Les parties civiles dans l'affaire du naufrage inexpliqué du chalutier breton Bugaled Breizh vont déposer d'ici jeudi de nouvelles demandes d'actes, dont une commission rogatoire visant les États-Unis et une demande d'audition du ministre Jean-Yves Le Drian, pour éviter le non-lieu.
L'instruction du dossier a été clôturée le 3 juillet à Nantes, neuf ans après le drame du 15 janvier 2004 qui a coûté la vie à 5 marins. Les parties civiles ont jusqu'au 3 octobre pour faire des demandes d'actes complémentaires. Une fois ces demandes déposées, les juges en charge du dossier auront un mois pour répondre et s'ils n'y donnent pas suite, ce sera le non-lieu redouté par les parties civiles.
Leurs avocats défendent des thèses divergentes sur l'accident mais ils vont demander ensemble à ce que les parties civiles soient reçues par les juges nantais, ce qui n'a, selon eux, pas été le cas depuis le transfert du dossier de Quimper à Nantes en 2010, ont indiqué deux d'entre eux.
Me Dominique Tricaud, avocat de Thierry Le Métayer, fils de Georges Le Métayer, mécanicien du Bugaled, qui continue à défendre la thèse de la responsabilité d'un sous-marin britannique, demande une série de nouvelles auditions parmi lesquelles celle du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Il demande en outre l'audition de plusieurs commandants de sous-marins, français et britanniques, ainsi que de membres de l'équipage du sous-marin britannique Le Turbulent, selon des documents transmis. La thèse du sous-marin a néanmoins été écartée une première fois par les juges nantais en février 2013, les traces "infimes" de titane relevées sur les funes (câbles reliant le bateau à son chalut) n'étant "pas significatives de l'implication d'un sous-marin", selon une expertise.
Un autre avocat des familles des cinq marins décédés, MeChristian Bergot, soupçonne la responsabilité d'un sous-marin américain et va demander aux juges d'émettre une commission rogatoire adressée aux autorités américaines. Il s'agit de leur demander "si l'un ou l'autre de leurs sous-marins étaient sur zone" au moment du drame, a-t-il dit. Il s'agit, selon Me Bergot, de demander aux juges d'instruction, qui ont déjà interrogé la Marine américaine, d'interroger cette fois l'État américain, dont dépendait selon lui le submersible possiblement en cause au moments des faits.
En dépit de l'enquête du BEA Mer, qui a conclu en 2006 à un accident de mer, la responsabilité d'un sous-marin reste la thèse privilégiée par marins et avocats. Pour eux, le submersible aurait accroché les funes du Bugaled, l'entraînant brutalement par le fond.