Les navires français vont pouvoir embarquer des gardes armés privés afin de lutter contre la piraterie, a annoncé mardi le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, une mesure déjà prise par certains pays étrangers et réclamée par les armateurs en France.
"La piraterie maritime constitue une menace majeure sur le commerce maritime international et la sécurité des approvisionnements", a assuré M. Ayrault, au premier jour des assises de l'économie maritime et du littoral à Montpellier, rappelant les perspectives de développement "considérables" dans le domaine maritime. "Assurer la sécurité du transport maritime revêt donc un enjeu économique considérable pour les armateurs français", a estimé le Premier ministre. "C'est pourquoi nous avons décidé d'autoriser le recours à des équipes privées en complément des équipes embarquées mises à disposition par la Marine nationale", a-t-il annoncé, alors que les actes de piraterie ont connu un essor considérable en quinze ans dans le monde.
Le Comité interministériel de la mer (CIMer), réuni lundi à Paris, a validé ce projet qui vient d'être transmis au Conseil d'Etat, a expliqué M. Ayrault. Il sera ensuite présenté en Conseil des ministres avant sa transmission au Parlement, a-t-il ajouté, assurant que la mesure allait être mise en oeuvre "sans attendre".
Depuis 2008, les armateurs de navires français bénéficient de la protection de la Marine nationale pour prévenir les risques d'attaques pirates, mais ne sont pas autorisés à embarquer des gardes armés, contrairement à de nombreux autres pays, comme la Grande-Bretagne, l'Espagne, le Danemark ou la Norvège. Face à cette situation, ils réclamaient de pouvoir recourir eux aussi à des équipes privées, après avoir adopté certaines mesures de sécurité à bord comme l'installation de fils barbelés, de canons à eau ou sonores, ou encore avoir augmenté la vitesse de leurs navires dans les zones dangereuses.
"Nous sommes très satisfaits de cette mesure que nous attendions depuis presque deux ans", s'est félicité Eric Banel, délégué général d'Armateurs de France, disant souhaiter maintenant que le projet de loi soit rapidement déposé au parlement. "Il faut que ça aille vite".
Selon l'organisation professionnelle, "les entreprises françaises perdent des marchés, faute de pouvoir garantir en continu la protection des navires, des équipages et de leurs cargaisons". M. Banel a assuré qu'entre un quart et un tiers des navires français ne bénéficiaient pas d'une protection militaire, faute de disponibilité ou de délais de déploiements sur zone trop longs.