Ces requins du Groenland qui ont connu Louis XIII...
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Supposé avoir inspiré le mythe du Loch Ness, le requin du Groenland, ou laimargue atlantique, est une créature des profondeurs arctiques aux particularités physiques et physiologiques fascinantes, dont les scientifiques ne savent pas encore grand-chose. Dernière découverte en date : ces requins pourraient vivre jusqu’à 400 ans ! La rédaction revient sur cette créature bien mystérieuse, qui ne fait décidément rien comme les autres !
On trouve le requin du Groenland dans les eaux polaires de l’Atlantique Nord, au Groenland bien sûr, mais aussi à proximité de l’Islande. Il est réputé être le seul vrai requin subarctique. Si traditionnellement, les requins préfèrent les eaux chaudes, comme celle de la Réunion ou d’Hawaï, le requin du Groenland, lui, nage dans eaux entre -1 et -10°C , jusqu’à 2200 mètres de profondeur. Si la laimargue de l’Atlantique résiste si bien au froid, c’est que sa chair est constituée de deux composés organiques, l’urée et l’oxyde de triméthylamine (OTMA), qui sont des antigels naturels et qui rendent sa chair extrêmement toxique, notamment pour l’homme, si consommée. En outre, ce « super-requin » est capable de ralentir son métabolisme, et se mettre en quasi-hibernation, tout en n’arrêtant jamais d’être en mouvement pour éviter de se refroidir. Le requin du Groenland nage ainsi extrêmement lentement, ce qui lui vaut le surnom de « paresseux des mers » ou de « dormeur de l’Atlantique ». Il n’en est pas pour autant inoffensif. Bien au contraire, sa lenteur lui permet d’être plus silencieux, plus discret et donc de ne pas alerter ses proies quand il s’approche. Côté régime alimentaire, le requin du Groenland est capable de manger tout ce qui lui « tombe sous la main ». Il mange en général des poissons voire des phoques, et des carcasses - c’est un charognard - mais il peut aussi s’attaquer à des proies plus ambitieuses. Ainsi, il n’est pas impossible de voir un requin s’attaquer à un ours polaire ou à un renne trop proche du bord de l’eau ou tombé à travers la glace. En théorie, un requin du Groenland pourrait potentiellement s’attaquer à un homme mais jamais aucune attaque envers l’homme n’a été reportée. Autre particularité de cette créature : elle est pratiquement aveugle. Cette cécité n’est pas génétique. Elle est due à des petits crustacés, des sortes de planton, les copépodes, qui vivent en symbiose avec l’animal, sur ses yeux. Ils sont bioluminescents, ce qui leur permet d’attirer des proies pour le requin, qui en échange les laisse manger ses yeux ! Enfin, le requin du Groenland est l’espèce animale ayant la longévité la plus importante au monde, juste après un mollusque, la praire d’Islande (507 ans). Les requins du Groenland pourraient en effet vivre jusqu’à quatre siècles et vivraient en moyenne 272 ans. Cet âge canonique a été découvert grâce à des analyses au carbone 14 effectuées sur les yeux de 28 femelles ayant été pêchées par accident. Selon cette étude, le plus vieux requin pêché aurait ainsi 392 ans, et aurait donc pu vivre au temps de Louis XIII. C’est notamment sa lenteur qui lui permettrait de se préserver et de vivre si longtemps. Un requin du Groenland fait environ 5 mètres mais grandit seulement de 0,5 à 1 cm par an, atteignant ainsi sa maturité sexuelle à l’âge de 150 ans. Mais cette lenteur est aussi un problème vu la faiblesse de leur population. En effet, bien qu’ayant une chair extrêmement toxique, ils sont chassés depuis le 19ème pour être mangés et pour fabriquer de l’huile de foie - les hommes ayant trouvé le moyen de rendre leur chair comestible, en la séchant notamment. Même si leur commercialisation a été interdite en 1960, cette pêche à outrance a eu un impact sur leur nombre, d’autant plus qu’ils continuent de se prendre accidentellement dans les chaluts et les filets de pêches. Une espèce à étudier et à protéger en somme !