Sébastien Simon, 3e du Vendée Globe 2024

Par Figaronautisme.com

Ce vendredi 17 janvier, à 01h27, Sébastien Simon a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe après 67 jours, 12 heures et 25 minutes de course, s'emparant ainsi de la troisième place, 2 jours et 17 heures après le grand vainqueur. Cet exploit a une dimension particulière : c'est la première fois qu’un marin vendéen monte sur le podium du Vendée Globe aux Sables d’Olonne. Le parcours du skipper de Groupe Dubreuil a été marqué par de nombreux défis, mais aussi par des moments de grande réussite. Il a notamment battu le record de la plus grande distance parcourue en 24 heures, atteignant 615,33 milles entre le 26 et le 27 novembre derniers. Mais la route n’a pas été facile : après la casse de son foil tribord, un incident majeur qui aurait pu compromettre ses chances, il a su faire preuve d'une détermination hors du commun pour surmonter cette épreuve et conserver sa place sur le podium, accomplissant un exploit mental et physique. Sébastien Simon s’est aussi distingué par ses choix tactiques audacieux dans la dépression de l’océan Indien, une trajectoire payante tout comme celle de Charlie Dalin. Handicapé en tribord amure, il n’a jamais fléchi, faisant preuve d’une résilience exceptionnelle et d’une formidable capacité à rebondir, tout comme après son abandon lors du Vendée Globe 2020.

Le skipper vendéen a réalisé un des plus grands exploits de cette dixième édition. Moins de deux ans après avoir lancé son projet, moins d’un an après s’être fracturé une vertèbre, il a fait partie des grands acteurs de la course. Auteur du record de vitesse en 24 heures en solitaire, seul à suivre Charlie Dalin dans la terrible dépression de l’océan Indien, Sébastien a réussi à conserver sa 3e place en étant privé de son foil tribord depuis début décembre.

La scène se déroule dimanche dernier, une éternité à l’échelle du Vendée Globe. C’était avant le triomphe de Charlie Dalin, avant l’arrivée de Yoann Richomme, au moment où toute la flotte est encore sur l’eau. Sébastien Simon vient de se réveiller et répond à sa dernière vacation. Il se pose contre le cockpit alors qu’un lever de soleil éblouit l’habitacle. Le marin parle alors d’un « petit souci de démarreur » et s’amuse de vite l’avoir résolu. « L’esprit du Vendée Globe m’a accordé une journée en plus ». Et puis il esquisse un premier bilan : « je suis vraiment fier de ce qu’on est en train de réaliser. Tout est passé à une vitesse folle. Je me rappelle du départ comme si c’était hier, j’ai l’impression de m’être téléporté ici ». Et puis il balance en vrac des mots sur toutes ses aventures : « il y a eu beaucoup de sacrifices, beaucoup d’envie, beaucoup d’énergie ».

Tout de suite dans le coup
Avant de s’y élancer, il a fallu apprivoiser tous ces défis aux allures de vertiges. Le vertige d’avoir monté un projet en moins de deux ans, depuis que Paul-Henri Dubreuil lui a proposé cette aventure. Le vertige d’être aux commandes de son IMOCA au départ du Vendée Globe alors que onze mois plus tôt, il s’était déplacé une vertèbre et avait démâté en course. Le vertige de participer à cette compétition qu’il aime tant, qu’il a quittée précipitamment en 2020 alors qu’il occupait la 4e place. Il a 34 ans, le Vendée Globe en a 35, il connaît les pontons et le chenal par cœur, sait à quel point « le départ prend aux tripes ».

Pourtant, ça n’empêche pas Sébastien de rentrer rapidement dans sa course. Au lendemain du départ, il prend pour la première fois la première place. Fin novembre, “Seb” pulvérise le record de vitesse des 24 heures (615,33 milles soit 1139,6 km) en solitaire en monocoque, une performance qui tiendra tout au long du Vendée Globe. Après une option audacieuse dans la descente de l’Atlantique, il parvient à accrocher la dépression qui propulse la tête de course du large du Brésil jusqu’au cap de Bonne Espérance.

Dans les mers du Sud, une leçon de ténacité
Mais la performance la plus impressionnante a lieu un peu plus tard, quand une forte dépression se forme dans l’océan Indien. Les conditions sont dantesques, des rafales à plus de 60 nœuds, des creux de 10 mètres. Tous décident de se détourner vers le Nord pour éviter le « gros » de la dépression. Tous, sauf Charlie Dalin et Sébastien Simon. Une mission périlleuse, des heures à tenir et à trembler avant d’être récompensé et de créer un premier écart avec leurs poursuivants.

Pourtant, pas le temps de savourer : le 8 décembre, le foil tribord de Groupe Dubreuil se casse. Sébastien sait ce que cela implique. Il va perdre « aux alentours de 30% de vitesse sur bâbord amure ». C’est une autre course qui commence mais Sébastien ne se décourage pas. Encore mieux, neuf jours après son avarie, il s’offre même un temps les commandes de la course. Dans les open space, on parlerait de « résilience ». Au cœur de l’océan Pacifique, on préfère les termes de courage et de ténacité. Ensuite, le Vendéen aura quelques états d’âme, la solitude qui pèse, la difficulté de passer la fin d’année seul et loin des siens. Ça ne l’empêche pas d’affronter des conditions très toniques à l’abord du cap Horn. Il le franchit au lendemain de Charlie Dalin et savoure : « jamais je n’aurais imaginé être 3e au cap Horn ! »

Ensuite, il a fallu tenir parce que rien n’est facile avec la répétition des efforts, l’usure et la fatigue. Le 1er janvier, ‘Seb’ est obligé de monter au mât pour des problèmes d’aérien. Les jours passent et le marin de Groupe Dubreuil consolide chaque jour un peu plus son avance sur ses poursuivants, relégués bientôt à près de 2000 milles. En se rapprochant de l’arrivée, le skipper du pays a pu se préparer aux retrouvailles avec ses proches, à l’explosion d’émotions, à l’effervescence du chenal. Il pourra enfin profiter du bonheur simple d’avoir dépassé son objectif. Et de faire désormais partie de la grande histoire du feuilleton qui l’anime depuis sa tendre enfance.

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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