
Entre estuaires majestueux, pertuis parsemés d’îles et vastes baies ouvertes sur l’Atlantique, le Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis s’impose comme l’une des plus grandes aires marines protégées de France. Ses 6 500 km2 de superficie couvrent trois départements, six estuaires et plus de 1 300 km de côtes. Une immensité fragile où chaque geste compte, qu’il s’agisse de naviguer, de jeter l’ancre, de plonger ou de pêcher. Ici, la réglementation n’est pas une contrainte : elle est le garant d’un équilibre entre loisirs nautiques et protection de la biodiversité.
Navigation : garder ses distances avec le vivant
Croiser un marsouin ou voir une colonie d’oiseaux en plein vol est un privilège rare, mais qui impose prudence et respect. La règle est simple : ne jamais approcher les mammifères marins à moins de 100 mètres et réduire sa vitesse pour limiter le bruit et les risques de collision. Dans les estuaires comme au large, les hélices peuvent blesser, un changement brutal de trajectoire peut faire fuir un dauphin ou déranger une tortue. Naviguer ici, c’est aussi contribuer : via la plateforme participative OBSenMER, chaque observation d’animal ou d’activité peut enrichir la connaissance scientifique du Parc.

Mouillage : les herbiers, des forêts sous-marines à préserver
Sous la surface, les herbiers de zostères jouent un rôle écologique majeur : nourricerie pour les poissons, garde-manger pour les oiseaux, protection contre l’érosion des côtes. Les ancres qui labourent ces zones fragiles les détruisent parfois en quelques secondes. Le Parc recommande donc de privilégier les coffres, les bouées ou le port, et de choisir un fond sableux si un mouillage forain est nécessaire. L’usage d’un orin, ce cordage relié à une bouée pour relever l’ancre, évite d’arracher la végétation marine. Des projets innovants, comme PLAIZPARC, développent d’ailleurs de nouveaux dispositifs de mouillage respectueux du milieu.

Vie à bord : limiter son impact au quotidien
À terre comme en mer, chaque déchet a des conséquences. Le plastique dérivant étouffe tortues et oiseaux, les produits chimiques de nettoyage fragilisent plantes et coquillages. Les ports du littoral disposent d’aires de carénage et de stations de pompage pour les eaux usées : des installations à utiliser systématiquement. Les produits labellisés et biodégradables sont à privilégier, tout comme les alternatives écologiques aux peintures anti-fouling traditionnelles. Quant aux eaux noires et grises, leur rejet est strictement interdit : elles doivent être vidangées dans les équipements prévus.
Plongée : voir sans toucher
Avec ses fonds variés ; bancs de maërl, herbiers, roches et épaves ; la zone attire plongeurs et apnéistes. Mais là encore, la discrétion est de mise : limiter le bruit, maîtriser sa flottabilité, éviter tout contact ou prélèvement, et surtout ne rien nourrir. Un carnet naturaliste, CROMIS, permet de consigner ses observations et de participer à la connaissance des espèces locales. Un projet spécifique, « Nudibranches des pertuis », encourage même à signaler ces minuscules limaces colorées, véritables indicateurs de la santé du milieu marin.

Pêche de loisir : un droit encadré
Avec des eaux riches en bars, daurades ou seiches, la zone est prisée des pêcheurs. Mais là encore, le respect de la réglementation est crucial. Chaque espèce a une taille minimale de capture, garante de sa reproduction. Certaines doivent être marquées d’une entaille sur la nageoire caudale pour éviter toute revente illégale. Le Parc distribue d’ailleurs une toise officielle et un guide pratique élaboré avec les associations de pêcheurs. L’esprit est clair : prélever pour sa consommation personnelle, jamais au-delà.

Le Parc naturel marin de la Gironde et de la mer des Pertuis n’est pas une simple carte bleue sur les guides nautiques. C’est une mosaïque d’écosystèmes où dauphins, tortues, oiseaux et poissons partagent l’espace avec des milliers de plaisanciers. Naviguer ici, c’est accepter de lever le pied, de jeter l’ancre avec précaution, de plonger les yeux grands ouverts mais les mains derrière le dos, et de pêcher sans excès. Autant de réflexes qui permettent de préserver un patrimoine marin unique, pour que l’Atlantique reste un espace de liberté... mais une liberté durable.
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.