Le directeur général délégué de l'Ifremer, Patrick Vincent, a estimé que les données étaient insuffisantes pour conclure à la durabilité de la pêche profonde, prenant ainsi des distances avec la position de cet organisme affichée en 2012, relève mercredi l'ONG Bloom.
Lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale, organisée à deux semaines d'un vote sur le sujet au Parlement européen, M. Vincent a souhaité s'expliquer sur un texte "que tout le monde cite". "Dans ce papier, on lit que trois espèces sont au rendement maximum durable : doit-on conclure qu'il y a durabilité ?", a-t-il interrogé. "Cela veut simplement dire que pour certains stocks, l'exercice a été conduit de façon maximale" et "pour les autres stocks, nous avons un défaut de connaissance qui ne permet pas de porter les mêmes conclusions", a-t-il dit.
"En résumé, sur certains stocks, il y a durabilité, sur d'autres stocks, la connaissance est insuffisante", a-t-il ajouté. Ce texte "avait une intention pédagogique (...) avec des raccourcis, et probablement trop de raccourcis" et il n'était pas "scientifiquement suffisamment précis", a-t-il fait valoir.
L'ONG Bloom, qui milite pour un plus stricte encadrement de la pêche profonde, a estimé mercredi dans un communiqué que le directeur général délégué de l'Ifremer avait "mis fin à une imposture scientifique française (...) en réfutant l'imaginaire durabilité des pêches profondes au chalut". L'association considère qu'à 15 jours du vote en plénière au Parlement européen, l'Ifremer "retire la maigre caution scientifique aux lobbies de la pêche profonde".