Vendée Globe : Cap de Bonne-Espérance en vue

Par Figaronautisme.com

Alors qu’ils ont désormais englouti le premier quart du parcours, les leaders du Vendée Globe se préparent à franchir le premier des trois grands caps de leur tour du monde. Demain, ils devraient en effet dépasser la latitude de Bonne Espérance mais aussi en finir avec le mode « dahu », ce qui n’est pas pour leur déplaire car même s’ils ne peuvent que se réjouir d’avoir traversé l’Atlantique Sud tout droit, tout schuss, voilà quand même plus de dix jours qu’ils évoluent en bâbord amure. Légitimement, ils en ont un peu plein les pattes de pencher toujours du même côté. La bonne nouvelle, c’est qu’ils vont bientôt déclencher leurs premiers empannages, chose que leurs poursuivants ont d’ores et déjà commencé à faire maintenant qu’ils sont, pour ce qui les concerne, dans la traîne de la dépression et tentent de se frayer le meilleur passage entre un front d’un côté puis l’anticyclone de Sainte-Hélène qui se reforme de l’autre.

« Depuis ce matin, la mer s’est bien calmée et le vent est descendu d’un cran. Les conditions sont un peu plus vivables que ces quatre-cinq derniers jours. Être toujours cramponné, ce n’est pas tout le temps rigolo. Un peu de répit, ce n’est pas désagréable ! », a commenté Nicolas Lunven (Holcim – PRB), pas mécontent donc de retrouver un peu de calme. Un calme toutefois très relatif puisque lui comme ses concurrents directs continuent de cavaler bon train, en avant de la dépression. « On progresse en bâbord amure depuis l’ouest des Canaries, soit près de douze jours. Je commence à avoir la jambe droite un peu plus grande que la jambe gauche !

Ça va faire du bien que ça se termine et qu’on passe un peu à autre chose », a ajouté le marin, un peu lassé de jouer les dahus, cet animal imaginaire sauvage doté de deux pattes latérales plus courtes que les deux autres, et donc contraint de se déplacer, à flanc de montagne, toujours du même côté. Le Vannetais ne devrait heureusement plus patienter si longtemps avant de changer de bord. Dans les heures qui viennent, il va en effet négocier une phase de transition entre cette dépression et celles, Australes, qui circulent en bordure de la Zone d’Exclusion Arctique (ZAE). En clair, il va devoir composer avec des vents nettement plus faibles à partir de demain et pour une durée de 48 heures environ, avant de piquer plus franchement vers le Sud puis de s’engager sur l’autoroute du Grand Sud. « Le fait de profiter de conditions plutôt cool pendant deux jours va permettre de se reposer, de bien s’alimenter, de faire un bon tour du bateau et de réparer les quelques petites bricoles qui traînent », a ajouté Nicolas.

Petits recalages en attendant le train suivant
Même son de cloche du côté de Justine Mettraux (TeamWork – Groupe Snef). « Demain, il va y avoir un moment de calme. Il faudra bien l’exploiter, notamment pour faire les derniers contrôles sur le bateau avant d’entrer véritablement dans les mers du Sud », a relaté la Suissesse qui, à l’instar de Sam Davies (Initiatives-Cœur), Boris Herrmann (Malizia - Seaexplorer) ou Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence), a d’ores et déjà commencé à tirer des petits bords de recalage entre le front qui se trouve dans son Nord puis l’anticyclone de Sainte-Hélène qui prend ses aises dans son Sud avec un objectif : conserver du vent convenable. Chose a priori plus facile à dire qu’à faire, sachant que d’un côté, c’est très mou et que de l’autre, c’est très instable. C’est peu ou prou la même chose pour tout le groupe qui se situe immédiatement derrière, jusqu’à Damien Seguin (Groupe APICIL). Celui-ci va, lui aussi, devoir patienter jusqu’en milieu de week-end pour choper une nouvelle dépression. Une dépression qui, en l’occurrence, pourrait les accompagner jusqu’au milieu de l’océan Indien et, potentiellement, leur permettre de contenir l’hémorragie avec les premiers.

Action et rétroflexion
Quid du gros du peloton emmené par Arnaud Boissières (La Mie Câline) ? Dans l’immédiat, il continue de descendre en file indienne ou presque en direction de la pointe sud du continent Africain. S’il va rater la prochaine dépression, il va néanmoins en attraper une autre, annoncée relativement tonique. De quoi lui permettre d’envisager de déborder le cap Bonne Espérance dans la soirée et mercredi, soit cinq jours après le paquet des premiers qui devrait franchir la longitude du fameux promontoire Sud-Africain à partir de demain à la mi-journée. Les prémices ne vont d’ailleurs pas tarder à se faire sentir. Dès ce soir, le trio de tête composé de Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) et Thomas Ruyant (VULNERABLE) devrait déjà subir les effets du courant des Aiguilles, l'un des courants de surface les plus forts et les plus réguliers de la planète. « C’est un point de vigilance pour nous car il peut atteindre 3-4 nœuds et même plus à certains endroits. Le vrai problème, c’est qu’à partir du cap de Bonne Espérance, il part un peu en tourbillons. Il est donc assez difficile d’en avoir une bonne perception », a expliqué Nicolas Lunven, d’ores et déjà en train d’étudier la question, on l’a compris, pas piquée des hannetons. Et pour cause, le courant s’oppose au vent et entretient une houle et des vagues atteignant des hauteurs parfois dantesques : ces fameuses vagues scélérates, autrefois perçues comme un mythe et pouvant atteindre les trente mètres de haut, rien de moins.

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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