Les Seychelles, une plongée dans un autre monde
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Dans l'imaginaire collectif, les Seychelles s'apparentent au paradis sur terre. À raison : une faible population et beaucoup d'îles désertes, une végétation luxuriante, des plages de sable fin, des paysages d'une beauté à nulle autre comparable… Et sous l'océan ?
Les Seychelles sont un vaste archipel de 115 îles qui s'étirent sur 1 200 km dans l'océan Indien, au nord-est de Madagascar (entre 4° et 10° de latitude sud). La plus grande, Mahé, ne mesure que 27 km de long sur 7 km de large ; c'est l'île principale, elle abrite la capitale Victoria et accueille 90 % de la population (estimée à un peu plus de 90 000 habitants ; autant dire qu'ailleurs, il n'y a personne !). Avec les îles voisines de Praslin et La Digue (accessibles en 15 minutes en avion ou en une heure de bateau), le trio constitue le cœur des îles dites « intérieures » et l'essentiel des circuits touristiques.
Granit et corail
L'archipel compte 43 îles intérieures (243 km2 de terres émergées) et 72 îles extérieures (211 km2), disséminées sur 1,4 million de km2 d'océan. Les premières sont situées sur le plateau peu profond des Seychelles, regroupées géographiquement au nord de l'archipel ; d'origine granitique (sauf 2), elles sont les sommets émergés de micro-continents, vestiges de la dislocation du super-continent Gondwana il y a quelque 150 millions d'années ! Une rareté géologique en plein océan. Les chaos de granit sont caractéristiques de cet ensemble et font la réputation de l'archipel. Ils s'imposent dans le paysage, bordant une plage de sable fin, délimitant une crique, affleurant la surface de l'eau. À leur différence, les îles extérieures sont toutes coralliennes. Elles sont situées au-delà du plateau des Seychelles (plutôt dans le sud de l'archipel) et reposent sur les fonds abyssaux de l'océan Indien ; beaucoup sont aujourd'hui des atolls.
Plongées In & Out
Cette configuration réserve deux types de plongée : dans les eaux des îles intérieures, des plongées peu profondes (25 m max) dans un décor de roches granitiques. Les amoncellements et chaos de blocs (certains forment jusqu'à des labyrinthes pénétrables, comme le site Whale rock à Mahé) prolongent les pointes côtières ou sont isolés sur le sable, proches du rivage comme perdus au large. Les roches sont colonisées d'éponges, de coraux durs (cornes de cers, porites, acropora) et coraux mous ; elles offrent d'opportuns abris aux invertébrés, mollusques, crustacés et poissons de récifs (poissons-papillons, petits mérous, poissons de verre, poissons-clows, poissons-pierres, platax, gaterins... parmi tant d'autres, le bestiaire est énorme). Sur les sites au large ou exposés au courant, les carangues, barracudas, raies aigles et pastenagues, napoléons embellissent les plongées. Pour le majestueux requin-baleine, les chances de le croiser aux abords des îles intérieures augmenteront pendant les mois de septembre-octobre (bien qu'il soit présent dans le secteur de juin à décembre).
Sur Marianne par exemple, petite île d'à peine 96 km2, aujourd'hui inhabitée (située à 7 km de La Digue), la Société de la conservation marine des Seychelles (MSSC) conduit un programme d'observation du mastodonte, le plus grand poisson au monde. Autour des îles extérieures, au-delà du récif, les fonds plongent rapidement jusqu'à 1 000 à 2 000 m. Les plongées dérivantes, le long des tombants, dans les canyons attendent ici les plongeurs (jusqu'à une quarantaine de mètres de profondeur). Grottes, surplombs, cavités profondes accueillent la vie. Requins nourrices, pointes noires, océaniques, mérous et grosses loches, carangues de toute espèce et barracudas sont habituels. Les poissons colorés rivalisent de beauté sur le récif, les gorgones sont majestueuses et le corail noir se distingue. Les îles extérieures se répartissent en cinq groupes, peu d'entre elles sont habitées (moins de 2 % de la population) du fait de leur isolement et de l'absence d'eau douce. Elles sont distantes de 150 à plus de 1 000 km de Mahé ; l'atoll d'Aldabra, site du patrimoine mondial de l'Unesco, est le plus éloigné. Dans le même groupe, l'atoll de Cosmoledo et le récif d'Astove sont également des "hot spots".
Les épaves de Mahé
Pour les envieux d'épaves, l'aventure se passe au large de Mahé. Sur les Twin Barges : deux épaves coulées le long du récif à l'ouest de Beau Vallon, entre 15 et 25 m. Elles ne sont pas très longues (environ 20 m), mais regorgent de vie (petits poissons tropicaux, coraux, gorgones blanches et fouets, langoustes, parfois tortue). Sur l'Ennerdale : le tanker de 216 m a sombré en 1970 à la suite d'une avarie sur un haut-fond ; il repose entre 15 et 30 m de profondeur au large de la pointe nord de Mahé. L'épave est très endommagée, mais bien investie et régulièrement visitée : par les lutjans, les mérous, les requins, carangues, raies, tortues. Enfin sur l'épave d'un ancien bateau de pêche mauricien - l'Aldebaran : une épave récente, coulée en 2008 par 38 m de fond, au large d'Anse Major. Elle abrite une faune aussi diversifiée que ses consœurs, tout en offrant une autre ambiance, dans un peu de profondeur.
Pour les adeptes du tuba
L'archipel est l'un des plus beaux paradis pour le randonneur palmé, qui ne manquera pas de visiter les parcs marins, notamment ceux de Baie Ternay, qui offre un joli récif corallien investi par la petite faune, et la possible rencontre de raies et tortues au large ; l'île et le parc national marin de Saint-Anne, sublimes à seulement dix minutes de bateau de Mahé (navettes régulières), d'octobre à janvier, les tortues viennent y pondre ; au large de Praslin, le parc marin de l'île Curieuse, et la réserve naturelle de l'île Cousin. Très bons spots également : sur Mahé, Anse Soleil, et l'îlot Souris, accessible à la nage depuis la plage d'Anse Royale ; sur Praslin, Anse Lazio est très réputée ; au large de La Digue, l'îlot Coco est considéré comme un must. Sans oublier bien sûr les atolls des lointaines îles extérieures. Pour toutes les activités sous-marines, les périodes d'inter-saisons - de mars à mai et de septembre à novembre - sont les meilleures pour profiter d'une eau chaude (28 °C) et d'une visibilité optimale.