
Après avoir quitté Lorient le 1er juin, la Tara Polar Station a rejoint le Grand Nord pour évaluer ses performances dans l’environnement extrême pour lequel elle a été conçue. Après une escale à Tromsø, puis à Longyearbyen au Svalbard, la station a rejoint le Polarstern, navire scientifique de l’Alfred-Wegener-Institut, pour s’insérer dans la banquise. Le 7 juillet, le navire s’est laissé emprisonner par les glaces, amorçant une dérive de quatre semaines.
Un laboratoire en immersion totale
À bord, onze personnes, marins, scientifiques, médecin, artiste et journaliste, ont testé la station dans toutes ses dimensions : installation sur la glace, ouverture de la moon pool pour déployer les instruments, production d’énergie, gestion des déchets, procédures de sécurité et même plongées sous la coque. Les conditions ont été à la hauteur du défi : météo changeante, glace instable, et la présence d’ours polaires, véritables sentinelles de l’Arctique.
« Les tests sont globalement très positifs », souligne le capitaine Martin Hertau. « Il y a encore des optimisations à apporter, ce qui est normal pour un prototype, mais le navire a montré d’excellentes capacités, notamment dans la glace. »

Un jalon vers Tara Polaris I
Cette première dérive n’avait pas pour but de collecter des données scientifiques massives, mais de valider l’architecture, la logistique et le fonctionnement du navire avant la grande mission Tara Polaris I, prévue en 2026. Cette expédition de longue durée aura pour objectif d’étudier l’océan Central Arctique, une zone où le climat se réchauffe trois à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.
La Tara Polar Station poursuit désormais sa route vers le sud de Shannon Island, à l’Est du Groenland, avant de rejoindre l’Islande pour l’Arctic Circle, grand rendez-vous international dédié à l’avenir de l’Arctique. En fin d’année, une nouvelle série de tests sera menée en Finlande, cette fois dans des conditions d’hivernage.
Un défi technique, humain et financier
Ce projet est un condensé de défis : concevoir un navire capable de résister à la dérive polaire, vivre et travailler dans un environnement isolé, tout en garantissant la sécurité et l’efficacité des opérations scientifiques. La Fondation Tara Océan, qui porte cette initiative, recherche encore des financements pour assurer le déploiement opérationnel complet.

La réussite de cette dérive test confirme que la Tara Polar Station est prête à relever le défi de l’exploration arctique. En 2026, elle entamera la mission Tara Polaris I avec l’ambition de contribuer à une meilleure compréhension des impacts du changement climatique dans l’une des régions les plus vulnérables de la planète.