Le climat joue sur les océans

Par AFP/Figaro Nautisme

Face au réchauffement climatique, déjà perceptible sur les côtes françaises, certaines pêcheries aujourd'hui gagnantes risquent de perdre demain en variétés et en disponibilité, selon les experts.

Face au réchauffement climatique, déjà perceptible sur les côtes françaises, certaines pêcheries aujourd'hui gagnantes risquent de perdre demain en variétés et en disponibilité, selon les experts.

Au large de la Normandie ou dans le Golfe de Gascogne, les patrons pêcheurs ont déjà noté les changements, la présence de nouveaux venus comme le rouget-barbet en Manche depuis une dizaine d'années, d'autres plus ponctuels comme les hippocampes à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).


Des constats qui illustrent les conclusions du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC, mandaté par l'ONU) dans son dernier rapport publié la semaine dernière. Dans ce document, l'organisme prévient que les effets du réchauffement devraient aller crescendo dans les prochaines décennies, affectant en priorité les eaux tropicales et polaires sans épargner les plus tempérées. Si l'atmosphère se réchauffe (+1,5°C en France en un siècle) les océans suivent. Les masses marines européennes ont déjà gagné un degré en 30 ans, souligne Sandrine Vaz chercheuse à l'Ifremer, spécialiste des Ressources halieutiques. En conséquence, explique Jean-François Soussana, chercheur à l'INRA et co-auteur du GIEC, "on assiste à un changement de distribution des aires de répartition des poissons, les espèces remontent à des latitudes plus élevées".


"Depuis dix ans, les pêcheurs constatent une migration des poissons (...) cela bouleverse les équilibres", explique Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches. Ainsi, il faut désormais pousser jusqu'à 200 km des côtes pour trouver du thon blanc, qui nageait auparavant à seulement 50 km du littoral, assure M. Carré. A l'inverse "on trouve aujourd'hui du rouget barbet à Boulogne-sur-Mer", explique-t-il, alors que ce poisson se pêchait traditionnellement dans le golfe de Gascogne et en Bretagne-Sud. Ce que confirme Mme Vaz.
Même chose pour le bar qui, remonté le long du Golfe de Gascogne, "va maintenant au-delà de Cherbourg", poursuit-il. Quant au cabillaud, poisson d'eau froide chouchou des consommateurs français, on remarque "une remontée très nette vers la Norvège".
On note aussi l'arrivée du maigre, un poisson "à forte valeur marchande" péché auparavant au large de l'Afrique, ces déplacements constituent une bonne nouvelle, estime M. Carré. Comme la prolifération de crabes et de homards, en "augmentation de 20% depuis 4 à 5 ans".
 

Réduction de la taille des poissons 

 

Selon le Giec, les pays tempérés verraient dans un premier temps les rendements des pêcheries augmenter de 30 à 70% d'ici à 2055 quand celles des pays tropicaux chuteraient de 40%. "Pour le moment on ne voit pas encore vraiment de perdants et on a même des gagnants", reprend Sandrine Vaz. "En revanche si on extrapole sur ces tendances, va se poser la question des limites des déplacements notamment au sud".

"Le risque principal du réchauffement pour les pêcheries est la fragilisation de la plupart d'entre elles du fait de la surexploitation des ressources", juge Mme Vaz. "Des changements environnementaux auraient pu être encaissés sur des populations (de poissons, NDLR) en bon état, mais quand on additionne, on a des situations de grande fragilité".

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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