La France ne compte pour l'heure aucune éolienne en mer mais tente de combler son important retard en misant sur l'innovation, comme la construction d'une éolienne flottante, une première européenne confirmée mercredi à Biarritz lors du salon Seanergy dédié aux énergies marines renouvelables.
D'une puissance de 2 mégawatts (MW), cette éolienne baptisée "Floatgen" sera installée au large des côtes du Croisic (Loire-Atlantique). L'eau y est profonde de 33 mètres, mais contrairement aux éoliennes marines ailleurs dans le monde, ce premier exemplaire français ne reposera pas sur les fonds marins : il flottera à la surface de la mer.
"Nous installons notre première éolienne quand il y en a déjà 3.000 en mer du Nord. Nous avons un certain retard que nous souhaitons combler en essayant d'être un leader mondial sur l'éolien flottant", résume Paul de la Guérivière, fondateur et PDG d'Ideol, PME implantée à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) qui coordonne le projet Floatgen.
Après trois ans d'études, les différents éléments pour le montage seront réceptionnés à Saint-Nazaire la semaine prochaine pour une mise en service prévue mi-2017. Il offre, selon son promoteur, une solution économique à l'exploitation des énergies éoliennes offshore.
"Cette technologie permet en effet de contourner les contraintes de profondeur. Là où les éoliennes posées sur les fonds marins étaient limitées à des profondeurs maximales de 40 mètres, nous pouvons aller dans d'autres zones, plus loin des côtes, pour augmenter les rendements, mais aussi limiter l'impact sur les paysages et les usagers de la mer", expose fièrement Paul de la Guérivière.
Associée à Bouygues Travaux Publics pour ce projet de 18 millions d'euros financé par des investisseurs privés et publics (Ademe, Banque publique d'investissement, fonds européens), Ideol a aussi répondu à un appel à projets pour quatre parcs pilotes, dont trois en Méditerranée et un au large de la Bretagne.
La PME française s'active aussi à l'étranger. "Nous avons signé un gros contrat au Japon pour y installer deux démonstrateurs", indique le PDG, "l'idée étant de poursuivre notre apprentissage avant de se lancer à grande échelle".
Même prudence du côté de l'entreprise Sabella, pionnière de l'exploitation de l'énergie hydrolienne en France. A la fin 2015, cette start-up bretonne a inauguré au large de l'île d'Ouessant la première hydrolienne (1 MW) produisant de l'électricité en France.
"On étudie à travers cette expérience l'impact environnemental et les rendements de cette filière pas encore mature. On ne va pas débarquer avec 500 hydroliennes d'un coup, mais la France rattrape son retard", assure Diane Dhomé, chef de projet dans cette PME d'une quinzaine de salariés. Dans la foulée de Sabella, le leader mondial du naval de défense DCNS a depuis immergé deux hydroliennes au large de Paimpol (Côtes-d'Armor).
"Cette année a été très riche pour le développement des énergies marines renouvelables", estime Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) lors des 3èmes assises nationales du secteur, qui se sont tenues mardi à Biarritz à la veille du salon Seanergy, tout en appelant à "accélérer cette dynamique".
Pour atteindre les objectifs de la loi de transition énergétique fixant à 32% la part d'énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030, le SER propose que les énergies marines produisent 15.000 MW à cette date.
En Europe, les éoliennes en mer produisaient en 2014 un total de 8 gigawatts, uniquement issus des technologies "posées" sur les fonds marins. La France, qui en est encore totalement dépourvue, mise aussi sur une nouvelle dynamique politique pour combler ses retards.
Fin avril, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal a nettement revu à la hausse les ambitions de son ministère pour la filière : les objectifs de production à l'horizon 2023 ont été portés à 6.000 MW pour l'éolien offshore et à 2.000 MW pour l'éolien flottant et l'hydrolien.