Les Channel Islands, ces îles secrètes coupées du monde

Par Le Figaro Nautisme

Face aux côtes californiennes, à quelques heures seulement de Los Angeles, s’étend un archipel sauvage que le tourisme de masse a oublié. Le parc national des Channel Islands, méconnu et isolé, abrite une nature intacte, des paysages marins d’une beauté brute et une faune unique au monde. Une Amérique restée hors du temps.

Un parc national à part

Aux États-Unis, certains noms résonnent comme des légendes : Yellowstone, Yosemite, Grand Canyon... Mais rares sont ceux qui connaissent Channel Islands National Park, pourtant l’un des plus fascinants du pays. Ici, pas de boutiques de souvenirs, pas de centre d’accueil climatisé, pas même un point de ravitaillement : rien que le vent, les falaises, les cris d’oiseaux et l’océan à perte de vue.
C’est ce qui fait toute sa singularité. Ce parc, composé de cinq îles principales - Anacapa, Santa Cruz, Santa Rosa, San Miguel et Santa Barbara - est resté à l’écart des circuits touristiques traditionnels. Il n’a pas été dompté. L’accès y est limité, la logistique complexe, et l’autonomie totale. Il faut venir préparé : eau, nourriture, orientation, équipement de survie... L’aventure y est réelle, parfois rude, toujours sincère.

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Cinq îles, cinq mondes

Les Channel Islands sont souvent décrites comme des fragments miniatures de ce que la Californie fut avant l’arrivée de l’homme. Chacune possède son caractère, son relief, son atmosphère. Anacapa, la plus proche du continent, dévoile ses falaises abruptes et ses arches de pierre surplombant un Pacifique bleu profond. Santa Cruz, la plus vaste, combine criques sauvages, canyons et forêts clairsemées où s’ébattent les renards nains, espèce endémique de l’archipel. Plus au large, Santa Rosa déroule d’immenses plages battues par les vents, tandis que San Miguel, exposée aux tempêtes, incarne la beauté brute et hostile du grand large. Enfin, Santa Barbara, la plus petite, abrite une biodiversité marine exceptionnelle.
Sur terre comme en mer, la vie foisonne. Les baleines bleues croisent les dauphins, les otaries se reposent sur les rochers, les aigles planent au-dessus des falaises, et les daims s’aventurent jusque sur les plages. Ici, les animaux n’ont pas peur : ils n’ont jamais été chassés. Cette absence de méfiance donne aux rencontres un caractère presque irréel, comme si l’homme n’était qu’un visiteur toléré.

Aventure grandeur nature

Sur les Channel Islands, la nature se découvre lentement, en acceptant ses règles. La randonnée reste la meilleure façon d’en apprécier la beauté : les sentiers serpentent entre falaises, plaines et criques isolées. Les panoramas d’Anacapa valent le détour, notamment à Cathedral Cove ou Pinniped Point, où la mer s’étend à perte de vue dans des reflets d’argent.
Les amateurs d’eau trouveront aussi leur bonheur. Le kayak de mer permet d’explorer les grottes marines creusées dans la roche volcanique, véritables cathédrales naturelles. La plongée sous-marine, réputée pour sa visibilité et sa richesse, dévoile forêts de kelp, étoiles de mer colorées, raies et bancs de poissons argentés. Pour les navigateurs, longer les côtes de ces îles désertes procure une sensation rare : celle de naviguer dans un monde oublié. Mais la liberté a un prix : sur ces îles, aucun service, aucune assistance. Les visiteurs doivent tout anticiper, de la météo à la gestion de l’eau potable. C’est la garantie d’une immersion totale dans un environnement resté presque vierge.

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Des conditions parfois extrêmes

Perdues dans le Pacifique, à une trentaine de kilomètres des côtes californiennes, les Channel Islands sont exposées à des conditions climatiques rudes. Le vent souffle fort, le brouillard peut tomber en quelques minutes, et la mer se transforme vite en piège pour les imprudents. La baignade est déconseillée : l’eau, froide et capricieuse, ne dépasse guère 17 °C.
Sur certaines îles, le camping est autorisé, mais sans aucun confort : ni abri, ni source d’eau, ni lumière artificielle. Seul le bruit de l’océan berce les nuits claires. Pour beaucoup, c’est cette rudesse qui fait tout le charme du lieu, l’impression de vivre une aventure authentique, loin des routes asphaltées et des foules.

Comment s’y rendre

L’accès aux Channel Islands se fait exclusivement par la mer ou par les airs. Des ferries réguliers partent de Ventura et Oxnard, à environ 1 h 30 de Los Angeles, selon la météo et l’état de la mer. Les départs varient selon les îles et les saisons. Il est aussi possible de rejoindre certaines îles par de petits avions affrétés, mais les rotations sont rares et soumises au vent.
Avant toute traversée, il est fortement recommandé de consulter les prévisions météo et les horaires de navigation, ainsi que de se renseigner auprès du Visitor Center de Ventura Harbor, point de départ officiel du parc national.

L’esprit des Channel Islands

Les Channel Islands ne sont pas un simple lieu à visiter, mais une expérience à vivre. Un retour à l’essentiel, où la nature fixe ses propres règles et où le temps reprend sa vraie mesure.
Entre océan, vent et silence, on y redécouvre le sens du mot "liberté". Loin des foules et des circuits balisés, ces îles rappellent qu’il existe encore, au large de la Californie, un territoire que l’homme n’a pas tout à fait conquis. Et c’est sans doute ce qui les rend si précieuses.

Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.