
Au programme ? Des conditions changeantes et des passages avec du vent fort qui favoriseront le suspense. Les skippers sont attendus à Nice vendredi pour une grande fête populaire au fil de l’unique étape française de la course.
Les équipages sont unanimes depuis leur arrivée à Carthagène et répètent le même mot d’ordre : attention, tout reste à faire ! Chez Biotherm, leader avec sept points d’avance, la prudence est de mise. « On n’est pas encore à la mi-course, rien n’est fait », disait Paul Meilhat vendredi. « Il reste plus de la moitié des points à distribuer, c’est trop tôt pour penser à protéger notre position au classement », précise Sam Goodchild. Même constat chez la concurrence. « Avec un mois de navigation et trois étapes à disputer, c’est encore long avant le dénouement », sourit Yoann Richomme (Paprec Arkéa). « Il reste encore beaucoup de points à distribuer », disait aussi Franck Cammas (Holcim-PRB) sur les pontons.
« Des conditions très variées » au programme
Avant de se plonger à nouveau dans la compétition, l’escale à Carthagène a été marquée par la décision du jury international World Sailing, suite à la collision entre Holcim-PRB et Allagrande Mapei Racing à Kiel. À l’issue de leur délibération, Team Holcim-PRB a obtenu réparation : l’équipe aura l’équivalent de la moyenne des points qu’elle obtiendra sur les étapes de 2 à 5. Tous les skippers se sont retrouvés dimanche soir pour une soirée au cours de laquelle ils sont descendus au ponton afin de saluer l’arrivée de Team Amaala. Une belle illustration de l’ambiance qui règne entre les équipages depuis que la course a débuté il y a quinze jours !

Désormais, tous se projettent déjà sur la prochaine étape. Et pour la première fois depuis le départ, elle sera exclusivement disputée en Méditerranée. Corentin Horeau, skipper de Paprec Arkéa sur cette manche, explique : « on va normalement faire le tour des Baléares, les laisser à tribord, avant de filer vers la Corse, virer au nord de Giraglia et mettre le cap sur Nice ».
En somme, l’assurance d’avoir « des conditions très variées » avec « du près au début et peu de vent, quelques transitions à gérer et un peu plus de vent à la fin ». Christopher Pratt, qui fait partie de l’équipage de Canada Ocean Racing - Be Water Positive, complète : « nous serons sous l’influence d’une basse pression qui suit à peu près notre route jusqu’à Nice. On va commencer au près dans le nord du système avant qu’il nous passe sur la tête. Ensuite, nous devrions passer au portant alors que la fin de l’étape est plus incertaine. »

La Méditerranée, là « où le jeu est le plus ouvert »
Quoi qu’il en soit, la portion du parcours avec des conditions soutenues a le don de rendre enthousiaste l’ensemble de la flotte. « Quand on débarque en Méditerranée l’été, on se dit qu’on va surtout avoir de la molle ou des zones de transition, ce qui est parfois délicat et frustrant », confiait hier Morgan Lagravière (Allagrande Mapei Racing). Ce ne sera visiblement pas le cas en fin d’étape. On est plutôt contents de voir des zones de vent colorées sur la cartographie ! »
L’un des enjeux de l’étape sera donc de parvenir à tirer le meilleur des conditions, quelles qu’elles soient, ce qui n’a rien d’une évidence en Méditerranée. « Tout est possible et tout peut aller très vite », reconnaît Sam Goodchild (Biotherm). Le Britannique rappelle qu’à l’étape précédente, Paprec Arkéa est « resté bloqué pendant six heures dans une zone de molle alors qu’aucun fichier météo ne le prévoyait ! »

« C’est une mer difficile mais c’est passionnant, abonde Christopher Pratt. Avec la Méditerranée, tout est remis en cause à chaque pointe, à chaque baie... C’est l’endroit où le jeu est le plus ouvert ». Il s’en réjouit d’autant plus que « s’adapter est une des compétences essentielles pour un marin. Naviguer en environnement complexe et incertain est le propre de notre sport ». Corentin Horeau le résume à sa manière : « la Méditerranée est complexe, il y a des changements de vent, le vent peut rentrer vite mais c’est à nous de nous adapter ! »
Des équipages remodelés et une arrivée très attendue
Afin d’être performant et insuffler un vent de fraîcheur à bord, toutes les équipes ont procédé à des changements au sein des équipages. Chez Paprec Arkéa, Corentin Horeau prend la place de skipper n°1 alors que Yann Eliès et Gaston Morvan remplaceront Yoann Richomme et Pascal Bidégorry. Boris Herrmann et Francesca Clapcich feront leur retour à bord de Team Malizia, tout comme Scott Shawyer sur Canada Ocean Racing - Be Water Positive.
Benjamin Ferré fera ses débuts officiels sous les couleurs de Biotherm à la place de Jack Bouttell, tout comme la Britannique Abby Ehler (qui remplace Manon Peyre pour Allagrande Mapei Racing) et Carolijn Brower sous les couleurs de Team Holcim-PRB. Du côté de Team Amaala, Conrad Colman remplace Simon Koster et les jeunes Rebecca Gmuer et Joshua Schopfer feront leur baptême du feu dans une course IMOCA.
À l’issue de cette troisième étape, qui marquera la mi-course, tous pourront profiter des joies de Nice, l’unique escale française. « Je suis fier que l’on puisse montrer à la France l’ampleur du dispositif que The Ocean Race déploie », savoure Christopher Pratt. « C’est génial d’arriver à Nice, c’est un des joyaux de la côte française, conclut Corentin Horeau. On va tous essayer de faire une belle arrivée pour profiter de ces paysages magnifiques ! »