Si les États-Unis subissent une vague de froid historique, l’Europe bat des records de douceur. En France, les températures se situent depuis un mois largement au-dessus des normales de saison avec un excédent de 5 à 10°C.
Une même origine mais deux effets contraires. La dépression qui glace les Etats-Unis a généré des vents de sud-ouest, tempérés par leur traversée océanique, sur la majeure partie du continent européen. En météo « rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme » : après avoir refroidi l’Amérique, l’air glacial s’évacue vers l’Atlantique et provoque un conflit de masses d’air avec la douceur humide de l’océan. Une dépression toute neuve apporte alors en Europe un temps anormalement perturbé et humide, balayé par des coups de vent à répétition, et un mercure bloqué à des niveaux presque printaniers. Ainsi, la température minimale enregistrée la nuit dernière à Biarritz, dans les Pyrénées Atlantiques, est de 18,2°C. « Nous sommes à 1,4°C du précédent record pour un mois de janvier : 16,8°C en 1991, observe Pierre Huat, prévisionniste pour Météo Consult. Cette température minimum exceptionnelle correspond même au record de température maximale pour un 9 janvier, enregistré en 2005. » Et grâce à un effet de foehn sur les Pyrénées, c’est toute la côte basque qui profite d’un air très doux avec 18,3°C ce jeudi à la Pointe de Socoa, 16,9°C à Capbreton et même 19°C à Bustince dans l’intérieur des terres. Sur l’ensemble de l’hexagone, cette vague de douceur est remarquable aussi bien par sa durée que par son intensité avec des valeurs supérieures de 5 à 10°C aux normes de saison depuis un mois.
La neige repoussée à l’est de Moscou
Difficile dans ces conditions de retrouver un tapis blanc de carte postale : il ne gèle pas en-dessous de 2.000 mètres la nuit dans nos massifs, à l’exception des vallées les plus abritées des Alpes. Même chose pour nos voisins nordiques dont les capitales n’ont pas vu la neige ou le verglas depuis début décembre. Oslo a ainsi vécu son Noël le plus doux jamais enregistré depuis les premières mesures météorologiques en 1973. Le Père Noël a également eu chaud au Danemark avec une température maximale de 11,6°C le 24 décembre. Le dernier mois de 2013 a été l’un des plus doux de ces cent dernières années dans les pays nordiques. "L’Europe devrait toutefois renouer dans les prochains jours avec des températures plus conformes aux normales de saison, annonce Pierre Huat. Le week-end prochain, nous attendons des valeurs qui s'échelonneront de 6°C dans le nord est à une douzaine de degrés au bord de la Méditerranée." A mesure que les températures remonteront en Amérique du Nord, elles baisseront donc en Europe. Ce changement de temps devrait être marquant à partir du 15 janvier avec la remontée des pressions sur la Scandinavie et donc une arrivée d'air sec et froid qui freinerait la progression des perturbations douces et humides venues de l'ouest.