
Quand la pagaie rencontre la technologie
Le principe est simple : intégrer un moteur électrique compact, souvent placé sous la coque ou à l’arrière, qui prend le relais lorsque les conditions deviennent difficiles ou que la fatigue s’installe. La plupart fonctionnent sur batterie lithium rechargeable, avec une autonomie moyenne de 2 à 6 heures selon la puissance et l’utilisation. Cela permet d’aller plus loin, de tenir un cap contre le vent ou le courant, ou de naviguer sans effort pendant une journée entière.
Certaines marques vont encore plus loin en combinant différents systèmes. Hobie a popularisé ses kayaks à pédalier Mirage Drive, très efficaces pour avancer sans pagaie, et qui peuvent recevoir en option un kit électrique. De son côté, Old Town frappe fort avec son Sportsman AutoPilot 120, directement équipé d’un moteur Minn Kota pilotable à la télécommande. Chez Bic Sport (aujourd’hui Tahe Outdoors), on trouve aussi des modèles compatibles avec des pods électriques amovibles.
Liberté accrue... mais à quel prix ?
L’intérêt saute aux yeux pour les pêcheurs. Pouvoir remonter un courant sans transpirer, se déplacer rapidement d’un spot à l’autre ou maintenir sa position grâce au GPS intégré de certains moteurs change totalement la partie. C’est aussi un vrai plus pour les explorateurs qui veulent parcourir des lacs ou des côtes sans limite physique, ou encore pour ceux qui pratiquent en duo avec des niveaux sportifs différents.
En revanche, tout n’est pas idyllique. Le charme du kayak traditionnel réside aussi dans le silence absolu et le geste fluide de la pagaie. Avec un moteur, même discret, on ajoute du bruit, du poids et une certaine dépendance à la batterie. Un kayak électrique pèse souvent plus de 40 kg à manipuler hors de l’eau, ce qui complique la mise à l’eau en solo. Et en cas de panne ou de batterie vide, il faut tout de même savoir pagayer correctement.
Combien faut-il prévoir ?
C’est là que la différence se creuse. Un kayak classique de bonne qualité coûte entre 600 et 1 200 €, selon la taille et les finitions. Les modèles haut de gamme pour la mer ou la pêche peuvent monter à 1 800 €.
À l’opposé, les kayaks à assistance ou propulsion démarrent autour de 2 000 à 3 000 €, sans compter les accessoires. Le Sportsman AutoPilot 120 d’Old Town s’affiche autour de 4 500 €, tandis que les modèles premium de Hobie dépassent facilement les 5 000 € avec moteur et batterie. À cela s’ajoute l’entretien, le remplacement de la batterie au bout de quelques années et, dans certains cas, le transport plus contraignant.
Gadget ou vrai plus ?
Tout dépend du profil. Un pratiquant occasionnel qui aime flâner sur un lac ou longer une côte ne verra pas l’intérêt de mettre autant d’argent, d’autant que l’essence du kayak reste la liberté et la simplicité. Mais pour les passionnés de pêche, les amateurs de longues distances ou ceux qui veulent profiter de l’eau sans la contrainte physique, l’investissement peut totalement transformer l’expérience.
Comme pour le vélo électrique, deux mondes cohabitent désormais : les puristes qui ne jurent que par la pagaie et les adeptes du « coup de pouce » technologique. Et il y a fort à parier que dans quelques années, les kayaks électriques se démocratiseront, avec des prix plus accessibles et des modèles plus légers. En attendant, c’est un choix assumé, entre passion et confort.