Le ferry de la SNCM Napoléon Bonaparte qui avait pris l'eau en octobre 2012 dans le port de Marseille lors d'un violent coup de vent s'était échoué en raison de "conditions météo inhabituelles" et de facteurs techniques aggravés par un manque de personnel, selon le rapport d'enquête du BEAMer.
"Les conditions météo inhabituelles, bien que prévues en intensité (force du vent), sont à l'origine de l'événement", écrivent les experts dans un rapport évoquant des vents "exceptionnels" par leur orientation" et leur "durée". Mais ils constatent également que "la rupture complète de l'amarrage du Napoléon Bonaparte est due au cumul" de plusieurs "facteurs structurels" qui ont été "déterminants".
Ils évoquent notamment "des tensions inégales entre les amarres", une digue trop exposée au vent et "l'absence de procédure permettant la mobilisation d'un équipage restreint en cas d'alerte météo pour une période minimale d'urgence".
L'annonce du coup de vent, un Mistral de force 7 à 9 avec des rafales avait été faite le 27 octobre à 8H00 du matin. Comme prévu par les règlements, étaient à bord, en cette période d'hivernage, un officer mécanicien et deux assistants. Un cadre de la SNCM étant par ailleurs d'astreinte. Rentré chez lui dans la soirée, l'officier, alerté par le gardien était revenu sur le bateau peu avant 22H00 lorsque la situation se dégradait, deux amarres et un câble s'étant cassés.
Selon le rapport, un pilote maritime avait conseillé de reprendre les amarres avec deux lamaneurs (hommes chargés de l'amarrage des bateaux) qui se trouvaient sur les quais. Trop risquée pour les lamaneurs, a jugé l'officier, ce que confirment les experts en raison de l'absence de personnel qualifié pour encadrer l'équipe. La SNCM "a eu des difficultés à mobiliser un équipage restreint, ayant les compétences clés (...) pour faire face à cette situation d'urgence", notent-ils.
Les autres amarres ont fini par céder, le vent continuant de se renforcer. Le rapport souligne cependant qu'il n'a pas pour but "d"établir ou attribuer des fautes à caractère pénal ou encore à évaluer des responsabilités (...) à caractère civil", son "seul objectif" étant "d'en tirer des enseignements susceptibles de prévenir de futurs sinistres du même type". Parmi les recommandations des experts : "renforcer les dispositions permettant à un navire en hivernage de faire face à une situation dégradée prévisible".