
Il évoque surtout la façon dont Paul Meilhat a fédéré l’équipage et trouvé la bonne formule pour être performant en permanence. Malgré l’enthousiasme, Sam rappelle qu’il reste encore plus de la moitié de la course et démontre, déjà, à quel point toute l’équipe est concentrée pour la suite afin de ne pas relâcher la pression. Vous avez remporté le maximum de points possibles en deux étapes...
Comment l’avez-vous vécu de l’intérieur ?
"Nous avons abordé la course avec ambition mais on ne va pas le cacher : le bilan est beaucoup mieux qu’espéré ! On savait que l’on avait la capacité de faire quelque chose de bien mais pas autant... C’est génial !"
Pascal Bidégorry (Paprec Arkéa) assure que vous êtes « un cran au-dessus » depuis le début de la course...
"Je ne dirais pas ça. On a vu que Paprec Arkéa était très fort, que Holcim-PRB est également dans le match. En course au large, il y a des choix tactiques, des choix de voile : parfois ça marche comme prévu, parfois ce n’est pas le cas. Parfois tu enchaînes les décisions, parfois pas. Dans une course aussi longue, de nombreux éléments entrent aussi en compte : la gestion de la fatigue, la rotation des équipages... On est content de notre avance mais on est loin d’avoir gagné."
Est-ce qu’il y a une « méthode Paul Meilhat » qui explique vos performances ?
"Ce qui est exceptionnel avec Paul, c’est qu’il arrive à faire en sorte que toute l’équipe performe facilement, même avec peu d’entraînement au préalable. Il trouve toujours le bon dosage et le bon compromis : il sait quand on doit échanger des options, il sait quand il faut trancher. Il a cette capacité impressionnante à savoir où mettre l’énergie, sans jamais s’éparpiller et donc à être toujours très efficace dans son mode de fonctionnement. Et puis, il a constitué une équipe solide et solidaire à terre qui n’a pas connu que des choses faciles depuis la mise à l’eau de Biotherm (en 2022) mais qui leur a permis d’être toujours plus soudés".
À bord, Amélie Grassi disait qu’une « amitié était en train de se créer au sein de l’équipe ». Tu as la même impression ?
"Oui clairement. On se côtoyait sur les pontons mais on se connaissait peu avant. Le fait de gagner, ça engendre une dynamique constructive et positive. Et bien entendu, ça renforce les liens qui perdureront après la course."
Biotherm est davantage à l’aise dans le medium, le petit temps... Le parcours était-il avantageux jusque-là ?
"C’est sûr que le bateau est optimisé pour ce type de régate. On sait que les plans Verdier sont performants sur mer plate et c’est aussi le cas pour Holcim-PRB. D’ailleurs, ils étaient favoris avant le départ et pour moi ils le sont toujours. C’est clair qu’on a pu tirer notre épingle du jeu dans ces conditions, mais on a aussi vu que les deux plans Koch (Paprec Arkéa et Allagrande Mapei Racing) avaient profité du portant au large du Portugal pour revenir dans le match. Après, il n’y a pas que ça qui entre en ligne de compte. L’expérience de l’équipe technique, sa gestion des escales qui nous permet d’être frais à chaque étape, cela compte aussi. En course au large, la réussite s’explique toujours par de multiples facteurs."
Toute la suite de la compétition se déroule en Méditerranée où les conditions peuvent être très changeantes. Comment s’y adapte-t-on ?
"C’est clair que cela rajoute un niveau de stress supplémentaire. On n'étudie plus les fichiers météo comme dans l’océan Atlantique ou la mer du Nord. On a vu plein de fois des bateaux en tête dans la baie avant l’arrivée qui se faisait doubler par toute la flotte ! Paprec Arkéa est d’ailleurs resté bloqué pendant six heures dans une zone de molle alors qu’aucun fichier météo ne le prévoyait ! Tout est toujours possible et cela peut aller très vite. Il va falloir être solide et le plus zen possible."
Le fait d’aborder la suite en étant leader, cela aide justement à être plus serein ?
"On est trop tôt dans la course pour penser à protéger notre position au classement. Nous ne sommes pas encore à la mi-course, il reste plus de la moitié des points à distribuer. On peut vite se faire des nœuds au cerveau inutilement. À nous de prendre les étapes les unes après les autres."
À quel scénario peut-on s’attendre lors de l’étape de Nice ?
"Pour l’instant, il est encore un peu trop tôt pour se prononcer. Nous avons appris que l’organisateur allait prolonger le parcours afin que l’on puisse arriver vendredi. A priori, il y a une dépression qui circule donc on pourrait avoir pas mal de vent au fil du parcours mais cela reste à affiner."
Plus globalement, après deux étapes, est-ce que tu apprécies ce format de course ?
"Moi, j’adore la nouveauté. Le fait de faire partie d’un équipage avec Paul, Jack et Amélie, réfléchir ensemble, comprendre leur façon de fonctionner, s’enrichir des autres... Je n’ai pas besoin d’être skipper n°1 pour m’amuser sur une course ! Déjà parce que je dors mieux (rire) mais aussi parce que c’est passionnant de découvrir de nouvelles manières de faire. Et puis ces étapes très courtes, très intenses, c’est vraiment agréable. Et ce n’est pas fini !"