Les marins du navire argentin retenu depuis le 2 octobre dans un port du Ghana, à la suite d'un différend sur la dette de Buenos Aires, ont brandi leurs armes pour empêcher les autorités portuaires ghanéennes de changer le bateau de place, a-t-on appris dimanche de sources officielles.
Les autorités du port de Tema, près d'Accra, ont essayé jeudi de faire déplacer le Libertad, en application d'une décision de la justice ghanéenne, pour que le navire ne gêne pas les opérations commerciales en occupant un espace précieux à quai. Mais les marins se sont emparés de leurs fusils, contraignant les autorités à renoncer à faire déplacer le bateau.
Les marins "ont pointé leurs fusils vers nous et menacé de tirer si nous osions monter à bord", a déclaré le directeur du port de Tema, Jacob Kwabla Adorkor. "Ils ont retiré la passerelle, nous empêchant d'aller sur le bateau", a-t-il ajouté.
"Quand nous sommes arrivés, ils ont utilisé un tuyau d'arrosage pour nous asperger d'eau (...). Quand ils ont réalisé que nous utilisions d'autres voies pour monter à bord, ils ont sorti leurs fusils et se sont préparés à tirer", a également raconté Jacob Kwabla Adorkor.
Il a assuré que les autorités ghanéennes saisiraient lundi la justice pour outrage.
De son côté, le porte-parole du port, Lawrence Atumbine, a indiqué qu'à partir de lundi, le Libertad serait privé d'eau, d'électricité et de carburant. "Nous pensons que cela les forcera à nous permettre de déplacer le navire", a-t-il déclaré.
Selon le communiqué argentin, l'approvisionnement du Libertad en eau et en électricité a été interrompu durant l'incident de jeudi.
Les avocats des autorités argentines avaient fait valoir que déplacer le Libertad pouvait être dangereux, étant donné que le navire n'a plus qu'un équipage réduit, la plupart des quelque 280 marins ayant été évacués le mois dernier.
Une plainte du fonds d'investissement NML Capital Limited est à l'origine de la détention du Libertad. Ce fonds basé aux Iles Caïman, un paradis fiscal, réclame plus de 370 millions de dollars (283 millions d'euros) à l'Argentine, après avoir refusé des offres d'échange de titres de dette à deux reprises, en 2005 et 2010.
Buenos Aires refuse de donner suite à ces demandes.