrepris de réduire de près de 100 milles cette fameuse ZEA jusqu’à l’archipel des Crozets », a expliqué Fabien Delahaye qui pourrait, avec les autres membres de l’équipe de la DC, décider, à terme, de faire également évoluer cette zone après les Kerguelen.
« Ce changement va nous permettre de bien entamer l’océan Indien mais aussi raccourcir un peu la route théorique », s’est réjoui Sébastien Simon tout comme l’ensemble de ses concurrents même si la plupart d’entre eux sont actuellement plutôt concentrés sur l’instant. Il faut dire que pour les foilers qui ont lâché le train, les conditions sont assez instables et obligent à multiplier les changements de voiles. « Contrairement aux bateaux de devant qui sont en avant de la dépression, nous, on se trouve juste derrière. On donc subit un peu ses affres mais on avance », a commenté Louis Burton (Bureau Vallée) qui regrette de ne pas être dans le même wagon que les leaders mais qui se satisfait néanmoins de profiter de conditions favorables pour traverser l’Atlantique Sud.

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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