Table Bay & False Bay : deux visages maritimes du Cap

Par Le Figaro Nautisme

À l’extrême sud de l’Afrique, Table Bay et False Bay offrent deux expériences de navigation très contrastées. L’une, ouverte et exposée, fait face à l’Atlantique au pied de la montagne de la Table ; l’autre, plus douce et protégée, longe les plages de la péninsule du Cap. Entre vents puissants, reliefs saisissants et faune marine exceptionnelle, ces deux baies racontent une autre façon de naviguer au bout du continent.

Table Bay : une baie historique, ouverte sur l’Atlantique

Table Bay est la baie emblématique de la ville du Cap. Abritée au pied de la montagne de la Table, elle est historiquement l’une des grandes portes d’entrée du continent africain. La baie est vaste, profonde et bien ouverte vers le nord-ouest. Elle est cependant fortement exposée aux vents du sud-est en été, souvent intenses, et aux dépressions de l’Atlantique sud en hiver.
Au fond de la baie, le port de Cape Town accueille aujourd’hui ferries, cargos, navires scientifiques, pêcheurs et bateaux de plaisance. Bien qu’il s’agisse d’un port commercial d’importance stratégique, plusieurs infrastructures (comme la V&A Waterfront) permettent l’accueil de yachts et de voiliers en transit. Le mouillage dans la baie reste très limité en dehors des installations portuaires, en raison des conditions météo, du trafic intense et des fonds inadaptés.
Table Bay reste un point de repère géographique et symbolique fort. Elle marque l’entrée dans la région du Cap et permet d’admirer, depuis le large, l’une des lignes de côtes les plus spectaculaires au monde : montagnes abruptes, longues plages de sable blanc, eaux profondes et lumière changeante selon les saisons.

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False Bay : une mer intérieure aux allures de refuge

Au sud-est du Cap, False Bay forme une vaste baie semi-circulaire, beaucoup plus protégée que sa voisine. Elle s’étend de Cape Point à Hangklip, et abrite des villes côtières comme Simon’s Town, Fish Hoek, Muizenberg ou Gordon’s Bay. Orientée vers le sud-est, elle est bien abritée des vents du nord-ouest et des fortes houles de l’Atlantique.
La baie est réputée pour ses conditions de mer plus clémentes, ce qui en fait un terrain de navigation privilégié pour les plaisanciers locaux. Les mouillages y sont plus faciles, les entrées simples, avec des zones de sable fin et de fond modéré. L’eau y est plus chaude, influencée par le courant des Aiguilles, qui remonte de l’océan Indien.
Simon’s Town, base navale et petite ville tranquille, est souvent considérée comme le meilleur point de départ pour explorer False Bay. La côte est bordée de criques accessibles, de longues plages, et même de colonies de manchots (comme à Boulders Beach). Par temps calme, la baie devient un immense miroir bleu, parfait pour les croisières à la journée ou les navigations côtières.

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Naviguer entre deux mondes : vent, relief et vigilance

Naviguer dans ces deux baies, c’est affronter des réalités météorologiques très différentes. Table Bay est spectaculaire mais souvent exposée, et les changements de temps y sont rapides. La montagne de la Table génère des effets de foehn locaux, et le célèbre Cape Doctor, vent du sud-est, peut souffler à plus de 30 nœuds pendant plusieurs jours d’affilée. La houle de l’Atlantique sud reste puissante, même par beau temps.
False Bay, plus protégée, permet une navigation plus sereine, notamment pour les sorties côtières ou les mouillages prolongés. Mais même là, prudence : la météo peut changer vite, et le trafic maritime n’est pas négligeable. L’entrée ou la sortie par Cape Point nécessite une lecture précise des cartes, des courants et des vents. En hiver austral, les coups de vent venus du sud-ouest sont fréquents, souvent violents.
Dans les deux baies, la faune marine est abondante. Il n’est pas rare de croiser des otaries, des dauphins, des baleines franches australes en saison, et une importante population de requins dans False Bay, bien connue des scientifiques et des plongeurs. La cohabitation avec cette biodiversité est bien intégrée dans les usages locaux, avec des zones réglementées et une approche respectueuse.

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Des paysages grandioses et une richesse naturelle protégée

Les deux baies offrent un contraste saisissant entre paysages montagneux, plages, zones urbaines et nature encore sauvage. Table Bay, avec ses plages infinies de Bloubergstrand ou Milnerton, permet d’observer la montagne de la Table depuis la mer avec une perspective unique. À terre, le littoral est habité, structuré, mais reste ponctué de réserves naturelles et de zones protégées.
False Bay, elle, est bordée par plusieurs zones sensibles : la réserve de Cape Point, le parc marin autour de Boulders Beach, les forêts côtières de Tokai ou les plages sauvages du sud de Muizenberg. Des programmes de surveillance des récifs, des espèces migratrices et des herbiers marins sont en place. La préservation de la biodiversité fait partie intégrante de l’écosystème local, dans une région où le tourisme, la pêche et la recherche scientifique se croisent.
La visibilité sous-marine est variable, mais certains secteurs sont propices au snorkeling ou à la plongée bouteille, notamment autour des épaves de la baie ou près des promontoires rocheux. Des clubs organisent régulièrement des sorties encadrées.

Naviguer entre Table Bay et False Bay, c’est passer d’un univers minéral et ouvert à une mer intérieure plus douce, plus accessible. C’est ressentir le souffle du Cap, dans toute sa grandeur, sa rudesse, mais aussi son équilibre. On y trouve peu de compromis : le vent est franc, la mer exigeante, la lumière absolue. Mais pour le navigateur qui accepte les règles du lieu, l’expérience est totale.
Ces deux baies ne sont pas des haltes faciles ; ce sont des zones à lire, à observer, à apprivoiser. Mais elles offrent quelque chose de rare : un lien direct entre l’océan et le continent africain, entre nature brute et présence humaine, entre les cartes marines et les lignes de crête. Dans cette pointe du monde, l’escale devient voyage, et chaque bordé porte en lui l’écho du large.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.